La valeur travail occupe la troisième place chez le Tunisien, après celle de la famille et les valeurs religieuses, selon une étude sur «la valeur travail et les raisons de la faiblesse de la productivité en Tunisie » réalisée par l'universitaire Karim Ben Kahla A l'échelle internationale, sur 60 pays, la Tunisie occupe la quatrième place en ce qui concerne la valeur travail, d'après les résultats d'un programme de recherche internationale (World Value Survey), a indiqué M. Ben Kahla dans une interview accordée hier à l'agence TAP en marge des Journées de l'entreprise (Sousse, 5 et 6 décembre 2014). Pour le Tunisien, le travail se limite à une fonction et n'a pas de rapport avec l'innovation et la créativité. Mais, en dépit de l'importance qu'accorde le Tunisien à son travail, sa productivité demeure faible en raison des conditions de travail et du climat au sein de l'entreprise (notamment les relations humaines), sa conception du travail et la faiblesse du système de valeur. L'ambiance avant le salaire Le Tunisien accorde un grand intérêt au climat de travail (les relations au sein de l'entreprise), lequel occupe la première position avant le salaire qui intervient en troisième position après la valeur travail. Selon l'étude qui a porté sur un échantillon de 1.204 citoyens, le Tunisien compte sur le gouvernement et attend des solutions «toutes faites» en dépit de la crise de confiance qui caractérise la société, notamment après la révolution du 17 décembre 2010/14 janvier 2011. La Tunisie détient cependant le taux de confiance le plus faible dans le gouvernement, d'après le programme de recherche internationale. «Si le concept de travail se limite à l'idée d'avoir un emploi, cela est dû à l'éducation et aux valeurs ancrées chez les enfants. Ces valeurs reposent sur l'obéissance au lieu de la création et de l'innovation, le respect de l'autre et le sens de la responsabilité», a encore précisé M. Ben Kahla. D'après lui, tant que la conception du travail se limite à un simple emploi, la crise de l'emploi risque de s'aggraver encore en Tunisie. Il a mis l'accent sur la nécessité de changer le modèle de développement économique à travers la mise en placed'une nouvelle culture du travail, tout en veillant à ancrer les valeurs de l'innovation et du respect de l'autre. Employés frustrés Il a appelé les entreprises tunisiennes à améliorer les conditions de travail et les relations humaines, d'autant plus que 80% des interviewés vivent une situation de frustration au sein de leurs entreprises. Il faut encourager les activités associatives au sein de l'entreprise afin de conforter la confiance en la société», a-t-il dit. Et d'ajouter que l'Etat est appelé à sensibiliser les citoyens à faire preuve d'initiative et à compter sur eux-mêmes.