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Hodna de Salha Nasraoui, au 4e Art : Trêve de plaisanterie
Théâtre
Publié dans La Presse de Tunisie le 21 - 05 - 2010

C'est sérieux ! On ne plaisante pas dans Hodna, la pièce produite par Entracte, signée Salha Nasraoui et jouée par Nedra Toumi, Sadok Helouass et Ridha Boukaddida, que l'on a pu découvrir lors de sa première, dimanche 16 mai.
On rit, mais on ne plaisante pas ! Ou, peut-être, l'objet de la plaisanterie est-il si amer qu'il ne donne pas l'air de plaisanter ? La pièce commence par le solo d'une femme qui se raconte, errante dans la rue par une nuit pluvieuse. Elle s'arrête pour nous guider dans sa vie, depuis son corps pourri par la cigarette et la fuite vers le sommeil jusqu'à son cœur écœuré par une existence qui ne lui convient plus, un amour qui l'étouffe et qu'elle étouffe.
Huit ans de mariage sans enfants ! Son mari ne tarde pas à la rejoindre, confiant de la trouver là où ils se sont rencontrés la première fois. Il fait ainsi tomber le masque sur l'amour de sa femme pour lui, qu'elle essaye de rejeter faute de pourvoir cohabiter avec. La femme et son mari, hôtesse de l'air et médecin, parlent, se confessent, se disent leurs quatre vérités et s'imaginent même des scénarios où chacun tue l'autre : il la laisse tomber du haut de l'immeuble. Elle le met en morceau dans des petits sachets en plastique qu'elle distribue généreusement au voisinage. Leurs efforts de s'offrir une trêve (hodna en arabe, d'où le titre de la pièce) semblent vains.
Et pourtant, c'était un mariage d'amour! Lorsque chacun prend la parole, on veut bien le croire, il tisse bien sa version de leur vie de couple. Chacun porte ainsi les signes, voire les symptômes d'une double identité : la sociale qui renvoie à la beauté, la réussite professionnelle et le bonheur apparent et la privée où l'on se gâche, où l'on est «les meilleurs ennemis du monde», comme le chantent si bien Pascal Obispo et Zazie. Altercations et moments de calme relatif nous livrent des secrets qu'ils ne tiennent plus à garder. Leur dialogue semble être sans issue : quand il lui demande pourquoi nous sommes devenus comme ça, elle lui parle de l'emprise du père sur lui.
Voilà qui introduit le 3e personnage, la pièce manquante de leur puzzle relationnel. Le père, un veuf, ex-colonel, est omniprésent dans leur vie. Il débarque chez eux quand bon lui semble avec la prétention de vouloir régler leurs problèmes. Il veut, en fait, s'assurer du bon fonctionnement de «l'entreprise familiale» de son fils, «la famille étant le noyau de la société» dit-il, et surtout, persuader sa belle-fille de lui donner un petit-fils qui assure la continuité de leur souche. Cette relation étouffe le mari, déchiré entre un père qui le veut son parfait prototype, et sa femme qui le lui rappelle sans cesse, insatisfaite et à son tour dans le désir de se libérer de cette emprise. A eux deux, dans un moment de clarté, arrive ce qui leur semble la solution : il faut tuer le père, puisque le cordon refuse de se couper !
Mais ce même père, quand il ressort ce qu'il a vraiment sur le cœur, évoque à son tour un père qui l'a obligé à épouser une cousine dont il n'est pas amoureux, qui ne lui inspire aucun désir et dans laquelle il ne voit gain que dans la naissance de son fils. Il serait ainsi un leurre de considérer ces personnages d'un seul égard, de les classer dans le camp des bons ou des mauvais. Tous sont des victimes et tous se comportent en bourreaux.
Si cette pièce était un point dans l'espace, il serait constitué d'un triangle dans un cercle. Le triangle c'est la relation qui lie les trois personnages, avec des côtés aux longueurs très inégales. Le cercle, c'est tout ce qu'il y a autour, codes sociaux, système pourri et valeurs destructrices. On naît dedans, mais on choisit de s'y enfermer ou pas. C'est sans doute par peur d'être un point dans l'espace, un point sans repères ni limites pour encadrer et protéger celui que l'on choisit queles que soient les dimensions du triangle, de rester bien à l'intérieur du cercle. C'est, en fait, avec soi qu'il faut faire la paix et considérer la trêve.
Même si le sujet de la pièce est commun et récurrent depuis la nuit des temps, il prend différentes formes selon les époques et c'est l'un des rôles du théâtre de transmettre, d'écrire et de réfléchir dessus, avec un bon texte, une bonne mise en scène et de bons comédiens, tout ce qui fait de Hodna un bon moment de théâtre.


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