Vita Club ne sera pas facile à rendre à la raison, demain (18h00), dans le chaudron du Mhiri. Mais les «Noir et Blanc» y croient fermement. Il y a huit ans, le Club Sportif Sfaxien vivait dans le froid de la cuvette de Radès la plus grande déception de son histoire. Une poignée de secondes avant le coup de sifflet final, le maître à jouer d'Al Ahly d' Egypte, Mohamed Aboutrika, enterrait les espoirs du représentant tunisien d'enlever pour la première fois le trophée continental le plus prisé. Tel un coup de massue, ce but offrait une énième couronne au club africain du siècle et renvoyait les «Noir et Blanc» à leurs illusions. Cette finale-là, personne ne l'a oubliée : ni ce but-assassin de la dernière minute alors qu'un nul 0-0 suffisait au CSS, ni l'arbitrage scandaleux du Béninois Coffi Codjia, ni encore moins l'idée saugrenue de brader le chaudron du Mhiri de Sfax en allant s'exiler à Radès au prétexte d'assurer de juteuses recettes au guichet. Un rêve était passé. Le CSS devra encore patienter alors qu'il aurait pu, dès l'automne 2006, brandir la Champions League bien avant l'Etoile Sportive du Sahel (2007) et l'Espérance Sportive de Tunis (2011). Le sort était ainsi jeté. Quelquefois, on ne peut rien contre. La voie lactée Cette année, c'est l'occasion ou jamais ! Le club sudiste est au top, il possède tous les arguments pour réparer cette injustice de l'histoire qui le voit trois fois couronné par la coupe de la CAF, mais jamais récompensé dans l'épreuve-reine, la lucrative Ligue des champions qui ouvre la voie de la Coupe du monde des clubs. Soit de «l'universalité». Avouez qu'une génération truffée de champions de la classe de Fakhreddine Ben Youssef, Ferjani Sassi, Ali Maâloul, Brahima N'dong..., la fameuse «Sfax-connection», ne peut pas manquer éternellement son rendez-vous avec l'histoire. Une sorte de voie lactée à suivre... Un équilibre subtil Mais n'allons pas vite en besogne : il reste encore du chemin à faire, soit inverser la tendance jusque-là favorable aux Congolais de l'AS Vita Club, vainqueur de la première manche des demi-finales (2-1) dimanche dernier au stade Tata Raphael de Kinshasa. Certes, une courte victoire (1-0) qualifierait les hommes du Français Philippe Troussier. Encore faut-il réussir cet équilibre subtil : marquer sans prendre de but, se montrer d'un réalisme cynique, hermétique derrière, tout en trouvant au moins une fois l'ouverture devant. Jusqu'à quel point l'absence de Mahmoud Ben Salah en défense et de Taha Yassine Khenissi aux avant-postes va-t-elle peser ? Si les Noir et Blanc peuvent s'appuyer sur un milieu de terrain royal avec les Sassi, N'dong, Moncer et Chellouf, il reste à trouver un complément à l'homme le plus affûté en matière de percussion et de force de pénétration, Fakhreddine Ben Youssef. Derrière, le quatuor composé de Maman Youssoufou, Ali Maâloul, Ziad Derbali et Bassem Boulaâbi possède les moyens de neutraliser les tentatives de Luvumbu et Mubele, buteurs à l'aller. D'autant que le gardien Rami Jeridi pète le feu malgré la légitime frustration engendrée par sa non-convocation en équipe nationale. En tout cas, le stade M'hiri est taillé sur mesure pour exaucer les rêves sfaxiens. On peut d'ores et déjà parier que les dix mille spectateurs attendus (le quota autorisé) vont mettre une ambiance de tonnerre et pousser leurs favoris vers la victoire. Il est clair que le coach Troussier joue gros. Contesté depuis quelques semaines déjà, il a besoin d'un grand succès —genre une accession en finale de la LCA— pour redresser sa cote d'amour auprès des tifosis et confondre les sceptiques. Concentration, détermination, vigilance et rigueur : le club phare du Sud tunisien a besoin de ces vertus pour signer un de ces exploits qui marquent l'histoire, à savoir l'accès à la 2e finale de la Ligue des champions de l'histoire du club. Que leur volonté soit... fête!