Le service, le seul en Tunisie qui couvre trois gouvernorats, soit une population de 1,4 million Tout individu peut avoir des troubles psychiques à un degré ou à un autre. Tout le monde est anxieux, irascible ou déprimé de temps à autre, et il n'y rien d'alarmant. Mais parfois, les sentiments échappent à notre contrôle alors que la cause est minime, voire inexistante, ou encore ils prennent la forme de troubles psychologiques mettant la vie de tout individu en danger surtout lorsqu'il s'agit de schizophrénie, de phobie, de psychose, de dépression ou de névrose. D'où l'importance des nouveaux traitements et des progrès spectaculaires de la psychiatrie et de la santé mentale. Au service de psychiatrie de Kairouan relevant de l'hôpital Ibn-Jazzar, à titre d'exemple, on a enregistré au cours de l'année 2014, 8.128 consultations et 177 hospitalisations, sachant que la capacité d'accueil de ce service est de 34 lits. En outre, le taux d'occupation global est de 95% et peut atteindre les 120%. En effet, l'aire géo-démographique du secteur de ce service, situé à une centaine de mètres de l'hôpital Ibn-Jazzar, reçoit les patients des gouvernorats de Kasserine, de Gafsa et de Kairouan avec une population de 1.400.000 habitants, sachant que ces régions frontalières avec l'Algérie sont défavorisées et caractérisées par une prévalence élevée de morbidité psychiatrique. De ce fait, le rayonnement géographique du secteur est important, du fait que la distance entre ce service hospitalier et le lieu de résidence la plus lointaine peut atteindre les 300 km. Absence de capitonnage des murs et de détecteurs de fumée Pour avoir une idée plus précise sur la situation générale de ce service, nous nous y sommes rendus récemment et nous avons été agréablement surpris par la propreté des lieux, mais aussi frappés par la vétusté et l'exiguïté des différents pavillons. Au milieu de la cour principale, embellie de verdure et dotée de banquettes, des résidents étaient en train de s'amuser et de plaisanter sur un fond d'une musique émise par la radio. Dr. Rachid Atallah, chef de service, nous explique que cette récréation quotidienne en plein air leur fait beaucoup de bien et leur procure une détente bénéfique : «De plus, notre rôle, en plus des traitements, est de remonter le moral des patients, de discuter avec eux et de les rassurer». D'un autre côté, Dr Atallah nous explique que la durée moyenne de séjour est de 20 jours, due surtout à l'allongement du délai de recours aux soins, à la résistance au traitement neuroleptique conventionnel et au manque d'implication de la famille. D'autre part, on a créé en 2008 une unité composée de cinq chambres d'isolement pour les malades dangereux. Or, jusqu'à présent, cette unité n'a pas fonctionné, faute de personnel et de cadre paramédical. 250.000D pour la création d'un nouveau pavillon Notons que ce service de psychiatrie, le seul en Tunisie qui couvre 3 gouvernorats, va connaître en 2015 d'importants travaux pour l'aménagement de 2 chambres d'isolement, de blocs sanitaires, de détecteurs de fumée et de portes spécifiques... En effet, le ministère de la Santé a débloqué un budget de 250.000D pour la réalisation de cet important projet, ce qui permettra une meilleure qualité des soins pour les patients psychotiques hospitalisés. Il serait préférable, dans ce contexte, de créer une salle d'anesthésie et de réveil pour les patients qu'on désire traiter avec le sismothère (électrochoc), un appareil sophistiqué acquis en 2013, mais qu'on n'utilise que très rarement au service de maternité, faute de salle spécifique au service de psychiatrie. Coopération tuniso-française Dans le cadre de la coopération existants depuis 2012 entre le centre hospitalier Alpes-Isère en France et le service de psychiatrie de Kairouan, un don comportant un minibus 9 places, des fauteuils visiteurs en métal, des télécopieurs, des ordinateurs de bureau, du linge hôtelier et un ensemble de tenues professionnelles de soignants, va être offert au service de psychiatrie de Kairouan. Ceci permettra de créer une structure intermédiaire entre l'hôpital et la famille grâce aux VAD (visites à domicile) afin d'administrer aux patients habitant les zones éloignées les neuroleptiques mensuels.