Electricité : des ventes presque inchangées en un an    Le ministère de la santé rappelle l'importance de l'examen prénuptial    Du nouveau dans l'affaire du meurtre de l'avocate à Manouba    Dès ce soir : pluies intenses, grêle et rafales de vent sur plusieurs régions    Sonia Dahmani visée par une nouvelle affaire sur la base du décret 54    Tensions en ligne entre Fatma Mseddi et Wael Naouar    La désertification menace une grande partie des terres tunisiennes    Le festival d'Oudhna 2025 se tiendra du 26 juillet au 5 août et sera consacré aux arts populaires    Huile d'olive : 195 000 tonnes exportées vers plus de 60 pays    Ridha Chkoundali : le conflit israélo-iranien risque d'entraîner une récession et une inflation en Tunisie    Climatiseur en été : 7 astuces puissantes pour éviter une facture électrique qui explose    Tunisie : Fin officielle de la sous-traitance dans le secteur public et dissolution d'Itissalia Services    Météo en Tunisie : températures en légère baisse    Les unités de la protection civile interviennent pour éteindre 198 incendies en 24 heures    Mercato basket : Oussama Marnaoui s'engage avec le Club Africain !    Il y un an Khémais Khayati nous quittait : la liberté à hauteur d'homme    Collision entre deux pétroliers dans le golfe d'Oman    Téhéran: l'Iran annonce le démantèlement d'une cellule du Mossad    Coupe du monde des clubs 2025 : sur quelle chaîne suivre Manchester City face au Wydad ?    L'Iran frappe avec les missiles Fattah : message clair à Tel-Aviv    Ridha Lamouri: Le galeriste passionné    OneTech lance son premier rapport de durabilité dans le cadre de son plan RSE "OneTech OneEarth"    Guerre israélo-iranienne : Ahmed Ounaies redoute un scénario à la George W. Bush    Récolte des céréales 2025 : des résultats prometteurs selon Salwa Zouari    Pétrole: le Brent finit à 76,45 dollars    En vidéo : réception de 111 bus chinois au port de La Goulette    Coupe du monde des clubs – L'EST s'incline face à Flamengo : Il fallait y croire dès le départ...    beIN MEDIA GROUP prolonge ses droits exclusifs de diffusion de la Premier League jusqu'en 2028    Tunisie : les réserves des barrages augmentent de 200 millions de m3 par rapport à 2024    Kaoutar Boudarraja est toujours en vie, selon sa famille    Officiel : Publication du décret relatif à l'interdiction de la sous-traitance dans le secteur public et à la dissolution de la société Itissalia Services    KOTOUF Festival célèbre le patrimoine littéraire et l'UNESCO à Djerba    Nuit chaude en perspective : jusqu'à 33°C attendus dans l'extrême sud    Ons Jabeur poursuit son parcours à Berlin en double et en simple    IsraëlIran : Trump annonce le contrôle de l'espace aérien iranien    Sabri Bachtobji candidat de la Tunisie pour diriger l'OIAC    Bibliothèque Verte du Belvédère: la réouverture prévue le 22 juin prochain    Parents, élèves : ne ratez pas cette info capitale sur les résultats du bac !    Meeting International de Tunis : 9 médailles pour la Tunisie lors de la première journée    Elyes Ghariani: L'alliance russo-chinoise au cœur du nouvel ordre mondial    Vers la fin de la sous-traitance dans le secteur public : Kaïs Saïed annonce un décret décisif    Walid Jalled condamné à six ans de prison pour corruption et blanchiment    Entrée ratée pour l'Espérance face à Flamengo en Coupe du monde des clubs    L'Espérance de Tunis au mondial des clubs 2025 : où regarder le match de l'Espérance de Tunis vs CR Flamengo du 17 juin    Caravane Soumoud : appel à libérer les personnes arrêtées pour retourner en Tunisie    Italian Screens : vitrine du cinéma italien du 17 au 22 juin 2025 à Tunis    Palais El Abdelliya célèbre le malouf avec la manifestation "El Abdelliya chante le malouf" (Programme)    A l'occasion du 40ème jour de son décès: cérémonie pleine d'émotion en hommage à l'ancien ministre et ambassadeur Tahar Sioud (Album photos)    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Poutine, la nouvelle obsession de l'Otan
D'Ivan le Terrible à Pierre le Grand
Publié dans La Presse de Tunisie le 29 - 12 - 2014

De notre envoyé spécial à Bruxelles, Soufiane Ben Farhat
Le privilège de l'homme libre consiste à tout soumettre à l'examen par le doute. Faire nappe blanche. Constamment et dans tous les cas de figure. Ne pas pleurer, ne pas rire, mais comprendre, comme disait Spinoza. Invité avec des journalistes tunisiens au siège de l'Otan à Bruxelles, pour des palabres géostratégiques, j'ai encore compris qu'en matière politique, l'évidence n'est pas la vérité. Et vice-versa.
Griefs contre Poutine
L'un de nos interlocuteurs était un général en civil qui tient à garder l'anonymat. Il a fait étalage de la frayeur qui a fait que Vladimir Poutine, le président russe, officie désormais comme le nouveau spectre qui hante l'Otan. Et pour cause. Résumons ses propos : «Les agressions de la Russie contre l'Ukraine ont bouleversé la donne fondamentalement. La Russie pratique ce qu'il convient de qualifier de guerre hybride. Poutine a annexé une partie de l'Ukraine, la Crimée, sans coup férir et sans tirer un seul coup de feu. La guerre hybride consiste à utiliser les médias, déstabiliser l'autre en utilisant les hommes dits verts en vue de semer la gabegie et créer un environnement favorable. Il pense que l'Occident est en train d'encercler la Russie. Entre-temps, grâce à l'adhésion de nouveaux pays membres, l'effectif de l'Otan a doublé. Il compte actuellement vingt-huit pays membres. De toute évidence, lorsque l'Ukraine a laissé entendre qu'elle voulait rejoindre l'Otan, Poutine a réagi. Il est revenu aux vieilles méthodes de l'Urss. La guerre hybride utilise aussi l'arme cybernétique. Ce fut le cas lors de l'élection présidentielle ukrainienne. L'un des candidats, ultranationaliste, avait été présenté par les Russes comme un néo-nazi. Les Russes l'avaient faussement donné vainqueur avec près de 37 pour cent des voix alors qu'il n'avait recueilli que 0,70 pour cent des suffrages. Ils avaient ravivé la frayeur, la vieille crainte russe des nazis. Ils s'étaient emparés du logiciel informatique et, une demi-heure durant, tous les networks l'avaient donné vainqueur. Le mal était déjà fait avant qu'on ne rétablisse les vrais chiffres. Les Russes utilisent également les réseaux sociaux. La guerre hybride est totale. Les fonds consacrés par les Russes aux médias se chiffrent à des milliards de dollars. Ils rachètent les médias occidentaux en temps de crise. L'Otan vise à asseoir une cyberdéfense contre les Russes à cent pour cent. Les Russes font des cyberattaques et on a dû obtenir un accord pour la cyberdéfense à l'unanimité mais d'une manière besogneuse».
Les griefs de l'officier de l'Otan contre Poutine se poursuivent, telle une litanie : «Poutine est très déterminé. Il peut être très dangereux. C'est un homme particulièrement fier de la Russie. Il refuse l'ouverture, la perestroïka, la glasnost. Il a été le cinquième premier ministre d'Eltsine. Il a réussi des exploits incroyables notamment en matière économique, sanitaire, etc. Les historiens diront s'il ressemble à Staline. Il a changé considérablement la donne géostratégique en Europe».
D'Ivan le Terrible à Pierre le Grand
Le général a omis de dire que le parti ultranationaliste russe avait distribué des traductions de Mein Kampf de Hitler sur la place Maïdan à Kiev et qu'il en a appelé à casser du Russe.
En fait, en Russie, comme ailleurs, l'histoire tisse des liens sourds, secrets, mais profonds. Après la dislocation de l'Urss, la Russie s'était retrouvée dans la nouvelle catégorie des Etats en déliquescence, les fameux failed states. Le pays était en voie de disparition après la chute du mur de Berlin, en 1989. C'est-à-dire à cause de l'alliance secrète du Vatican, de la CIA et de la coalition occidentale momentanément triomphante de la Guerre froide.
L'avènement de Vladimir Poutine équivalait à la réinvention de la Sainte Russie. L'historien anglais John Morris Roberts a été très perspicace à ce propos : «La Russie était la puissance émergente d'Europe orientale. En 1500, son identité nationale était à peine perceptible et, deux siècles plus tard, la plupart des hommes d'Etat occidentaux commençaient tout juste à deviner son immense potentiel alors que les Polonais et les Suédois en étaient déjà conscients. Il est aujourd'hui malaisé de s'imaginer l'extraordinaire rapidité et le caractère exceptionnel de l'apparition sur le devant de la scène de la Russie, appelée à devenir bien plus tard l'un des deux puissants Etats du monde. Dans les débuts de la formation de l'Europe, l'avenir du pays avait été esquissé par Ivan III le Grand, mais un tel destin était encore inconcevable, et il le resterait longtemps. Le premier personnage qui porta officiellement le titre de tsar de toutes les Russies fut son petit-fils, Ivan IV le Terrible, couronné en 1574. Par là, le grand prince de Moscovie devenait un empereur dont l'autorité s'exerçait sur de nombreux peuples» (in «Les débuts de l'expansion européenne» pp. 100-101).
Et c'est sous le règne de Pierre le Grand que la Russie paracheva sa modernisation. Il mit fin au légendaire repli sur soi russe et s'entoura d'experts dans divers domaines, de constructeurs de navires, d'armuriers, de fonctionnaires, d'enseignants, de hauts gradés militaires...Paradoxalement, comme le soulignent plusieurs historiens, le trait le plus saillant de l'occidentalisation de la Russie, sous Pierre le Grand, fut sa nouvelle puissance militaire. Cela s'est enraciné depuis comme une tradition bien ancrée dans les mœurs politiques des gouvernants russes.
Aujourd'hui, Vladimir Poutine semble bien être une synthèse d'Ivan le Terrible, de Pierre le Grand et de Staline. Son profond attachement à la Russie est reconnu par ses plus zélés détracteurs. Le redéploiement politico-militaire russe un peu partout dans le monde atteste des nouvelles ambitions de Poutine. Qu'il s'agisse des crises en Géorgie, en Ossétie du Sud, en Syrie, en Egypte, en Crimée ou dans le Golfe, la Russie rejoue un rôle prééminent. Le bouclier antimissile occidental aux portes de la Russie n'en finit pas d'envenimer la donne. Sans parler de la baisse vertigineuse du cours du pétrole et de ses effets dévastateurs sur l'économie russe.
Les officiels de l'Otan semblent vouloir mobiliser le ban et l'arrière-ban en vue de discréditer Poutine auprès de diverses opinions. Le pamphlet devant les journalistes tunisiens à Bruxelles procède de cette démarche. Un brûlot en bonne et due forme. J'ai dit au général anonyme que Poutine est très populaire en Tunisie. Heureusement que l'homme n'était pas armé.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.