Par Amel Zaïbi Le CPR vient de prouver, encore une fois, sans que personne ne le lui demande, qu'il est une coquille vide, un parti sans programme, sans base, sans âme. Sinon, comment expliquer qu'un parti politique existant en bonne et due forme, quels que soient sa taille et son poids sur la scène politique, déclare, par la voix de son secrétaire général et député au sein du Parlement, Imed Daïmi, adhérer à un mouvement, en l'occurrence celui du peuple des citoyens, qui n'existe pas encore et dont certains en parlent comme d'une idée vague sans contours, ni fond, et peut-être même sans lendemain. Moncef Marzouki a été le premier à avoir prononcé le nom de ce mouvement, au soir des résultats du second tour du scrutin présidentiel, sans concertation préalable avec les parties qui l'ont soutenu dans sa course vers la présidence de la République et sans les prévenir. Cette initiative unilatérale et précipitée a fait plus d'un mécontent dans les rangs des sympathisants du président sortant et provoqué des réactions de colère, surtout au sein d'Ennahdha, la machine islamiste qui l'a propulsé au sommet de l'Etat en 2011 et qui lui a permis de recueillir plus de 44 % des voix au dernier scrutin de la présidentielle. L'on peut comprendre que l'ex-président provisoire eut ainsi trouvé la parade pour sortir la tête haute de la course électorale, une course longue, difficile, à la limite guerrière, et pour annoncer son intention de faire encore de la politique. Mais, comment interpréter la position d'un parti politique, normalement en phase d'évaluation de sa piètre performance aux dernières élections législatives et présidentielle et de restructuration après son effritement, qui déclare adhérer à un mouvement avant même sa création, sauf dans la tête de quelques mauvais perdants. Le CPR chercherait-il ainsi à se repositionner en œuvrant pour sa fusion, inavouée, dans une formation qui, si elle voyait le jour, pourrait drainer les foules qui ont fait front derrière Marzouki face à Caïd Essebsi ? Dans le cas échéant, le CPR, dans sa taille actuelle, aura-t-il l'envergure et les moyens de détourner une partie de la base populaire d'Ennahdha pour renflouer les rangs du mouvement du peuple des citoyens ? Un mouvement, quelle que soit son appellation, est par définition populaire. Les Cpristes gagneraient donc à trouver d'abord une explication convaincante à l'intitulé « peuple des citoyens » ou à chercher carrément un autre nom. Car, pour le commun des mortels, les Tunisiens forment un peuple de citoyens à part entière. Et aucune théorie droit-de-l'hommiste, idéologique ou progressiste ne saurait convaincre du contraire.