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Quatre adolescentes sur une balançoire
Lu pour vous: ‘'Le poison d'amour''...
Publié dans La Presse de Tunisie le 01 - 01 - 2000

avec le risque réel et omniprésent de tomber et de se faire mal... et de faire mal aux autres
Eric-Emmanuel Schmitt nous donne le vertige en suivant, par journaux et «textos» interposés, quatre toutes jeunes filles à la recherche d'elles-mêmes et dont les faits et gestes oscillent de la frivolité la plus décourageante à la lucidité la plus étonnante, comme si elles étaient sur une balançoire, avec le risque réel et omniprésent de tomber et de se faire mal... et de faire mal aux autres.
Jusqu'à un point assez avancé de l'ouvrage, le texte est à ce point frivole qu'il semble d'abord qu'il ne faudrait lire qu'à partir d'une axiomatique, comme disent les mathématiciens, d'une somme de ‘'principes de lecture'' :
-considérez que vous êtes dans une bulle-considérez que vous traitez un cas, non pas spécifique mais telle une formule-considérez avec indulgence que l'auteur décrit les premières armes d'adolescentes privilégiées.
Dans cette même optique, n'essayez pas de mettre l'histoire en perspective, car alors elle vous paraîtra absolument vide de sens. Genre ; ailleurs, les ados manquent tout simplement de nourriture, de livres et de cahiers pour l'école, ils s'habillent à la fripe... alors que ces jeunes embourgeoisées ont tout...
‘'Je ne comprends rien à moi !''
Evidemment, il n'est pas totalement honnête de penser de la sorte. Car il suffit de coller au contexte et vous aurez juste quatre toutes jeunes filles à la recherche d'elles-mêmes ! Et puis, elles finissent par communiquer leur intelligence des choses par-delà le brouillard de frivolité qui les enveloppe.
‘'Je ne sais pas ce que je veux mais personne ne me l'imposera'', écrit Colombe dans son journal. Cela résume un peu la personnalité, certes en devenir, mais déjà bien réelle de ces adolescentes. Une autre phrase étonnante de lucidité : ‘'Mes parents me surveillent comme le lait sur le feu'', dit Anouchka.
D'autres fois, c'est le contraire. Quand l'une de leurs amies tombe enceinte, comment son petit ami (le ‘'père'') réagit-il? C'est Colombe qui le dit : ‘'Lorsque Marie lui a annoncé ce pépin et lui a précisé l'heure de son admission à l'hôpital, il a pris son casque, il est monté sur sa Vespa et s'est enfui.'' Mais, encore une fois, ce n'est pas aussi simple. Augustin, le petit ami en question, méprisé par tous, a fini par arroser une concession automobile d'essence avant d'y mettre le feu. Quatre millions de dégâts et la police l'arrête.
Personne ne comprend son acte, sauf Julia qu'il accepte de rencontrer au parloir pour lui dire la vérité : il souhaitait avoir un enfant de Marie ! Il explique que ses deux sœurs étaient mortes en bas âge et qu'il voulait conjurer le sort !
Comment décrire le comportement d'Augustin ; de la conscience ou de l'inconscience ? En vérité, l'auteur nous suggère entre les lignes que ce n'est pas lui, c'est l'adolescence et étaie son propos par une réflexion de Colombe : ‘'Moi-même, je m'échappe (dans le sens d'échapper à soi). Je ne comprends rien à moi !''
Des amours et un drame
Entre-temps, Julia ne pense qu'à jouer ‘'Roméo et Juliette'' et elle paraît même insensible à la perte de son petit ami anglais, Terence, au profit de Raphaëlle qui joue Roméo, faute de candidats masculins et à défaut du seul qui n'y avait vu aucun abaissement : Augustin.
Soudain, la mère du grand-père de Raphaëlle fait souffler sur le groupe un vent de maturité qui balaie le brouillard de la frivolité. Le grand-père qui avait héroïquement continué à traiter sa vieille épouse atteinte de l'Alzheimer en personne totalement maîtresse d'elle-même alors que tous considéraient que ses efforts étaient dérisoires. Mais, quand il a un accident avec des fractures compliquées par une pneumonie et qu'il ne passe que deux jours avant de s'éteindre, la vieille dame, aidée par une infirmière, descendait chacun de ces deux derniers soirs de la vie de son vieil époux pour lui tenir la main. Un miracle de conscience pour une maladie qui annihile cette même conscience. Mais l'incroyable ne s'arrête pas là, car la vieille dame s'éteint à son tour juste le lendemain de la disparition de son vieil époux, le tout appelant une réflexion poignante de Raphaëlle: ‘'Nous nous trompons sur tout... S'il y a une conscience dans un corps qui en semble dépourvu, qui nous prouve qu'il n'y a pas une existence après la mort ? L'âme est invisible.'' Réflexion de Colombe: ‘'Elle m'a ébranlée.''
Seulement, Julia se rebiffe et Raphaëlle finit par la traiter de monstre. Entre les deux, il y a Terence... et cela exacerbe ! Terence qui affecte de ne plus connaître ni l'une ni l'autre, jusqu'au drame ! Toutes deux sont profondément malmenées par cet amour, bien plus que nous puissions l'imaginer quand nous les voyons si enjouées, si frivoles. Le drame ne tarde pas. Lors du final, sur scène, de Roméo et Juliette, Julia (qui joue Juliette) se poignarde réellement et Raphaëlle (Roméo) avale une dose massive de somnifères. Raphaëlle meurt à l'hôpital... Et Julia ne s'en relèvera que péniblement.
Grosse surprise ; Terence n'existe pas ! ‘'L'adresse Internet de Terence ne provenait pas d'Angleterre. C'était un compte qu'avait créé Julia.'' Un mensonge pour l'éloigner.
‘'Le poison d'amour'', 166p., mouture française
Par Eric-Emmanuel Schmitt
Editions Albin Michel, 2014
Disponible à la Librairie Al Kitab


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