Par Moez Hababou, PhD Dans cet article, je réexamine les résultats des élections législatives en essayant de répondre à une question simple : était-il nécessaire de voter utile pour que le camp progressiste gagne ? Lors des dernières élections, les électeurs de centre ont déserté en masse les partis progressistes les plus petits et ont voté massivement pour Nida Tounès. Deux thématiques principales ont dominé la campagne électorale pour les élections législatives. D'un côté, les partisans d'Ennahdha et du CPR scandaient que la victoire de Nida Tounès présagerait le retour du RCD. De l'autre, les partisans de Nida Tounès répétaient le message que tout vote autre que pour Nida Tounès était équivalent à un vote pour Ennahdha. Evidemment, la thématique des partisans de Nida a gagné tel qu'en témoignent leurs victoires dans les élections. Les plus grandes victimes du vote utile ont été le Parti républicain et le Courant démocrate (1 siège chacun en 2014), l'UPT ou ex-Al-Massar (aucun siège en 2014), qui ont perdu les deux 27 sièges par rapport aux élections de 2011. Et si les électeurs avaient voté intelligent au lieu de voter utile Une analyse rapide du nombre et pourcentage de vote perdu par circonscriptions lors des législatives montre clairement que les partis progressistes ont perdu beaucoup moins de votes dans les régions côtières et que la stratégie de coalition (équivalente au vote utile) n'est bénéfique que dans les régions intérieures (avec quelques exceptions). Par la suite, je simule les résultats des élections sur que ce serait-il passé si les électeurs avaient voté intelligemment et n'avaient pas choisi de voter utile à outrance. J'ai simulé trois scénarios où les partis progressistes les plus lésés par le vote utile (Jomhouri, UPT, Alliance démocratique, et Moubadara). Dans le premier scénario, je suppose que les mêmes partis reçoivent les mêmes pourcentages de vote que lors des élections législatives de 2011. Dans le deuxième scénario, je double le nombre de votants dans les régions côtières (Tunis, Bizerte, Nabeul, Sfax, et les gouvernorats du Sahel) pour les partis mentionnés. Dans le troisième scénario, je triple le nombre de votants pour les mêmes régions. La simulation montre que les trois scénarios sont très proches et ne résultent pas en des sièges supplémentaires pour le bloc progressiste. Ça démontre toutefois que ça n'aurait pas changé l'issue des élections et menacé la première place de Nida Tounès (critique pour décider qui formerait le gouvernement).