Montée des eaux, tempêtes, cyclones, tremblements de terre, etc. Les nouvelles ne sont pas réjouissantes à l'horizon 2030. Quelles sont les conséquences du réchauffement climatique sur notre environnement ? Qui en est le coupable ? Où en sont les recherches aujourd'hui ? Quelles sont les prévisions de changement dans les prochaines années ? Il y a un dicton qui dit que l'homme est un loup pour l'homme, mais on peut ajouter qu'il est un ogre pour la nature. En effet, après avoir exploité sauvagement les réserves naturelles durant des siècles et particulièrement depuis la révolution industrielle, le moment est venu, pour lui, de réparer les dommages collatéraux, ce qui est loin d'être facile. Les scientifiques ne promettent rien de bon sur le plan climatique. Ils prévoient des bouleversements dont les conséquences sur les différents secteurs de l'économie, de la santé et de la biodiversité sont imparables. Tout le monde est d'accord pour dire que le climat n'est plus ce qu'il était. L'hiver n'est plus l'hiver et l'été n'est plus l'été et qu'il n'y a pratiquement plus de saison ou que nous vivons dans la même journée les quatre saisons. Tout ceci n'est pas dû au hasard. Ce sont les effets de l'abus farouche des réserves naturelles qui a mis sens dessus dessous le climat. Les catastrophes naturelles : inondations et tsunami sont dus à ce déséquilibre. Les experts en la matière sont alarmistes. Ils prévoient d'ici 2030 une hausse de 1,1% de la température de la terre et une baisse de 5 à 10% de la pluviométrie et 20% des ressources en eau. D'où de longues périodes de sécheresse durant toute l'année. L'eau devient donc précieuse et les scientifiques envisagent de généraliser les eaux usées traitées dans l'agriculture et autres secteurs de l'économie, voire dans l'usage domestique (douches, toilettes, etc.). Risques de catastrophes naturelles Outre le déficit hydrique, la mer pourrait grignoter sur les terres basses de Tunis d'ici 2030. Le changement climatique a des effets pervers sur le littoral. En effet, les précipitations extrêmes pourraient augmenter de 25% à l'horizon 2030, causant des inondations de plus d'un mètre de hauteur dans certains secteurs de Tunis, c'est ce qui ressort une étude régionale élaborée par la Banque mondiale (2009-2011). «Ezzahra et Hammam-Lif ouest, deux zones urbanisées et industrielles de la basse ville de Tunis, sont les plus exposées à la submersion marine en cas de grosses tempêtes ». La capitale «pourrait faire face à des précipitations extrêmes, avec une période de retour de 50 ans, alors qu'elles ne se produisaient précédemment qu'une fois tous les cent ans. De même, la période de récurrence de pluies torrentielles, qui était de 50 ans, serait réduite à 20 ans dans l'avenir proche». Un scénario catastrophe et alarmant anticipant les phénomènes extrêmes, tels que : inondations, érosion côtière, submersion marine, séismes et instabilité des sols, ainsi que pénurie d'eau. D'après toujours la même étude, les experts prévoient presque un tsunami, «certains bassins versants seront exposés à de forts risques d'inondation, aggravés par des systèmes de drainage inefficaces et un taux élevé d'urbanisation. La subsidence de terrains (affaissement lent d'une partie de l'écorce terrestre), accompagne les risques d'inondation dans la basse ville de Tunis, économiquement importante, multipliant les impacts potentiels». Au sujet de l'érosion côtière, l'étude a relevé «le recul du littoral dans le golfe de Tunis qui constitue un phénomène constant depuis un demi-siècle. Dans certains secteurs, la ligne de côte peut reculer jusqu'à 10 mètres par an, ce qui signifie qu'une superficie de 27 km du littoral urbanisé, sera considérée à haut risque d'érosion, d'ici 2030 (contre 16 km en 2010). Finalement, il faut envisager une érosion majeure du littoral entre Kalaât Landalous et la plage de Raoued, à l'horizon 2030». De la sorte, l'élévation du niveau de la mer à cause du changement climatique ferait progresser l'érosion côtière, entraînant un recul des plages, pouvant atteindre 15 mètres d'ici 2030. Les régions les plus menacées par ce risque élevé de submersion sont Douar Amor Ben Hamda et celle de Radès-Mellaha. D'autre part, la mauvaise qualité géotechnique des sols de la ville de Tunis pourrait favoriser les risques de tremblements de terre. Selon la même étude, l'économie du pays serait touchée par ce bouleversement climatique. «La valeur actuelle nette du cumul des pertes économiques potentielles, englobant tous les risques naturels, est estimée à 1,05 milliard de dollars, soit 8% de la production économique de la capitale de la Tunisie. Environ 59% des pertes potentielles sont liées aux risques de submersion, tandis que 26% sont dues aux risques sismiques et 14% aux tempêtes. On estime à 25% les pertes potentielles attribuables au changement climatique, d'ici 2030, dont la plupart seraient associées aux inondations». L'écosystème marin menacé Comment faire face à ces risques menaçants, l'étude effectuée par la Banque mondiale propose une série de mesures d'adaptation et de résilience aux changements climatiques. Elle préconise l'amélioration des systèmes de drainage dans les zones basses de la ville exposées aux inondations, avant de permettre de nouveaux développements urbains, et ce, en contenant la progression de l'habitat anarchique dans la périphérie urbaine, et en concevant un zonage judicieux, avec des zones réservées aux espaces verts, tout en tenant compte des phénomènes de subsidence qui réduisent la capacité de Tunis à résister aux tempêtes, aux risques sismiques et aux extrêmes climatiques. Les extensions urbaines futures doivent être conçues de manière à minimiser la charge supplémentaire de ruissellement, en prévoyant, notamment, des toitures vertes et des réservoirs pour absorber les eaux de pluie. Côté investissements en infrastructures, l'étude a recommandé d'optimiser les systèmes d'assainissement et de drainage de la capitale, en soulignant que «la ville a besoin de matériel plus performant pour gérer le niveau des eaux du lac et du port. Dans certaines zones, il faudra construire des digues», et ce, afin de parvenir à gérer des épisodes climatiques extrêmes de plus en plus fréquents. Les changements climatiques menacent dangereusement l'écosystème marin dans d'autres régions du pays comme, Gabès, Tabarka. Des travaux d'exploration réalisés au large des côtes de Tabarka, ont permis aux experts de découvrir un phénomène de mortalité massive du corail rouge. Les spécialistes considèrent que toute disparition en masse d'espèces de la faune maritime est un signe de vulnérabilité accrue due aux changements du climat. Le réchauffement du climat fait diminuer le volume des eaux dans les zones humides et, par conséquent, augmente le niveau de salinité. Il est, de ce fait, à l'origine de la fragilisation, de la dégradation, du déplacement ou de la disparition de certaines espèces, portant ainsi préjudice à leurs biodiversités faunistique et floristique. Outre les changements climatiques, les ravages des côtes notamment celle de Gabès qui est due au déversement anarchique de tonnes de phosphogypse toxique qui empoisonnent systématiquement la faune marine et augmentent les risques de maladies pulmonaires et de cancer chez les habitants de la région. Qui sème le vent récolte la tempête.