Elaboré l'année dernière, ce projet prévoit que des opérateurs privés produisent et vendent à la Steg l'énergie renouvelable qui sert à la production et à la consommation d'électricité à l'échelle nationale. Cela n'arrange pas la Société tunisienne de l'électricité et du gaz qui craint de ne pouvoir supporter à la longue le coût d'achat du kilowatt/heure qui pèsera lourd sur des finances déjà au plus mal Les employés de la Steg s'opposent catégoriquement au projet de loi sur la privatisation de la production d'électricité à partir des énergies renouvelables, actuellement en cours de débat à l'ANC. En grève depuis deux jours, ils sont allés, hier, le crier haut et fort devant le siège de l'Assemblée nationale constituante. Et pour cause : si elle passe à l'Assemblée, elle restreindra considérablement le champ d'activités de la société de l'électricité et de du gaz et pèsera lourdement sur l'équilibre financier déjà fragile de cette dernière. Cette loi, qui a été élaborée l'année dernière, prévoit que des opérateurs privés produisent et vendent à la Steg l'énergie renouvelable qui sert à la production et à la consommation d'électricité à l'échelle nationale. Cela n'arrange pas la Société tunisienne de l'électricité et du gaz qui craint de ne pouvoir supporter à la longue le coût d'achat du kilowatt/heure qui pèsera lourd sur des finances déjà au plus mal. En effet, acheter l'énergie renouvelable auprès d'opérateurs privés lui reviendra plus cher que de continuer à la produire — la Steg s'alimente en énergie renouvelable à partir de ses propres centrales — et ne fera que creuser davantage son déficit. « Ce projet de loi oblige la Steg à acheter, chaque année, auprès d'opérateurs privés les énergies renouvelables produites par leurs centrales, relève Taieb Ourari, membre de la fédération syndicale de la société. Cela représente un manque à gagner considérable pour la Steg qui va devoir interrompre la production de ses propres centrales pour lesquels elle a consenti de lourds investissements. Cela va occasionner des dépenses supplémentaires ». Pourtant d'autres alternatives avaient été proposées par la commission technique chargée, l'année dernière, d'apporter des propositions pour l'élaboration de ce projet de loi. Mais toutes ont été rejetées, à l'exception du scénario prévoyant de développer les énergies renouvelables, afin de réduire la dépendance au gaz naturel devenu trop coûteux. Energie du futur : plusieurs scénarios La réflexion avait été engagée, l'année dernière, dans ce sens par le ministère de l'industrie et de l'énergie afin de préparer une transition énergétique devenue inévitable, vu la flambée du coût des énergies fossiles afin d'esquisser les lignes de la nouvelle politique qui sera mise en place à l'horizon 2030. « Ce projet de loi, fruit de cette réflexion, va donc définir cette politique énergétique qui sera essentiellement orientée vers l'exploitation des énergies renouvelables ». Plusieurs scénarios avaient été proposés dont celui de produire de l'électricité soit à partir du nucléaire, soit à partir du charbon, soit en combinant le gaz naturel, l'éolienne et le solaire ou en exploitant essentiellement les énergies propres. C'est ce dernier scénario qui a été retenu mais nous ne nous doutions pas que le ministère allait donner la part belle aux opérateurs privés!». Aujourd'hui, les agents de la société s'inquiètent d'une loi qui prévoit de nombreux avantages pour les investisseurs privés voulant se lancer dans ce créneau. Jugés prioritaires par le ministère, ils pourront acquérir les meilleurs sites pour la production et l'exploitation des énergies renouvelables alors que la Steg prévoit également de créer d'autres centrales. « Notre société veut dans les prochaines années développer davantage sa production et son exploitation d'énergies renouvelables pour répondre aux besoins du marché national en électricité. Elle ne le pourra pas dans la mesure où les meilleurs sites vont être exploités par des privés nationaux ou étrangers. Cela va nous limiter dans notre production d'énergie renouvelable qui va servir à la production d'électricité. Nous devrons, par conséquent, automatiquement nous approvisionner en énergie renouvelable auprès des privés ». Quant au prix d'achat du kilowatt, il ne sera probablement jamais révisé à la baisse même si des technologies moins coûteuses seront utilisées à l'avenir pour la production des énergies renouvelable, rajoute, par ailleurs, M. Ourari. Il ne s'agirait pas du seul inconvénient. Si la Steg s'approvisionne auprès de privés, elle devra automatiquement développer l'infrastructure et les équipements nécessaires au transport de cette énergie, note, de son côté, M. Abdallah Hassine, membre du syndicat de base. «Si ce projet de loi est adopté, la société devra faire face à des dépenses considérables. Et c'est le consommateur qui payera la facture ».