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Attentat contre «Charlie Hebdo» : ce qu'il s'est passé à l'intérieur de la salle de rédaction
Publié dans La Presse de Tunisie le 09 - 01 - 2015

Mercredi, deux hommes pénétraient dans les locaux de l'hebdomadaire Charlie Hebdo et tuaient douze personnes, dont plusieurs figures emblématiques du journal. Au lendemain du drame, récit du pire attentat qu'ai connu la France depuis 50 ans.
Mercredi, des témoins avaient rapporté ce qu'il s'était passé avant la tuerie au siège de Charlie Hebdo, après, dans la rue mais quasiment aucune information n'avait filtré sur ce qui s'était réellement passé à l'intérieur des locaux de Charlie Hebdo. Dans son édition d'aujourd'hui, vendredi 9 janvier 2015, Le Monde, qui rapporte des témoignages de personnes qui étaient présentes au moment de la conférence de rédaction et qui ont eu la chance d'en réchapper, lève le voile sur une véritable scène d'horreur. La photo qui illustre leur article est plus qu'éloquente : un couloir de la rédaction, des feuilles éparpillées par terre et partout, des traces de sang.
Voici la reconstitution des faits grâce aux différents témoignages et aux informations confirmées par les enquêteurs :
Mercredi matin, deux hommes munis de fusils d'assaut ont fait irruption dans les locaux de l'hebdomadaire Charlie Hebdo et abattent douze personnes dont deux policiers.
C'est un peu avant 11h30 que les deux individus se présentent au 6 de la rue Nicolas Apperet à Paris, à quelques pas des locaux de Charlie Hebdo. Les deux hommes profitent du passage de la postière pour s'engouffrer dans le bâtiment. Un des employés de l'immeuble raconte la scène sur TF1. "Ils ont braqué leur fusil sur moi et sur la factrice en criant 'assis, assis'. Pour nous intimider, ils ont tiré un coup". La balle a traversé la porte d'un bureau.
Thierry Rolland travaille dans ces locaux et a raconté la scène au micro de TF1: "La balle a traversé la porte qui est allée se ficher dans la fenêtre. A trente centimètres près, c'était mon associé qui se la prenait." Puis ils ont crié "C'est où Charlie Hebdo ?". Après s'être rendu compte qu'ils n'étaient pas dans le bon immeuble, "ls sont partis au courant".
Ils se trompent d'étage
Ils se dirigent alors vers le numéro 10 de la rue, aux locaux de l'hebdomadaire satirique. Ils étaient bien renseignés et savaient que le mercredi matin se déroule la conférence de rédaction en présence de tous les journalistes emblématiques. Ils étaient en revanche beaucoup moins au fait du lieu. C'est Coco, une dessinatrice de Charlie Hebdo qui était partie chercher sa fille, qui leur ouvre la porte sous la menace : "En arrivant devant la porte de l'immeuble du journal deux hommes cagoulées et armés nous ont brutalement menacées. Ils voulaient entrer, monter". Selon le parquet de Paris, ils croisent au rez-de-chaussée de l'immeuble deux agents d'entretien et en abattent un, Frédéric Boisseau, 42 ans.
Le journal satirique est installé au deuxième étage. Mais selon un employé de Premières ligne, la société de production installée en face de la rédaction de l'hebdomadaire, ils se trompent et s'égarent au troisième étage dans un premier temps. Comme aucun panneau n'indique la porte d'entrée de la rédaction, Coco aurait essayé de tromper les deux hommes en les conduisant au mauvais étage, rapporte Le Monde. "Où est Charlie ?" répètent-ils alors. Ils finiront par trouver la bonne porte. Sous la menace, c'est la dessinatrice Coco qui leur ouvrira : "J'ai tapé le code", raconte-t-elle à l'Humanité.
"Ils ont tiré dans le tas, tout simplement"
Il est alors aproximativement 11h30. Voilà une heure que la conférence de rédaction a débuté dans la salle de rédaction. C'est dans cette salle que les deux hommes cagoulés et habillés de gilets pare-balles font irruption. "La porte s'est ouverte. Un type a jailli en criant Allahou Akbar. Il ressemblait à un type du GIGN ou du RAID, il était cagoulé", "tout en noir" et armé, explique Laurent Léger, reporter à Charlie Hebdo. Les deux hommes abattent immédiatement Franck Brinsolaro, le brigadier qui assurait la protection de Charb depuis plusieurs années.
"Charb ?", lance alors l'un des terroristes. Puis les deux tireurs tirent en rafales sur neuf des personnes présentes dans la salle de rédaction. Laurent Léger se trouvait dans la pièce au moment du carnage. Il s'est réfugié sous une table : "Par chance, j'ai pu me jeter dans une encoignure et j'ai échappé à son regard." "C'est allé très vite, continue-t-il. Ils ont tiré dans le tas, tout simplement." Selon les propos des rescapés recueillis par Le Monde, les tireurs auraient lancé "Allah akbar", ou encore "vous allez payer car vous avez insulté le prophète". "Toi on te tuera pas, car on ne tue pas les femmes, mais tu liras le Coran", ont-il lancé à Sigolène Visson, un canon sur la tempe. Laurent Léger a en revanche démenti le fait que les tueurs aient demandé l'identité de chacun : "Cest faux", mais ils ont en effet prononcé le nom de Charb : "Je pense qu'ils le cherchaient", a-t-il ajouté au micro de France Info.
En quelques secondes, les terroristes abattent les signatures historiques de l'hebdomadaire, des chroniqueurs, l'un des correcteurs et un invité. Parmi les victimes, les dessinateurs Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski, l'économiste Benard Maris (qui signait ses interventions dans l'hebdomadaire sous le pseudonyme "Oncle Bernard"), le correcteur Mustapha Ourad, ainsi qu'Elsa Cayet , psychanalyste et chroniqueuse et un invité de la rédaction, Michel Renaud.
"Ils ont tiré sur Wolinski, Cabu... ça a duré cinq minutes... Je m'étais réfugiée sous un bureau...", raconte la dessinatrice Coco à l'Humanité. Plusieurs employés de Premières lignes trouvent refuge sur le toit. Ils filment alors la sortie des deux tireurs. "Allah akbar", entend-on distinctement sur la vidéo.
Ils rencontrent ensuite une patrouille de police à VTT, Des coups de feu sont échangés mais aucune victime à déplorer. Dans une autre vidéo amateur, on les voit courir vers le véhicule qu'ils ont dérobé. Aux abords du bâtiment, un témoin qui vit à proximité et a préféré garder l'anonymat détaille : "J'ai vu deux gars sortir du bâtiment, tirer, rentrer dans une C3 noire et partir en direction du boulevard Richard-Lenoir". Dans la vidéo, on les entend également crier "On a vengé le prophète Mohamet. On a tué Charlie Hebdo."
"Tu veux nous tuer ?"
Mais leur folie meurtrière ne s'arrête pas là. Une nouvelle scène d'horreur est filmée par un amateur sur le boulevard Richard Lenoir. On y voit les deux hommes courir en direction d'un policier, déjà touché par un tir, au sol. "Tu veux nous tuer ?", lance l'un des assaillants. "Non c'est bon chef", rétorque le policier. Peu importe, le tireur l'abat de sang-froid, d'une balle dans la tête. Il ne prend même pas la peine de s'arrêter. L'homme, Ahmed Merabet, 42 ans, était un gardien de la paix du 11e arrondissement.
Sandra, une voisine, a ensuite raconté la fuite des tireurs : "J'ai vu passer une voiture avec un homme accoudé à la fenêtre avec une arme, une arme assez grande qui était métallisée et qui nécessitait pour être tenue d'être accoudé, pas un simple pistolet. J'ai entendu tirer et la voiture est passée très vite, ça a duré deux secondes (...) Les policiers étaient en embuscade, accroupis entre les voitures ou en planque derrière les portières. Ils avaient l'air de se méfier de ce qu'il pouvait se passer."
Le véhicule se dirige ensuite vers le Nord de la capitale et finit sa course dans des poteaux de la rue de Meaux, dans le 19e arrondissement. Les deux hommes abandonnent alors la Citroën et oublient à bord une pièce d'identité. Ils braquent ensuite le conducteur d'une Clio blanche, s'emparent du véhicule et prennent la fuite. Selon un témoin qui a préféré garder l'anonymat, "les deux hommes étaient polis et ont même laissé le propriétaire de la voiture récupérer son chien. Les policiers perdront leur trace à la porte de Pantin.


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