Zina Hallak et Zied Touati pointent du doigt la routine et l'ennui, mais surtout le manque de dialogue et d'ouverture. El Teatro vient d'accueillir un cycle de la pièce «Corps à corps», du duo Zina Hallak et Zied Touati. Cette brève apparition de trois jours (les 30, 31 octobre et le 1er novembre) n'est pas passée inaperçue. La pièce est une adaptation de l'œuvre «Die Zimmerschlacht» de l'écrivain allemand Martin Walser. L'écriture et la mise en scène sont signées par les deux comédiens. Quant au thème, c'est l'un des plus problématiques dans le monde arabe : la vie quotidienne des couples. Un thème qui a nourri plus d'une œuvre classique et contemporaine. Dans «corps à corps», c'est un amour à mi-chemin. Le couple en question est marié depuis 19 ans. Le mari et sa femme s'apprêtent à sortir pour une soirée entre amis mais le programme va changer. Il est temps de se dire ses quatre vérités ! Les comédiens ont choisi d'écrire dans leurs langues respectives et d'imaginer leurs personnages comme un couple mixte. Un choix qui leur a permis d'enrichir les situations et les dialogues. En contrepartie, ils ont opté pour une mise en scène minimaliste, avec des poufs pour simple élément de décor. Comme les pièces d'un jouet, ces poufs sont assemblés et démontés selon les tableaux. Ils passent d'un espace commun (table ou lit) à un élément de séparation du couple, en devenant des chaises et parfois même un mur. Une projection complète ce décor, pour donner le cadre temporel (fenêtre à travers laquelle le spectateur voit que la nuit tombe) ou pour accentuer l'ambiance générale ou ce que ressent l'un des personnages (le mari qui s'imagine dans une salle d'interrogatoire devant le flux de questions posées par son épouse). Dans la présentation de la pièce, ils expliquent que leur travail soulève un certain nombre de questions sur la relation conjugale. «Pourquoi une relation amoureuse et harmonieuse s'évanouit-elle? Comment expliquer la violence psychologique et physique qui s'installe en son sein? Devant l'impasse, comment peut-on la réanimer et lui redonner vie?». Ces interrogations nourrissent le constat amer d'un monde arabe qui serre de plus en plus l'étau sur ses couples, les obligeant à prétendre un bonheur simulé au nom d'une image de l'amour désormais obsolète. La pièce se termine par une décision commune du couple d'aller à la soirée juste pour montrer combien ils sont heureux ensemble... Un masque qui ne veut pas tomber et qui cache la misère de millions d'humains.