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Les stratégies urbaines à l'heure des changements climatiques
Banque mondiale — Méditerranée
Publié dans La Presse de Tunisie le 19 - 07 - 2011

Selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), l'Afrique du Nord est considérée comme la deuxième zone la plus vulnérable aux risques climatiques à l'échelle mondiale. La Banque mondiale vient de publier au début de l'été 2011 une étude sur «l'adaptation au changement climatique et la résilience aux désastres naturels dans les villes côtières d'Afrique du Nord». On y insiste sur les exemples d'Alexandrie, de Casablanca et de Tunis.
Rédigée sous la direction de l'urbaniste Anthony Bigio, auteur collaborateur du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), l'étude réalisée par la Banque mondiale sur «l'adaptation au changement climatique et la résilience aux désastres naturels dans les villes côtières d'Afrique du Nord» vient d'être présentée au CMI. « La Banque mondiale se préoccupe depuis déjà plusieurs années de la menace que fait planer le changement climatique sur les pays de la rive sud de la Méditerranée», explique Anthony Bigio. «Les catastrophes naturelles de type inondations et érosion côtière ont des effets de plus en plus dévastateurs, particulièrement dans les villes. Or les grandes cités côtières représentent une part très importante du PIB des pays arabes».
Ces villes à forte croissance démographique font face à des risques concrets qui s'intensifieront au cours des prochaines décennies à mesure que les conséquences du changement climatique se feront sentir davantage. La région Mena (Afrique du nord et Moyen-Orient) souffre d'une augmentation du nombre de désastres naturels. La moyenne annuelle de trois catastrophes dans les années 1980 a atteint le chiffre de quinze en 2006. Sur les 276 désastres naturels recensés depuis vingt-cinq ans dans la région, 120 ont eu lieu pendant les derniers cinq ans.
L'étude porte sur trois villes, Alexandrie, Casablanca et Tunis, et sur la vallée de Bouregreg au Maroc, située en bordure de Rabat. Cet oued inhabité fait l'objet d'un vaste projet de développement urbain. Les rédacteurs du document ont dressé un tableau de la situation de ces quatre sites à l'état actuel et à l'horizon 2030, analysant leur degré d'exposition aux désastres naturels, aux phénomènes climatiques extrêmes et à l'influence des changements climatique sur ces derniers. Ces deux années de travail permettent aujourd'hui d'évaluer les risques et les coûts des pertes potentielles, d'envisager les réformes à mettre en place et les investissements à réaliser pour permettre aux villes de protéger leurs populations.
«Notre travail débouche sur l'importance de nouvelles règles d'urbanisme», souligne Anthony Bigio, «qui devront être appliquées pour que la croissance urbaine à venir prenne en compte ces risques. Les Etats doivent maîtriser leur espace urbain et punir les abus. D'autres leviers, comme la construction d'infrastructures de transports, permettent également de détourner l'urbanisation d'une zone dangereuse et l'orienter vers des zones sûres. Ils sont particulièrement efficaces pour des villes très étalées comme Tunis, Casablanca ou Alexandrie. Les décisions finales reviennent aux gouvernements. L'étude consigne aussi notre perplexité sur certaines opérations où visiblement des intérêts privés l'emportent sur l'intérêt public. Les grands projets de Tunis constituent de bons exemples. Ils avaient été décidés souvent par le palais présidentiel, après accord avec des promoteurs internationaux, sans tenir compte de l'avis des urbanistes locaux. Fort heureusement, la donne a changé et va peut-être permettre de réviser ces projets. Je pense en particulier aux dossiers localisés au nord de la ville ou près du lac sud. Ces zones souffrent d'un fort risque de submersion marine et se prêtent mal à d'importantes opérations immobilières.»
La situation de Tunis se duplique un peu partout au sud de la Méditerranée en raison d'une très forte pression immobilière. Quand elles existent, les règles d'urbanisme restent souvent lettre morte. En 2010, les villes côtières de la région accueillaient une population d'environ 60 millions d'habitants. Elle dépassera probablement 100 millions en 2030, exposant ainsi aux risques de plus en plus d'habitants et d'activités économiques. Alexandrie, Casablanca et Tunis, dont les populations totalisaient environ 10 millions d'habitants en 2010, abriteront 15 millions de résidents en 2030.
+ 20 cm en 2030
Les auteurs de l'étude tablent sur une élévation du niveau de la mer liée au changement climatique de 20 cm à l'horizon 2030, avec des épisodes orageux beaucoup plus violents. Tunis, sans doute la ville la plus exposée, va voir les risques d'instabilité des sols et de submersions marines passer de moyens à élevés, ceux d'inondations et d'érosion côtière d'élevés à très élevés. Casablanca est principalement concernée par l'érosion côtière et les inondations, Alexandrie par la submersion marine, la pénurie d'eau et l'érosion côtière. Les clignotants vont passer à l'orange ou au rouge dans la vallée du Bouregreg en matière de submersion marine et d'inondations.
Au total, entre 2010 et 2030, chacune des trois villes sera exposée à des pertes potentielles d'un coût largement supérieur à un 1 mrd$ alors que le projet d'aménagement de la vallée du Bouregreg au Maroc mettra en danger ses habitants, si les risques identifiés ne sont pas pris en compte. Plus grave, toutes les données scientifiques prévoient une augmentation significative des conséquences du changement climatique pour 2050 et au-delà. La situation ne fera donc qu'empirer.
«Les décideurs vont devoir opérer des arbitrages entre ne pas construire dans des zones sensibles ou bâtir en protégeant contre les risques naturels et climatiques», estime Anthony Bigio. « Tout reste possible techniquement, mais il ne faut pas oublier que les infrastructures de protections ont un coût, généralement financé par la collectivité. Il convient également de savoir où placer la barre. Faut-il protéger les quartiers concernés d'événements arrivant tous les dix ans, cinquante ans, cent ans ? Tout est question de rapport coûts/bénéfices. Pour un développement urbain tout neuf et de haut standing, comme dans la vallée de Bouregreg, une protection centennale apparaît judicieuse. Sur des zones déjà urbanisées, cela mobiliserait des budgets trop importants. A Casablanca, par exemple, mettre la barre à vingt ans constituerait déjà un progrès considérable.»
La réduction des risques passe par trois types d'actions à mettre en œuvre simultanément. Pour commencer, prendre en compte l'évolution de la situation climatique dans les plans d'urbanisme. Deuxièmement, améliorer l'information du public, les systèmes d'alerte rapide et de communications, et le fonctionnement des institutions responsables. Enfin, réaliser des infrastructures urbaines de protection et de drainage. Les deux premières séries de mesures s'avèrent les plus efficaces et les moins gourmandes en investissements. En revanche, les dernières supposent des enveloppes budgétaires souvent très lourdes. Leurs coûts peuvent même s'avérer plus élevés que ceux des dommages qu'elles permettent d'éviter. «Cependant, ces mesures peuvent pourtant se justifier, par exemple, en termes de valeur du patrimoine situé dans les zones concernées», précise l'étude.
«Notre travail a bien été réalisé en collaboration avec les autorités nationales de chaque pays», affirme Anthony Bigio. «Il a impliqué une dizaine d'agences par pays, générant un dialogue étroit à tous les niveaux. Il faut comprendre que les décideurs se posent beaucoup de questions. Un responsable égyptien m'a ainsi demandé si Alexandrie allait s'effondrer. Un autre, tunisien cette fois, m'a fait remarquer qu'il avait de l'eau dans son salon en cas d'inondations. Nous entrons maintenant dans une seconde phase. Les intervenants nationaux doivent s'approprier cette étude pour passer à l'action, en sélectionnant les interventions prioritaires. La Banque mondiale pourrait alors jouer un rôle de partenaire technique et financier.»


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