A peine annoncé vendredi dernier, le nouveau gouvernement Essid n'a pas trouvé l'écho favorable attendu de la part de la majorité des partis siégeant à l'ARP. Ces derniers ont même décidé de ne pas lui accorder leur confiance, en réaction à une composition qui n'a satisfait personne. Une situation de blocage l'a obligé, bon gré mal gré, de changer de démarche en reprenant les négocitaions. Entre-temps, le gouvernement Jomaâ a présenté, hier à Carthage, sa démission pour se contenter de se charger, provisoirement, de la gestion des affaires courantes du pays jusqu'à nouvel ordre. Manœuvres politiciennes Pourquoi la majorité parlementaire est-elle contre la composition du gouvernement Essid? Qu'en est-il, vraiment, des raisons de cette réaction unanime? Dans les coulisses des tractations, tout a été discuté, mais la déception l'a emporté. La Presse a donné la parole à des représentants de parti qui donnent leur avis sur la question. Membre du parti « Al Moubadara », Nizar Ben Saâd était plus que franc là-dessus, sans manquer de nous exprimer sa grande surprise de ne pas voir son parti dans le nouveau gouvernement. « Etant représenté à l'ARP avec seulement 3 sièges, on nous a promis un portefeuille ministériel et un poste de secrétaire d'Etat. Mais, certaines manœuvres politiciennes avaient bouleversé de fond en comble les calculs», a-t-il regretté. Ce revirement spectaculaire qui, selon lui, venait du Palais, n'a fait que jeter un pavé dans la mare. Et de poursuivre que c'est ce qui les a déçus le plus. «C'est pourquoi nous avons décidé de ne pas voter pour cette équipe formée à la dernière minute, dans l'improvisation totale», explique-t-il. Il s'est avéré qu'une telle composition à majorité technocrate avait, tout bonnement, cédé aux enchères de Slim Riahi, le patron de l'UPL (Union patriotique libre). Allusion faite à son soutien à Caïd Essebsi lors de l'élection présidentielle. «Au cours de nos discussions, on a parlé de tout mais, finalement, on a abouti à un gouvernement, loin d'être d'union nationale», ajoute-t-il. Satisfaire les mécontents Et comme M. Essid a commencé à refaire le casting, en engageant de nouveau round de négociations avec tous les partis concernés, la prochaine formation devrait satisfaire les mécontents. Pour lui, un gouvernement de consensus et d'union nationale doit regrouper assez de partis représentés au sein de l'Assemblée pour réussir son passage au vote de confiance. Y compris Ennahdha, bien entendu, qui forme à l'ARP le tiers bloquant. Il pense que ce nouveau départ est un signal fort. «Nous, nous allons rencontrer Essid d'ici jeudi prochain pour de nouvelles concertations », a-t-il conclu. Une délégation nahdhaouie a été, aussi, conviée, hier, à Dar Dhiafa pour de nouvelles concertations au sujet de certaines modifications à apporter sur la composition du nouveau gouvernement, comme l'a affirmé Abdellatif Mekki, dirigeant au parti islamiste. « Nous avons voulu voir se former un gouvernement d'union nationale au niveau de sa structure, de sa composition et de son programme », estime-t-il. Toutefois, s'étonne-t-il, Habib Essid s'est contenté d'ignorer les propositions d'Ennahdha pour un large consensus politique. Maintenant qu'il s'est engagé dans de nouvelles concertations, le parti est prêt à réviser sa position». De son côté, Noômène Fehri, député d'Afek Tounès, se dit «surpris par le nouveau gouvernement qui comprendra beaucoup de hauts fonctionnaires et d'indépendants au détriment des politiques». Il explique la décision de son parti de ne pas accorder la confiance à Essid : «Sa démarche consistant à nous présenter une simple déclaration d'intention ne cadre pas avec nos attentes»..