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La santé économique entre rumeurs et réalité
Retrait massif d'argent
Publié dans La Presse de Tunisie le 21 - 08 - 2014

Si on mettait les chiffres de côté, concrètement, ce gouvernement est en train de faire plus d'efforts, il a tendance à voir mieux les choses que les gouvernements précédents.
Un vent de panique a-t-il réellement soufflé sur les banques du pays ? Une rumeur persistante fait état de retraits bancaires massifs s'élevant à deux milliards de dinars suite à l'adoption de la loi relative à la levée du secret bancaire.
Jointe par téléphone, la Banque centrale de Tunisie (BCT), par la voix de son responsable presse, dément la rumeur en nous invitant à nous référer au communiqué publié, ajoutant tout de même : «Il n'y a pas eu de retraits, les statistiques sur le site sont mises à jour au quotidien et parlent d'elles-mêmes. On peut chercher sur Billets et Monnaies en circulation BMC, sur l'interface, les comparatifs sur tout le cycle montrent bien qu'il n'y a pas eu de retraits conséquents».
Problème, la rumeur ne s'est pas calmée, même après le démenti. C'est sans doute ce manque de confiance qui circule dans l'air qui serait à l'origine de ce scepticisme ambiant.
Nous avons pris contact avec Moëz Joudi, expert en la matière, qui semble lui aussi s'être exprimé sur le sujet : Qu'en est-il au juste, demandons-nous ? «Je suis pour la levée du secret bancaire. C'est une mesure de transparence et de gouvernance, commence par dire l'économiste. Heureusement que ce gouvernement a eu le courage de l'appliquer, et l'ANC ne doit pas constituer un obstacle. Il faut, en outre, que l'administration soit souveraine, si une personne est soumise à un contrôle fiscal approfondi et ne réagit pas de manière positive, il faudra appliquer la levée du secret bancaire sans passer par une procédure judiciaire. Cela dit, nuance M.Joudi, j'ai alerté sur le fait qu'il faut bien gérer la communication autour de cette mesure, faute de quoi, elle risque d'être mal interprétée. J'ai dit exactement, a-t-il insisté, que sans une bonne communication, la décision risque d'être alimentée par les rumeurs, c'est ce qui est arrivé malheureusement. En réalité, ajoute encore le spécialiste, la levée du secret bancaire concerne des personnes visées par un contrôle fiscal approfondi qui refusent de coopérer avec l'administration fiscale et non pas tous les opérateurs et tous les déposants».
La tendance est aux retraits
«Par ailleurs, ajoute encore notre interlocuteur, tout au long de l'année et non pas suite à cette mesure, et en cela, je me suis référé au livre publié par la Banque centrale, la rubrique statistiques financières, où les indicateurs concernant les dépôts et les retraits précisément sont indiqués. Moi-même et un groupe d'experts avons calculé l'ensemble des retraits qui ont été faits tout au long de l'année, depuis mars 2013 jusqu'à mars 2014. Et, à travers une approche comparative, nous avons trouvé que les retraits s'élèvent à 1 milliard de dinars 940. C'est un montant qui se rapproche des deux milliards de dinars annoncés. A la différence que ces mouvements ont été effectués non pas en deux semaines, comme le laisse croire la rumeur, mais sur toute l'année. La tendance après la révolution est aux retraits bien plus qu'aux dépôts, c'est un fait, précise encore l'expert. Or, si la mesure du secret bancaire est mal expliquée, cette tendance risque de s'aggraver davantage, prévient-il. De toutes les manières, on attend la suite des statistiques de la BCT de l'année 2014».
Autre question posée par notre journal : «Des mesures sont pratiquées à travers le monde pour lutter contre les retraits massifs ; ce n'est rien d'autre que l'annonce par l'Etat de la non-validité de certains billets de 30, 50, 100 DT par exemple, à partir d'une certaine date. Du coup, les gens sont obligés de rendre leur argent à la banque. En Tunisie, peut-on appliquer ce genre de mesures pour lutter contre les mouvements de retrait massif ?»
«Non, répond net l'expert, on n'a pas la culture nécessaire pour cela. Le taux de bancarisation n'est pas au niveau des pays développés. La Tunisie affiche un taux de bancarisation respectable, mais il n'atteint pas le degré de ces pays là. De plus, tout ce qui est économie souterraine, transactions non contrôlées qui relèvent de l'économie parallèle est de l'ordre de 53% du PIB. Si le PIB est aux alentours de 75 à 80 milliards de dinars, l'économie souterraine s'élève à hauteur de 35 à 40 milliards de dinars. Ces liquidités qui circulent au noir échappent au contrôle du système bancaire. A partir de là, même si on prenait ce genre de mesures, les effets nocifs de l'économie informelle persisteraient. Sans parler du fait que nous manquons de discipline intronisée par rapport à ce genre de mesures. Par contre, il faut renforcer l'élément confiance. Et il faut savoir communiquer, c'est primordial», a-t-il encore insisté.
Un plan d'action global fait défaut
Et la santé économique du pays se porte-t-elle mieux ? Autre question posée par La Presse. « Les indicateurs sont pires que l'année précédente. Aucun indicateur ne s'est amélioré, regrette Moez Joudi. Le déficit commercial est en train de se creuser. Au premier semestre 2014, nous sommes à 6,7 milliards de dinars de déficit commercial, c'est-à-dire l'équivalent de 2010 mais sur toute l'année. Aucune relance au niveau de la croissance n'est enregistrée. On va terminer l'année avec un taux de croissance qui se situe maximum à 2,4%- 2,5%. Une baisse notable de l'investissement est enregistrée : -14% par rapport à la même période de l'année dernière. Le taux d'inflation est, lui, en hausse. Aucun des indicateurs phares n'est donc au vert ou même ne s'est relativement amélioré, sans vouloir verser dans l'alarmisme, a-t-il regretté. Maintenant, si on mettait les chiffres de côté, concrètement ce gouvernement est en train de faire plus d'efforts. Il a tendance à voir mieux les choses que les gouvernements précédents, compare notre interlocuteur. Il est conscient des difficultés économiques, il était sincère dès le départ, et tente d'entreprendre des mesures, à travers le projet de loi de finances complémentaire et la lutte contre l'économie souterraine. L'exécutif est en train de répondre à des priorités en matière de réformes et de mesures qui peuvent être à l'origine de la relance économique. Par contre, ce qui fait défaut, nuance M.Joudi, c'est une stratégie claire, un plan de sauvetage, une politique économique au niveau des grands axes. Un dialogue économique a été lancé, lequel à mon avis n'a pas abouti, parce qu'il y a eu interférence des composantes politiques. Par ailleurs, et même s'il y a des réformes fiscales ou bancaires, elles ne rentrent pas dans le cadre d'un plan d'action global».
Autre problème pointé du doigt par Moez Joudi : l'instabilité et l'insécurité dont souffre le pays. Pour booster l'investissement, des conditions sont requises, si elles ne sont pas réunies, l'investissement fera toujours défaut, selon lui. L'éparpillement du pouvoir entre le président de la République, le président du gouvernement et l'Assemblée nationale a été le dernier point évoqué par notre interlocuteur. «Un éparpillement qui entrave une prise de décision rapide et qui rend la marge de manœuvre du chef du gouvernement très limitée», a-t-il regretté en guise de conclusion.
Il est de notoriété publique, in fine, que les retraits d'argent ont été tellement importants après la révolution que de sérieuses craintes ont été exprimées par des hauts responsables au sujet du système bancaire national, sommes-nous sortis de la zone alerte rouge ? On ne le sait pas. Les problèmes dont souffre l'économie nationale requièrent de la souplesse, un maximum de réactivité et de la rapidité dans le traitement des dossiers. Espérons qu'avec le nouveau pouvoir politique, les multiples difficultés qui ont miné le pays à tous les niveaux de la gouvernance, ces trois années durant, seront aplanies.


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