Par Abdelhamid GMATI Violences, troubles et gabegie à la suite de l'arrestation, mercredi dernier, à son domicile, de Imed Dghij, président de l'association «Hommes de la révolution du Kram», relevant des Ligues de protection de la révolution (LPR). Ses partisans se sont opposés violemment aux forces de police, entraînant l'arrestation de plusieurs parmi eux ; puis, vendredi, une centaine d'entre eux ont récidivé à La Kasbah dans une manifestation non autorisée. Ils appellent même à une deuxième révolution. Rien que ça. On rappelle que le pseudo-révolutionnaire Imed Dghij travaillait pour Imed Trabelsi et tenait un dépôt clandestin de vente de vin à Bhar Lazreg (Sidi Daoud). Depuis deux ans, il s'illustre par ses discours haineux et ses appels à la violence, au meurtre et au lynchage, prenant pour cibles les forces de l'ordre, les magistrats, les journalistes, les opposants politiques. «Nous ne mourrons pas avant de vous avoir éradiqués», a-t-il lancé aux forces de l'ordre et aux magistrats lors de sa dernière diatribe, mercredi. Il traîne plusieurs affaires en justice pour ses déclarations haineuses. Son arrestation a été ordonnée par le procureur de la République. Rappelons que ces ligues autoproclamées de protection de la révolution sont essentiellement constituées de voyous et repris de justice ayant travaillé pour l'ancien régime. Ils sont impliqués dans plusieurs actions violentes : le 18 octobre 2012, lorsque Lotfi Naghd, représentant du part Nida Tounès à Tataouine, est assassiné durant l'attaque des LPR ; le 4 décembre 2012, attaque des LPR contre les syndicalistes de l'Ugtt; le 22 décembre 2012, attaque d'un meeting de Nida Tounès à Djerba; le 25 février 2013, arrestation de 4 complices du meurtrier de Chokri Belaïd dont deux sont membres des LPR. De nombreux partis et associations n'ont cessé d'appeler à la dissolution de ces milices. Cette revendication figure du reste dans la feuille de route. Les deux gouvernements de la Troïka ont fait la sourde oreille. Mieux : le gourou d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, qui ne cesse de les défendre, les a même surnommées « conscience de la révolution ». Les plus hautes instances d'Ennahdha ont appelé à la libération et à la réhabilitation des personnes arrêtées il y a quelques mois à Tataouine à la suite du « lynchage » du militant de Nida Tounès. Et jeudi dernier, une délégation de 25 députés d'Ennahdha, du Congrès pour la République (CPR) et du parti Wafa, présidée par la nahdhaouie Meherzia Laâbidi, vice-présidente de l'Assemblée nationale constituante (ANC), a rencontré le ministre de l'Intérieur Lotfi Ben Jeddou pour lui demander de libérer Imed Dghij. D'autres députés, comme Béchir Nefzi (CPR) et Abderraouf Ayadi (Wafa), ont pris fait et cause pour ce Dghij. De même que Rafik Abdessalem, nahdhaoui, ex-ministre des Affaires étrangères, et l'avocate Imène Triki, présidente de l'association Hourria Wa Insaf (Liberté et Equité), proche des milieux salafistes jihadistes. Heureusement, certains députés sauvent l'honneur en critiquant la démarche de leurs collègues. Comme Iyadh Dahmani qui a exprimé son étonnement quant à ce comportement et à la composition de cette délégation conduite par la présidence de l'Assemblée, et ce, sans consultation préalable avec le reste des élus. Iyadh Dahmani « s'est interrogé sur l'absence de l'ANC lors des agressions à la chevrotine contre les habitants de Siliana, lors des agressions contre les manifestants à l'avenue Bourguiba le 9 avril 2012 et après les deux assassinats politiques. Le député, tout en fustigeant cette démarche unilatérale, a demande à la présidence de l'ANC de présenter des excuses pour cette entorse, inacceptable, aux règles de bienséance devant régir l'action et les travaux de l'Assemblée dont la présidence a démontré, une nouvelle fois, qu'elle se comporte en tant que parti politique et non pas en tant que présidence de tous les élus ». Les internautes islamistes, eux, se sont attaqués au gouvernement Mehdi Jomâa, qualifié de «Sissi tunisien», et ont appelé «les révolutionnaires» à «sortir protester contre Mehdi Jomâa, Kamel Letaïf, Amel Karboul, Béji Caïd Essebsi et tous les Rcdistes et destouriens».Il y a lieu de s'interroger sur les raisons de ce brouhaha et de ces protestations, surtout de la part de députés supposés être protecteurs de la loi. Les policiers n'ont fait que leur travail et s'il y a eu usage de la force, ils en ont le droit en réponse aux attaques commises contre eux. Dghij a enfreint la loi en appelant à la violence et au meurtre et est passible de quelques années de prison. Alors, pourquoi ? Craint-on ses dires et ses révélations lors de son interrogatoire par le juge d'instruction ? Hier, on n'osait pas dénoncer les parrains et les financiers de ces ligues. Par manque de preuves. Aujourd'hui, on a l'impression qu'il y a des aveux spontanés et qu'on a réponse à cette question.