Aujourd'hui, le nombre de journalistes femmes est supérieur, sinon égal à celui des hommes. La femme a investi, depuis quelques années, tous les secteurs professionnels et n'a rien à envier à l'homme. Cependant, s'il demeure vrai que ce bond en avant est assez remarquable, il n'en demeure pas moins vrai que l'image de la femme dans les médias reste stéréotypée. Les magazines en particulier regorgent d'images de femmes souvent fatales maquillées à outrance et arborant des tenues aguichantes. L'image de la femme dans les médias ne reflète aucunement sa grande contribution aux profondes mutations qu'a connues le pays. Et bien qu'elle soit passée de la ménagère à la manager, l'image de la femme telle que véhiculée dans les médias est toujours réductrice et peu reluisante. Cependant, on ne peut pas nier que des progrès ont été accomplis au niveau de la représentation médiatique de la femme. Après la révolution, les images de la femme ont atteint leur paroxysme dans les réseaux sociaux et même dans les supports papiers : quotidiens et magazines. Celles qui étaient autrefois absentes du paysage médiatique prennent les devants de la scène à l'instar d'une Amina, représentante des Femen, La poitrine dénudée et son contre-exemple, le femme niqabée. Deux figures de femmes qui n'avaient pas droit de cité il y a peu. De l'érotisation des femmes, on est passé à la chosification, ce qui relève encore des stéréotypes négatifs derrière lesquels se cachent des intérêts soit économiques soit politiques. Faible présence Le rapport sur l'image de la femme dans les médias élaboré par le groupe arabe d'observation des médias, la coalition pour les femmes de Tunisie et le conseil national des libertés présenté récemment au cours d'une rencontre à Tunis, a relevé la faible présence de la femme dans les médias véhiculant, généralement, une image stéréotypée de la femme qui ne reflète pas la véritable place qu'elle occupe dans la société. Hamida Al Bour, enseignante à l'Institut de presse et des sciences de l'information (IPSI) et spécialisée dans la question, confirme l'idée que «l'image de la femme dans les médias n'a pas changé après la révolution tunisienne et que la participation de la femme à la vie publique et aux tribunes de dialogue sur les dossiers importants est restée l'apanage de la gent masculine». En effet, dans les médias audiovisuels, les femmes sont toujours sous-représentées ou mal représentées sur les plateaux de télévision. Elles ne disposent guère d'un temps de parole équitable et dans certains cas, elles font partie uniquement du décor. La faible participation des femmes aux émissions de débats télévisés autour des questions politiques est due aux partis qui proposent presque toujours des noms masculins. Les femmes sont donc toujours moins présentes dans le contenu et dans l'expression ou le temps de parole. Dans le même sens, les femmes ne sont toujours pas invitées dans les médias pour s'exprimer en tant qu'expertes. Leur avis d'expertes est encore moins sollicité lorsqu'il s'agit de parler d'économie ou de politique internationale par exemple, des domaines considérés comme étant exclusivement masculins. Les femmes sont généralement exclues de ces débats et sont juste appelées à donner leur point de vue sur des questions liées au social ou à l'affect. La Haica a un rôle à jouer à ce niveau en prenant en main cette lacune, en engageant une démarche d'autorégulation des médias, en veillant à l'observation et au suivi de la représentation des femmes dans les médias et en rétablissant l'équilibre femmes-hommes qui s'impose dans les médias s'ils veulent être le reflet juste de la société et la faire progresser. La journée de réflexion organisée dernièrement à Tunis à l'initiative du groupe de plaidoyer pour la promotion de l'image de la femme dans la presse en collaboration avec l'organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) et le soutien de l'organisation Oxfam, a appelé à l'élaboration d'une Charte d'éthique pour améliorer l'image des femmes dans les médias tunisiens, d'œuvrer à ce que les chartes de déontologie soient des règles juridiques, de stimuler l'esprit de créativité dans l'optique de mettre en place des outils médiatiques à même de véhiculer une image positive de la femme et de lutter contre les pratiques attentatoires à sa personne dans les médias.