L'Organisation de défense du consommateur recommande au gouvernement de réfléchir à un mécanisme de ciblage et de compensation aux couches sociales dont le pouvoir d'achat est durement touché par l'inflation avant de lever la subvention sur les produits de base La possible augmentation du prix de certains produits de base et la détérioration du pouvoir d'achat des consommateurs préoccupent de plus en plus l'Organisation de défense du consommateur (ODC). Le président de l'ODC, Khaled Zarrouk, a tenu, hier, une conférence de presse au cours de laquelle il a abordé plusieurs points relatifs notamment aux conséquences négatives qui découleront d'une probable levée de la subvention des produits de base ainsi que de l'augmentation des prix des hydrocarbures, de l'eau et de l'électricité. Les couches pauvres et moyennes ont déjà de plus en plus de mal à faire face à la cherté de la vie et une nouvelle hausse des prix des produits de base ne rendra que plus difficile la satisfaction des différents besoins des ménages qui ont déjà du mal à joindre les deux bouts. Le président de l'ODC estime qu'aucune loi ne protège le consommateur qui se retrouve dans un marché libre régi par la seule et cruelle loi de l'offre et de la demande. « L'augmentation des matières premières a poussé les grands industriels à faire pression sur le gouvernement pour augmenter le prix de vente de leurs produits sur le marché. Le consommateur n'est pas du tout protégé de cette fluctuation des prix qui mine grandement son pouvoir d'achat. Le rôle de l'ODC est de veiller à l'intérêt du consommateur », note M. Khaled Zarrouk. Le président de l'ODC aurait notamment ouï-dire que certains produits de base ne seront plus subventionnés à partir de l'année prochaine. Pouvoir d'achat durement touché Inquiète de cette probable hausse des prix, l'Organisation de défense du consommateur a publié un communiqué dans lequel elle recommande au gouvernement de ne prendre aucune initiative relative à une levée de subvention des peu de produits encore subventionnés, sans avoir réfléchi auparavant à des mécanismes de ciblage, de protection et de compensation des couches sociales les plus démunies et sans avoir consulté toutes les parties concernées. « Après la révolution, les prix de plusieurs produits non subventionnés ont explosé, relève le président de l'organisation. 70% des ménages trouvent de plus en plus de difficultés à subvenir à leurs besoins. Nous voulons un mécanisme de ciblage des familles et des personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté ainsi que de celles qui perçoivent un revenu mensuel inférieur à quatre cents dinars. Il faut trouver un autre moyen de protéger le pouvoir d'achat de ces franges de la population », lit-on dans le même communiqué. Augmentation non justifiée du prix de l'électricité Le président de l'ODC s'indigne également de l'augmentation des prix de l'électricité et du gaz, prévue à partir du 1er janvier 2015. Il est à rappeler, dans le même sillage, que deux augmentations avaient déjà eu lieu en 2014. Selon M. Zarrouk, cette troisième augmentation n'est pas justifiée dans la mesure où le prix des hydrocarbures a baissé à l'échelle internationale — le prix du baril de pétrole a atteint son plus bas niveau historique — alors qu'une amélioration des recettes fiscales est attendue pour l'année 2015. « Il n'y a pas eu d'augmentation du prix des hydrocarbures à l'échelle internationale, il n'y a, par conséquent, pas de raison d'augmenter la facture d'électricité», ressasse le président de l'organisation. Mohamed Zarrouk a émis quelques réserves quant à certains articles du projet de loi de finances pour l'année 2015. Les orientations économiques et sociales dudit projet devraient être clarifiées pour les cinq années à venir, selon le président de l'organisation qui a pointé du doigt les dysfonctionnements des mécanismes du marché dus, entre autres, à la contrebande ainsi qu'à la non-application et la faiblesse des lois. «Il faut stopper l'inflation. Il faut recréer le Conseil économique et social. Ce projet de loi ne prévoit pas de réformes en profondeur. Une des mesures prévues est de réduire le taux de la TVA de la facture d'électricité qui a été portée à 12%. Nous voulons que cette TVA soit réduite à 6%. Il en est également de même pour la TVA de la facture de la Sonede. Elle devrait être ramenée aussi à 6%. ».