Les artisanes qui vivent à la campagne trouvent des difficultés pour écouler leurs produits Ayant fait de l'artisanat leur source principale de revenus, les femmes rurales ont exposé la semaine dernière, à l'avenue Habib-Bourguiba, des produits entièrement façonnés à la main. Ce sont elles qui, souvent, prennent en charge la scolarité de leurs enfants et même parfois celle des enfants de leurs proches. Inès fait partie de cette catégorie des femmes militantes, pour cause. Elle participe à la promotion et au développement de la poterie dans sa région natale. Makthar connaît beaucoup de difficultés, dont notamment la désertion de la zone par les touristes. Les femmes rurales de cette région manquent de moyens financiers et trouvent des difficultés pour écouler leurs produits. Inès a défié ces difficultés. Son stand regorge de produits en argile minutieusement préparés et décorés à la main. «La cuisson est réalisée de manière traditionnelle à base de déchets de bois», indique-t-elle, sur un ton fier. Toutefois, elle dénonce le manque de points de vente : «J'expose occasionnellement lors de la foire du Kram, celle de Carrefour ou celle de Den-Den», a observé la jeune femme. Et de poursuivre qu'elle a participé également à des foires à Nabeul, Sousse, Hammamet et Monastir. Organisée à l'initiative de l'Utap, cette manifestation a regroupé plus d'une trentaine de femmes venues pour la plupart de Nabeul, Maâmoura, Zaghouan... Ces artisanes, qui ont appris le métier de mère en fille, travaillent à la sueur de leur front. Zakia et Manoubia fabriquent tous les ingrédients et les épices diari. Le cumin est vendu à 12D, la bssissa fabriquée entièrement maison et à l'eau de rose est écoulée à 25D le litre. «Nous avons appris à préparer ces épices grâce au savoir-faire de notre grand-mère. Cependant, nous souhaitons bénéficier d'un crédit pour acheter un moulin. Notre commerce est prospère grâce à Dieu. Nos clients apprécient les produits faits maison, raison pour laquelle nous travaillons des heures entières. Nous sommes trois femmes désireuses d'agrandir notre activité et de commercialiser nos produits en dehors de notre région natale». A l'instar de Zakia, Manoubia... Z. Bel Haj Abdallah est aussi une jeune battante. Agronome de son état, cette femme dynamique a préféré démissionner et louer une ferme agricole pour élever du bétail et fabriquer de l'huile d'olive. Pour participer à cette foire, elle a ramené de sa ferme sa fameuse huile d'olive, commercialisée à 6D le litre, et son beurre fabriqué de façon traditionnelle, vendu à 15D le kilo : «Je suis aidée par une vingtaine de femmes installées à El Fahs, raconte l'agricultrice. Dans 40 ans, je pourrai acheter la ferme que je loue aujourd'hui». Et d'ajouter : «Je me lève chaque jour à 6h00 pour traire les vaches, je m'occupe du bétail, je prépare l'huile, je livre le lait aux usines...». D'autres femmes ont choisi la pâtisserie traditionnelle, le miel, les couffins et les tapis. Battantes, menant une guerre contre l'adversité, elles ont pour souci d'agrandir leurs projets et de faire écouler leurs produits.