Après son succès au Festival international de Carthage 2013, la troupe de la comédie musicale «Ali Baba» a renouvelé son rendez-vous avec le public tunisien jeudi dernier au Théâtre municipal de Tunis. La scène s'ouvre sur un beau décor oriental, une Shéhérazade allongée sur un canapé royal auprès de son sultan lui racontant un de ses contes des Mille et Une Nuits. Subtilité d'une grammaire toujours allusive, aux effets poétiques portés d'abord par des lumières qui permettent d'enchaîner les scènes. Ali Baba et les 40 voleurs, ou Sésame, ouvre-toi, est une histoire populaire arabe incontournable. Dans cette relecture de l'histoire, Ali Baba est un jeune bûcheron de la ville de Bagdad. Un jour, alors qu'il coupe du bois, il entend le chef d'une bande de 40 voleurs prononcer la formule magique «Sésame, ouvre-toi», qui donne accès à une grotte remplie d'or et de trésors issus des vols de la bande. Ali Baba saisit la chance qui s'offre à lui en volant une partie de cet or, puis va se confier à son frère Cassim, riche commerçant de la ville. Celui-ci, envieux et jaloux, se rend à son tour à la caverne mais, troublé par tant de trésors et de richesses, il oublie la formule magique et reste prisonnier à l'intérieur de celle-ci. Quelque temps après, Ali Baba retrouve le corps de son frère coupé en morceaux et prend conscience du grand danger qui plane sur lui. Avec l'aide de Morgiane, son esclave et plus tard son épouse, Ali Baba arrive à vaincre les bandits. Et l'histoire finit bien, sauf pour Cassim et les voleurs. La demi-douzaine de protagonistes comédiens et danseurs français ont témoigné d'un même entrain scénique et musical. Les numéros s'enchaînent comme autant de tableaux vivants et pittoresques. Le metteur en scène et chorégraphe français, Alexandre Sandor, a su faire passer un souffle poétique avec un sens mélodique, une légèreté de touche, une sensualité et une réelle progression dramatique. Les scènes de foule en général, bien réglées, créent une animation constante. Seul le duo d'amour d'Ali Baba et de Morgiane donne lieu à de courts instants privilégiés de tendresse et de passion. Dans des décors simples et efficaces, la mise en scène a su trouver le juste ton pour que le récit arabe reprenne vie et parle au public d'aujourd'hui, grands et petits. Et ce, sans jamais forcer le trait, mais avec de petits détails pleins de drôlerie et une direction d'acteurs aussi vivante qu'intelligemment réglée. Des choix qui ne font que renforcer la saveur délicieusement surannée des contes des Mille et Une Nuits. Tout comme y contribuent les costumes particulièrement réussis de Brigitte Didier : couleurs superbes, costumes aussi joyeusement fantaisistes les uns que les autres, nous renvoyant à la richesse et la beauté de l'Orient aux temps des harems et des sultans. Voilà donc tout un joli monde d'aventure, de trésors cachés, d'almées, d'odalisques et une chorégraphie élégante, vivante, fluide autant que structurée, pour animer le tout sur un fond épuré et subtil. Rappelons qu'une deuxième présentation du spectacle aura lieu le 24 avril au Théâtre municipal de Tunis.