70% des patients sont des malades chroniques Une grande bâtisse récemment construite, fonctionnelle depuis 2013, sert de service des urgences à l'hôpital Mongi-Slim. Il est 11h00 dans l'enceinte des urgences et une grande foule a envahi les lieux. Situé sur l'autoroute de Tunis, le service reçoit les accidentés de la route. Le professeur Mamoun Ben Cheikh, chef de service des urgences, nous a indiqué que l'unité des urgences a reçu, en 2014, 40.000 patients contre 60.000 en 2013.Le service connaît une grande affluence de 10h00 à 13h00 et trois équipes médicales se relaient le matin, l'après-midi et le soir. «Le coût d'extension des urgences est estimé à 20 milliards de dinars», précise le Pr Ben Cheikh. Dans le service des urgences, rien n'est laissé au hasard. Le patient répond à un questionnaire minutieux et l'équipe urgentiste accorde la priorité aux blessés graves. Les urgences sont constituées, outre les box de deux salles équipées d'un respirateur, d'un moniteur de surveillance pour mesurer et suivre l'activité cardiaque et de matériels pour mesurer la tension artérielle et fournir de l'oxygène au malade. Ces deux salles reçoivent les grands accidentés de la circulation ainsi que les cas pathologiques compliqués tels que les insuffisants cardiaques. C'est un médecin qui se charge de cette salle, aidé d'un technicien supérieur en médecine d'urgence. Aux urgences Mongi-Slim, les malades chroniques constituent 70% des cas. Dans l'enceinte, douze box équipés d'oxygène comportent des lits d'hospitalisation pour des patients dont la santé est précaire et qui n'ont pu être pris en charge à l'hôpital, à cause du surbooking. Am Frej Ben Zina, 70 ans, est retraité. Il est hospitalisé au services des urgences depuis quatre jours suite à des difficultés respiratoires. «J'ai fait des analyses. Ma santé s'est améliorée et j'ai hâte de rentrer», dit-il. Le cas de Am Ali est beaucoup plus compliqué. Ce patient diabétique, cloué sur un brancard depuis huit jours, attend qu'on lui trouve un lit à l'hôpital. «Je suis dans le service des urgences depuis huit jours, un médecin me consulte régulièrement et prend ma tension. Ce matin, l'infirmière m'a prélevé du sang, j'attends d'être transféré. Je suis là, faute de lit d'hospitalisation», explique le patient sur un ton inquiet. Farouk est un jeune homme de 31 ans. Il a subi un accident du travail : «Une barre en métal a troué ma jambe. Je suis arrivé aux urgences il y a trois jours; heureusement, l'os n'a pas été touché. Je suis revenu pour une question de formalité concernant mon congé de maladie». Les patients se succèdent jour et nuit aux urgences Mongi-Slim. «Les malades chroniques attendent longtemps pour être auscultés, c'est pourquoi ils préfèrent venir aux urgences lorsque leur cas se complique», explique le Pr Ben Cheikh. L'on apprend que les rendez-vous pour les maladies chroniques s'étendent jusqu'à 6 mois. Houda est femme au foyer. Ayant subi une opération à cœur ouvert à l'Hôpital Militaire en 1993, elle indique : «J'ai rendez-vous avec mon spécialiste chaque 6 mois, mais entretemps j'ai eu mal au cœur, raison pour laquelle je suis venue en urgence». Les urgences de l'hôpital Mongi-Slim sont archicombles et surchargées par les malades chroniques.