Les Samouraïs ne sableront pas le champagne, le serial-buteur Cardozo n'a pas tremblé, propulsant ainsi l'Albirroja en quart de finale du Mondial... Incapables de se départager à l'issue du temps de jeu réglementaire et des prolongations (0-0), le Japon et le Paraguay sont allés jusqu'à la terrible épreuve des tirs au but pour désigner le vainqueur. A ce petit jeu, c'est l'Albirroja qui aura eu le dernier mot (5-3). Komano a loupé le seul tir au but de la séance. Une qualification historique pour les Sud-Américains, qui, après avoir échoué déjà 3 fois (86, 98, 2002) au stade des huitièmes de finale, ont vaincu le signe indien. Dès les trois coups, en titularisant Barrios et Benitez en ligne d'attaque, Gerardo Martino, le sélectionneur argentin des Guaranis, remaniait complètement son effectif. Alcaraz, qui évoluera à Wigan la saison prochaine, retrouvait sa place en défense centrale. Ce duel "des petits" (comme l'ont qualifié certains) s'annonçait d'ores et déjà historique puisque aucune des deux équipes n'avaient encore atteint les quarts de finale. « Honda » carbure plein régime Paralysées par l'enjeu, les deux équipes jouaient avec la peur au ventre. Le Japon, qui jouait en bloc et laissait très peu d'espace grâce à un excellent quadrillage de l'aire de jeu, misait sur les coups d'éclat de Keisuke Honda, une trouvaille de ... Sef Vergoossen, qui l'avait lancé à l'époque à VVV aux Pays-Bas avant qu'il émigre au CSKA Moscou pour 9 millions d'euros. Barrios, l'attaquant d'origine argentine de Dortmund (19 buts en 33 matchs en Bundesliga), s'octroyait la meilleure occasion de la première mi-temps mais ne pouvait ajuster son tir. Réponse du berger à la bergère signée Matsui (Grenoble), qui trouvait la transversale d'une frappe enroulée. Quand l'enjeu tue le jeu Roque Santa Cruz loupait la cible en fin de première mi-temps. A l'issue d'une deuxième période indigente sur le plan offensif, Frank De Bleeckere (qui peut être crédité d'une excellente prestation) sifflait la fin du temps de jeu réglementaire. Ou quand l'enjeu tue le jeu...Ça passe ou ça casse, malgré des prolongations plus consistantes, les deux équipes ne purent trouver le chemin des filets. C'est la cruelle loterie des tirs au but (la première dans cette Coupe du monde) qui allait apporter la décision. Cette épreuve, on le sait, est un casino: ça passe ou ça casse...Alors que tous les tireurs avaient converti leur tir au but, Komano trouvait la barre transversale, à la plus grande déception des Nippons. Cardozo, l'attaquant de Benfica, ne tremblait pas et envoyait le Paraguay en quarts de finale. L'Albirroja rencontrera l'Espagne samedi à Johannesburg. Le Paraguay a ainsi écrit un moment historique dans l'histoire du football sud-américain en devenant le quatrième représentant de la Conmebol à réserver sa place en quart. Pour ce faire, il a donc battu le Japon 5-3 au terme de la première séance de tirs au but de la compétition. En rejoignant les Argentins, les Brésiliens et les Uruguayens dans le grand huit, les Albirrojos ont fait tomber le record de Mexique 1970, où trois équipes sud-américaines avaient atteint ce stade. Gerardo Martino ne disposant pas d'une pointure comme David Villa à sa disposition, son équipe doit surtout son bon parcours à l'herméticité de sa défense, qui n'a cédé qu'une seule fois depuis le début. Aujourd'hui, les Paraguayens peuvent quand même remercier la barre transversale, qui a empêché Daisuke Matsui d'inscrire un but spectaculaire en première période à Pretoria. Contre le Danemark, les Japonais avaient impressionné par leur efficacité à longue distance, les coups francs inscrits par Keisuke Honda et Yasuhito Endo suggérant qu'ils avaient peut-être mieux apprivoisé le Jabulani que d'autres joueurs. Pourtant, quand il a été question de marquer les tirs au but, Yuichi Komano a causé la perte de l'équipe de Takeshi Okada en envoyant sa tentative sur la transversale. Après quatre penalties réussis par ses coéquipiers, Oscar Cardozo a fait le métier en toute tranquillité pour envoyer les Albirrojos en quarts. Ah les séances de tirs au but… Dans ces moments-là, la pression est telle qu'elle fait couler des larmes des deux côtés, comme à Pretoria. Il n'y a rien de surprenant à ce qu'elles aient mouillé les joues du malheureux Komano… En revanche, il a été plus étonnant de voir le sélectionneur du Paraguay, Gerardo Martino, sangloter sur le banc des vainqueurs, la tête enfouie dans l'épaule d'un membre du staff technique. Il est vrai que la tension était à son paroxysme. Les 37 000 personnes du stade Loftus Versfeld de Pretoria se sont levés et ont retenu leur souffle. Même les vuvuzelas se sont tues. Le Paraguay avait la possibilité de signer un exploit historique et toute la pression repose sur les épaules d'un homme, Oscar Cardozo, qui va exécuter sa mission avec une assurance étonnante. "C'était comme si j'avais dû tirer un penalty sur le terrain de mon quartier", a-t-il confié par la suite. Lors de l'entretien accordé en exclusivité après ce tir qu'il décrit comme étant "le plus important" de sa carrière, l'avant-centre des Albirrojos et du Benfica dégage une tranquillité carrément anormale pour quelqu'un qui vient de sceller la première qualification de son pays pour les quarts de finale d'une Coupe du monde.