La facilitation visuelle a permis aux participants de la conférence «Ana Hunna» d'imaginer une suite à ce programme, que la Giz laisse entre les mains de ses partenaires. Dans l'éco-village Sekem en Egypte, les partenaires et participants au projet «Ana Hunna» ont pris part à une conférence régionale. Celle-ci les a embarqués dans une aventure intitulée «A la recherche d'un futur pour Ana Hunna», qui vient de clôturer son programme. Loin du concept classique de conférence, cette recherche a eu lieu pendant un atelier de deux jours (22 et 23 juin), où les invités ont réfléchi ensemble, dessiné, chanté ou écrit un nouveau départ pour le projet. Lancé en 2012, «Ana Hunna» est un projet initié par la coopération internationale allemande pour le développement (GIZ). Ce sont les femmes qui sont désignées par le terme «Ana Hunna» (je suis là). Le projet vise en effet à attirer l'attention du public sur l'importance du travail de la femme. A vocation régionale, son action a été menée en Tunisie, au Maroc, en Egypte et en Jordanie. Le principal outil de cette action a été artistique et visuel. Le programme a produit neuf courts-métrages sur ce thème, entre fictions et documentaires, dont les réalisateurs viennent des quatre pays impliqués. Ensuite, les projections suivies de débats ont donné la parole au public pour discuter du travail de la femme, ses conditions, ses difficultés et surtout son importance. La pensée visuelle comme éclaireur Les participants à la conférence régionale ont eu à répondre à la question «quel avenir pour Ana Hunna» ? Ce n'était pas une question directe mais la réponse a été collectée et élaborée par étapes, à travers différents exercices incitant à la réflexion individuelle ou collective sur le sujet. Ces exercices se basent sur un ensemble de techniques combinées qui permettent aux gens de s'exprimer et de s'extérioriser, notamment grâce à l'art. Des techniques d'animation de groupes qui rencontrent du succès depuis quelques années, comme la « visual facilitation », traduite en « pensée visuelle » ou « facilitation graphique ». Elle part de l'idée que l'on comprend et mémorise mieux ce que l'on voit. Le facilitateur visuel se charge donc de transformer en dessins les activités et idées qui émanent de la conférence et retrace son évolution. Experte en facilitation visuelle, l'Allemande Marianne Stifel —qui est arrivée à ce domaine à travers l'art thérapie— a enrichi avec ses dessins le contenu de la conférence « Ana Hunna ». Elle motive le groupe, met de l'énergie dans ses activités et synthétise son effort. Ainsi, elle a par exemple dessiné un grand arbre sur le mur, où les participants ont accroché des fruits de pensées sur l'avenir du projet. Elle a également transformé en caricatures l'histoire d' « Ana Hunna », telle que racontée par eux pendant un exercice collectif. A leur tour, les participants ont donné une forme graphique à leurs propositions pour le futur d'Ana Hunna. Ils se sont inspirés des diverses réactions du public aux films pendant les débats, comme des difficultés rencontrées. Continuer à faire des films sur l'autonomisation des femmes, cibler les enfants et les étudiants ou encore organiser un festival « Ana Hunna » avec plusieurs disciplines artistiques sont des idées parmi d'autres qui ont émergé. Les groupes de réflexion ont même eu à imaginer des moyens de financer leurs campagnes et de les faire connaître. Le tout afin qu'ils continuent l'action après la Giz. Celle-ci a, en novembre 2013, organisé une formation pour des modérateurs de films parmi ses associations partenaires dans chaque pays. Passage de témoin Avec la conférence «A la recherche d'un futur pour Ana Hunna», la GIZ a passé le témoin à ses partenaires. Des associations locales et des institutions publiques dans chaque pays l'ont accompagnée dans la concrétisation de ses objectifs. «Nous mettons les films à leur disposition afin de continuer à les montrer, et les encourageons à développer un réseau de partenariat régional», nous explique Monia Gastli, responsable du projet en Tunisie. Pendant la campagne «Ana Hunna», chaque pays a eu sa propre façon de faire : des projections dans les universités en Jordanie et au Maroc, des ateliers pour enfants des bidonvilles en Egypte et une caravane dans les zones rurales en Tunisie. Au bout de cette expérience, la grande équipe «Ana Hunna» est unanime sur l'efficacité des films comme supports pour améliorer la perception sur le travail de la femme. «C'est un support qui peut être diffusé et compris par tout public, comme dans les régions reculées et les zones industrielles où il est difficile pour d'autres arts d'accéder», argumente Monia Gastli. Elle trouve tout de même que dans certains cas, avoir seulement des films peut s'avérer insuffisant. «Il faudrait y ajouter d'autres activités comme des ateliers de peinture ou des quizz», ajoute-t-elle. D'où l'importance de la conférence tenue en Egypte, où les partenaires des différents pays se sont retrouvés au même endroit, pour imaginer ensemble l'évolution d'«Ana Hunna». Certains exercices étaient axés sur la vision par pays d'«Ana Hunna». D'autres étaient régionaux. Un groupe de travail pouvait comporter un représentant de l'association tunisienne «Notre culture d'abord» ou encore du Credif comme un membre de l'association pour la promotion et le développement total de la femme en Egypte, de l'université jordano-allemande ou encore du portail des associations en ligne Tanmia.ma du Maroc. «Ana Hunna est avant tout un programme régional», tient à rappeler Monia Gastli. Quant à la suite telle que la Giz l'imagine : «Nous aimerions développer un guide didactique sur le thème du travail de la femme, à utiliser dans les écoles et dans les universités».