Sur la période 2008-2013, la moyenne annuelle des lots vendus par l'Agence foncière d'habitation est de 892. La disponibilité des périmètres fonciers constitue un élément important de la politique mise en place en matière d'habitat Le patrimoine foncier ne cesse de diminuer d'une année à l'autre alors que la demande évolue à un rythme soutenu. En effet, plusieurs personnes et agents immobiliers préfèrent réaliser leurs projets dans des terrains viabilisés et situés dans des axes stratégiques, de préférence proches des structures administratives, commerciales et hospitalières. Le regroupement de ces structures dans un périmètre délimité évite aux habitants d'effectuer des déplacements et une perte du temps. Or, le Grand-Tunis, à titre d'exemple, est devenu très encombré même si une extension urbaine a été réalisée pour construire de nouveaux immeubles. Certaines personnes vont jusqu'à recourir au secteur informel et à l'habitat anarchique pour satisfaire leurs besoins. Dans plusieurs zones du Grand-Tunis et d'autres villes côtières, l'on constate, depuis des années déjà, l'étendue de cet habitat anarchique qui exploite, dans plusieurs cas, des terres agricoles fertiles et même une partie des forêts ou du domaine marin public. Pourtant, l'Agence foncière d'habitation (AFH), créée en 1973, a été chargée de produire des lotissements aménagés et de contribuer à la création d'un environnement urbain sain et harmonieux. En effet, les terrains à viabiliser doivent respecter les plans d'aménagement qui prévoient, en général, des espaces verts, des structures de services, des écoles, des dispensaires... Le but est de fournir aux habitants un cadre de vie approprié doté de toutes les commodités. Une demande sur cinq est satisfaite De plus, l'AFH dispose d'une base de données de 321 mille demandes de lots de terrain enregistrées et stockées dans son système informatique. Ce chiffre indique qu'une bonne partie de la population tunisienne est exclue du système de l'agence, relève une étude de Mohamed Haddar, consultant et expert économique. Les données montrent aussi que deux grandes agglomérations urbaines connaissent les plus fortes demandes en terrains destinés à la construction, à savoir celle du Grand-Tunis avec 183 mille demandes et le Centre-Est avec 46 mille demandes, soit respectivement 57 et 14% de l'ensemble. Ces deux agglomérations sont parmi les plus développées en Tunisie puisque c'est là que l'on trouve la concentration administrative et tous les établissements publics de services en plus des entreprises industrielles, commerciales et autres. Face à cette demande, l'AFH n'a offert qu'à peine 77 mille terrains (76 794 exactement), soit environ une demande sur quatre est satisfaite (24%). Dans le Grand-Tunis, le taux de satisfaction est moins important, se situant à 19% seulement, soit environ une demande sur cinq est satisfaite. Il est évident que l'Etat veut gérer d'une façon rationnelle les réserves foncières, notamment dans les périphéries des grandes villes, pour les utiliser en cas de besoin dans des projets vitaux. Cela n'empêche que sur la période 2008-2013, la moyenne annuelle de lots vendus est de 892. Toutes les demandes présentées ne peuvent donc pas être satisfaites en même temps. Un certain nombre de critères est établi pour définir les priorités en favorisant, bien entendu, la transparence dans toutes les opérations de vente. Par ailleurs, le coût du mètre carré aménagé par l'Agence tourne autour de 35 à 45% des prix pratiqués par les promoteurs privés, avec souvent une qualité meilleure que celle des privés. Les acheteurs préfèrent, dans leur majorité, recourir à cet établissement public qui fournit des garanties et un rapport qualité-prix attrayant. Revers de la médaille, les délais de vente sont souvent très longs dans la mesure où le cycle de projet dépasse largement les sept ans et plusieurs demandeurs finissent par abandonner. Croissance de la productivité du travail Ce cycle est appelé à s'allonger — selon l'expert économique — à cause notamment des difficultés rencontrées en matière d'acquisition des espaces fonciers et d'éparpillement de la propriété. La forte demande est aussi pour quelque chose dans ce retard, d'autant plus que la liste des demandeurs ne cesse de s'allonger. S'agissant de la situation financière de l'AFH, et sur la période 2008-2013, avec 647 salariés environ, il a été possible de réaliser un chiffre d'affaires de 77,5 MD et un résultat brut d'exploitation de 16,7 MD. Les salaires représentent, à eux seuls, 20,3% du chiffre d'affaires. C'est dire, le taux important de la masse salariale dans le schéma financier. D'importantes fluctuations sont, de même, enregistrées au niveau du chiffre d'affaires, des résultats d'exploitation et des lots vendus. Ces chiffres en dents de scie sont liés aux problèmes de disponibilité des périmètres fonciers. Seuls les salaires ont augmenté, sur la période 2008-2013, en moyenne annuelle de 4,2%, alors que le taux de croissance de la productivité du travail, mesurée par le chiffre d'affaires par salarié, est de -1,3% en moyenne annuelle sur la même période indiquée. Les salaires par lot de terrain vendu varient entre 12 et 25 mille dinars et s'élèvent à environ 19 mille dinars en moyenne sur la période 2008-2013. Les données indiquent que le résultat brut d'exploitation est en moyenne annuelle de 16,7 MD. Il est passé de 32,5 MD en 2009 à moins de 3,3 MD en 2010 et les charges salariales représentent une moyenne annuelle de 20,3% du chiffre d'affaires de l'entreprise et passent de 16,7% en 2009 à 25,4% en 2011 et à 25,6% en 2012. L'entreprise est appelée à faire preuve de vigilance et à préserver ses fondamentaux pour qu'elle puisse poursuivre ses activités dans un domaine délicat comme celui du foncier. Il est prévu d'ailleurs que la demande connaisse, d'une façon générale, une évolution importante au cours des années à venir compte tenu des besoins des agences immobilières et des particuliers en logements à construire.