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Dans l'impunité quasi totale
Violence sexuelle dans le cadre du mariage
Publié dans La Presse de Tunisie le 18 - 08 - 2014

90% des cas de violence conjugale incluent, systématiquement, des violences sexuelles.
Seule la sodomie est condamnable car contraire aux us et coutumes.
La violence sexuelle à l'égard des femmes connaît un boom inquiétant. Le printemps arabe était censé apporter aux pays et aux populations — ayant enduré, des décennies durant, l'oppression et la tyrannie sous toutes ses formes — un brin de liberté et d'équité bien méritées ; néanmoins ce printemps révolutionnaire semble virer au mauvais temps. Les femmes sont, incontestablement, les plus touchées par la menace contre-révolutionnaire. Des mouvances d'ordre politico-idéologique, mues par une nostalgie pour l'ère obscurantiste, tendent à assujettir la femme. Et l'on assiste, alors, à une normalisation de la violence à l'égard du genre, renforcée et nourrie par une instrumentalisation sans précédent de la religion. La violence sexuelle n'a jamais eu un terrain aussi favorable à son expansion.
Il faut dire que la violence sexuelle fait partie intégrante du quotidien de bon nombre de femmes mariées. Une violence placée sous le signe du devoir conjugal sacralisé. Pourtant, toute relation sexuelle devrait obéir à un critère égalitaire, fondé sur le consentement mutuel. Sans consentement, elle se transforme en une sorte de violence, en un viol qui altère le respect de l'intégrité physique et psychologique de la femme.
Lésée physiquement et psychologiquement
Agressée au nom du devoir conjugal et d'un rapport de force la vouant au statut d'un être faible, voire d'une femme-objet, lésée dans son amour-propre, la femme violée se sent désemparée et dévalorisée. Elle ne sait plus si elle doit céder à la voix de l'obéissance et de la soumission recommandées par la société et jusque par l'entourage le plus proche, censé pourtant lui venir en aide et la soutenir pour mettre fin à son oppression, ou à celle de la lutte pour l'intégrité et l'estime de soi. «Les femmes qui recourent à nous se trouvent, dans la majorité des cas, incapables de cerner, de définir et de donner des attributifs à leur souffrance. La plupart d'entre elles ont dû se taire pendant de nombreuses années, laissant toute latitude à leurs agresseurs d'imposer un modèle conjugal déséquilibré et destructeur», indique Mme Emma Hssairi, écoutante et responsable du Centre d'écoute et d'orientation des femmes victimes de violence, relevant de l'Association tunisienne des femmes démocrates ( ATFD ).
Ce sentiment de déstabilisation et d'impasse verbale revient au traumatisme complexe qu'engendre une violence multiple. Le viol conjugal fait partie de tout un processus fondé sur l'agression physique et morale. Selon Mme Monia Ben Jemia, juriste et membre de la Commission de lutte contre la violence à l'égard du genre au sein de l'ATFD, le viol conjugal est quasi systématique dans les cas de violence conjugale, à raison de 90% des cas. Cependant, le dénoncer, preuve à l'appui, n'est point évident. Comment une femme mariée peut-elle prouver qu'elle a été violée par son propre mari ? Une telle dénonciation aurait-elle l'impact escompté sur son entourage ? La société et la législation lui rendront-elles justice ?
Sur le plan physiologique, prouver un viol conjugal n'est pas évident. Seules des lésions flagrantes, des hémorragies ou encore des lésions dues à la sodomie peuvent être observées et révéler le viol conjugal. Toutefois, si la sodomie est condamnable car contraire aux us et coutumes ainsi qu'au texte religieux, le viol conjugal reste, lui, impuni. «L'article 23 du Code de Statut Personnel ( CSP ) indique que les époux doivent remplir leur devoir conjugal selon les us et coutumes. Il ne mentionne pas le consentement mutuel et, par conséquent, ne condamne pas le viol conjugal», explique Mme Ben Jemia. Et d'ajouter que la législation européenne, dont la législation turque, est pionnière à cet effet, puisque la condamnation du viol conjugal remonte, dans ces pays, aux années 70 et 80.
Incriminé par la loi, normalisé par la société
Incriminé par la loi, le viol conjugal se trouve donc normalisé par la société au point que les victimes l'intègrent et vivent avec. Se soumettre à la violence conjugale sexuelle s'avère être l'acheminement de multiples facteurs. Au traumatisme et à la perte de l'estime de soi s'ajoutent la pression de l'entourage, des médias de télé réalité, des agents de police et jusqu'à la pression du juge. «Il faut supporter votre mari. Pensez à votre famille et à vos enfants. Vous risquerez de détruire votre foyer», c'est ce à quoi elles se trouvent confrontées une fois voulant en finir avec la violence conjugale. Résignées au silence, elles acceptent d'accumuler des agressions en cascade.
Il est à noter que la violence sexuelle dans le cadre du mariage touche beaucoup plus la femme vivant dans la précarité. Non instruite, dépendante économiquement parlant et soumise à un modèle sociétal primant le rapport de force entre homme et femme, elle le prend souvent sur elle-même, s'enfermant dans un cercle vicieux de torture et de silence. Cela dit, ce type de relation n'épargne point les catégories sociales favorisées. Là encore, les femmes optent pour une attitude passive, mais pour d'autres raisons. Malgré leur niveau d'instruction et leur connaissance de leurs droits et de leurs acquis, elles se taisent de peur de briser une image sociale idéale, un statut ou encore l'honneur d'une famille de renom.
La violence sexuelle ne se limite pas au viol, c'est-à-dire au rapport sexuel non consenti. Elle comprend également d'autres formes, telles que le harcèlement sexuel, les pratiques humiliantes, fondées sur le couple pathologique sado-maso. «Le refus de la femme attise, souvent, les soupçons du mari qui finit par se montrer encore plus violent. Elle cède, donc, à son corps défendant, pour avoir la paix», note Mme Hssairi.
La société civile s'active pour sensibiliser sur l'impératif de combattre la violence à l'égard du genre, toutes formes confondues. Le projet de loi sur la violence à l'égard des femmes promet d'apporter un nouveau cadre juridique qui impose le respect des droits de la femme, de son intégrité et son droit à la prise en charge et à la protection.


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