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La plume et le pro-antiféminisme : un tiraillement concret
Rapport de l'observation de la presse écrite tunisienne : état des lieux du traitement de l'information dans la perspective de genre
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 01 - 2013

L'égalité entre les genres constitue l'un des thèmes souvent traités dans les médias; un traitement qui s'articule dans bien des cas autour de certains évènements et journées mondiales ou nationales célébrant la cause féministe. Dans les productions journalistiques qui en résultent, comme les articles de presse, les reportages télévisés ou autres, l'accent est inéluctablement mis sur l'impératif de lutter contre la discrimination sexiste même celle inconsciente. Les médias véhiculent l'info, contribuent à la sensibilisation avec autant d'ardeur que les défenseurs des droits de l'Homme, ou...de la femme. Mais ces mêmes corps médiatiques font-ils preuve d'équité entre les genres? La femme bénéficie-t-elle des mêmes droits que son alter ego masculin sur les pages des quotidiens, des hebdomadaires et chaînes télévisées?
Pour apporter une réponse à ces questions, le Groupe arabe d'observation des médias a élaboré, en collaboration avec le Conseil national des libertés en Tunisie, une étude portant sur le traitement par la presse écrite tunisienne, de l'information dans la perspective du genre. Cette étude a pour finalité d'analyser l'apport du paysage médiatique, plus précisément celui de la presse écrite, dans le traitement de l'information, et ce, dans le respect de la question du genre; une analyse aussi bien qualitative que quantitative qui permet ainsi de voir cet angle au plus clair.
Pour mieux cerner cet angle, il était nécessaire pour l'équipe des enquêteurs de comprendre la situation de la femme dans le contexte socio-politique. Il faut dire que la Tunisie a toujours été le pays arabe leader en matière d'émancipation de la femme et en matière de promotion de l'équité entre les genres. Toutefois, l'Histoire montre que la cause féminine n'a pas été prise en tant que telle par les deux régimes post-indépendants: tantôt un pilier solide pour la particularité du régime bourguibiste, tantôt un alibi anti-islamiste sous le régime de Ben Ali, la femme a réussi à obtenir des droits notables sans pour autant réussir à briser les chaînes d'une société patriarcale et islamique.
Dans les médias, la place de la femme demeure, généralement, bien en deça de son potentiel et de son rôle dans la société. Elle garde, malgré elle, l'image d'une victime, ou d'un objet sexuel dont les photos servent à embellir les pages des quotidiens. D'autant plus que la parole n'est souvent accordée qu'à certaines catégories de femmes; des catégories jugées par l'équipe d'enquêteurs comme «peu représentatives», notamment les femmes chef d'entreprise, les comédiennes, etc.
L'étude de l'état des lieux du traitement de l'information dans la perspective de genre a été menée tout au long de deux mois d'observation. Elle a porté sur un échantillon de six quotidiens et trois hebdomadaires. Elle a récemment abouti à un rapport d'observation dont les résultats décortiquent nettement la place de la femme dans la presse écrite tunisienne.
Elle vient toujours en seconde position
Les résultats de l'analyse quantitative relative aux six quotidiens choisis, à savoir Le Temps, Al Sarih, La Presse, Al Maghreb, Al Tounsia, Al Chourouk, dénote d'une présence non satisfaisante du genre dans les médias; une présence qui reste moindre par rapport aux autres thèmes traités.
En effet, la moyenne des articles traitant du genre n'excède pas les 6,22%, quant à la contribution des femmes journalistes à la production journalistique elle est nettement inférieure à celle masculine, à raison de 26,7% d'articles signés par les femmes contre 72,3% par les hommes.
Côté contenu, les indicateurs traduisent un léger soulagement: les thèmes de genre, d'une manière générale, viennent en deuxième position, devancés par les thèmes relatifs à la vie politique, aux conflits et au gouvernement. La violence liée au genre est en cinquième position avec 10,5% des articles analysés, devançant même les thèmes liés au développement durable, aux questions sociales , juridiques et aux articles portant sur la société civile. D'autant que les thèmes relatifs à l'enfance et au genre et les histoires centrées sur les femmes viennent bien avant les thèmes économiques et le monde des affaires.
En examinant plus minutieusement tous les grands thèmes à partir desquels l'on a classifié l'échantillon journalistique choisi, l'on découvre que les femmes dans la politique sont le deuxième volet traité dans les articles portant sur la vie politique avec un taux de 19,06%. Dans la catégorie sport, art, célébrités, les articles sur les femmes et le sport en comptent 12%. La part de lion dans cette catégorie est accordée aux news et potins sur les célébrités.
D'un autre côté, il est clair que les articles traitant de la question du genre proprement dite touchent à divers volets et répondent à une approche de complémentarité. Ainsi, les journalistes recourent souvent à des angles différents tout en étant d'actualité. Les rapports de genre et le genre dans la loi accaparent près de 85% de l'intérêt des médias dans ce sens, ce qui reflète la complexité persistante du traitement de la question du genre dans une société qui prétend avoir dépassé ce stade depuis des lustres. Il est à noter que le genre revêt, en fait, d'autres dimensions examinées par la presse écrite, notamment le genre comme construction sociale mais aussi comme problématique déclenchant des problèmes d'ordre social. La violence liée au genre s'avère être le problème social par excellence dans ce sens. Elle représente par conséquent le thème phare qui fait couler beaucoup d'encre sur nos quotidiens. Près de 50% des articles traitant du thème de la violence sont axés sur la violence sexiste. Les 50% restant soulèvent des questions non moins importantes, qui continuent à creuser le fossé entre les genres, notamment les divers types de violence exercée sur les femmes, les abus commis contre les femmes handicapées et les séquelles qui en résultent.
Le rapport montre par ailleurs que la sollicitation des femmes en tant que source d'information est nettement inférieure à la sollicitation des hommes, soit 27,62% contre 32,29% . Il est à noter que les sources féminines d'information relèvent en grande partie de la société civile; les femmes militantes sont très actives sur ce point.
Pour ce qui est des journaux hebdomadaires, les femmes journalistes sont complètement absentes dans l'Audace. Cela n'empêche que les articles traitant du genre occupent dans bien de journaux hebdomadaires les emplacements de priorité, notamment à la Une ou à la troisième page. La question du genre compte également dans la presse hebdomadaire soit 10,29% des articles choisis. La femme dans la vie politique est un thème assez récurrent dans les médias, puisqu'il représente 19,23% des articles analysés.
Par ailleurs, et compte tenu de l'importance qu'accordent les journaux hebdomadaires pour le développement durable et l'apport de la société civile dans ce domaine, le traitement des thèmes relatifs à la femme et sa contribution dans la société civile sont en tête de liste de cette catégorie. Quant à la violence liée au genre, elle est traitée dans 86% des articles sur la violence. Le rapport montre, par ailleurs, que les femmes sources d'information sont majoritaires dans les situations dégradantes, les montrant sous l'aspect de victimes ou du moins sous le profil d'une «citoyenne ordinaire», sans grandes distinctions.
Les stéréotypes qui fâchent
D'un autre côté, et pour ce qui est de l'analyse qualitative, le présent rapport montre le flagrant paradoxe dans lequel se trouve la majorité des quotidiens tunisiens; un paradoxe qui les place entre la promotion des droits de la femme et la publication de clichés stéréotypant la femme dans des rôles et des statuts dégradants, comme la restriction du rôle de la femme à celui d'une mère de famille, d'une épouse ou encore d'une ménagère. Pour certains, la femme constitue une allégorie de la misère, ou encore l'être humain qui symbolise la faiblesse et la soumission. Pour d'autres, elle est la lectrice à laquelle l'on consacre la page spécial cuisine. Pis encore: même dans le traitement de la violence à l'égard de genre, l'agression envers la femme s'avère souvent justifiée par le comportement ou le tempérament de la femme. Cela émane forcément de la persistance d'une mentalité discriminatoire envers la femme. Dans les hebdomadaires, ces stéréotypes semblent encore plus agressifs: certains médias n'hésitent pas à se féliciter de l'échec des manifestations pour les droits de la femme.


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