Le mois du cinéma japonais a emmené les enfants en voyage vers la culture nippone. Depuis la rentrée 2014 et le début de la nouvelle saison culturelle, l'un des deux cinéclubs enfants de la Ftcc (Fédération tunisienne des cinéclubs) du gouvernorat de La Manouba a pris place à la maison de la culture Douar Hicher. Chaque dimanche, les animateurs de ce cinéclub assurent une projection et un débat pour les enfants du quartier. Et ils étaient très nombreux à répondre présent dimanche dernier. Cette journée a coïncidé avec l'inauguration du mois du cinéma japonais que le cinéclub organise en collaboration avec l'ambassade du Japon. Au programme de ce premier dimanche de la manifestation, un atelier d'origami (art du pliage du papier), suivi d'un film sur la culture japonaise. A notre arrivée à la maison de la culture de Douar Hicher, l'ambiance était à son comble. Un raz-de-marée de petites têtes bougeait comme des vagues dans tous les sens. Excités par l'activité de l'atelier d'origami, ils exploraient le papier et les différentes manières de le plier. Les cinq animateurs de l'atelier les ont organisés en groupes afin de leur apprendre à créer des formes, plus ou moins compliquées, à partir du papier. Des morceaux de toutes les couleurs étaient entre les petites mains qui s'efforçaient à suivre les étapes du pliage. Petit à petit, les surfaces carrées deviennent un chat, un oiseau, etc. Après le coloriage, les enfants ont enfin entre les mains le résultat de leur travail. Entre rires et cris, ils se montrent mutuellement ce qu'ils ont fait, ou le montrent fièrement à leur mère. Présents en grand nombre, les membres de la Ftcc et du cinéclub enfants ont montré une grande implication. Deux animatrices de l'atelier étaient en kimono. Les animateurs ont reçu une formation en origami par l'attachée culturelle japonaise afin d'assurer cet atelier. Il était prévu que l'attachée culturelle soit présente et qu'elle s'en charge mais, pour des raisons de sécurité, elle n'a pas fait le déplacement. «Cela nous fait mal au cœur que la raison soit sécuritaire, mais nous sommes déterminés à être là et à animer l'atelier», nous explique Fatma Bchini, membre du cinéclub. Quand il s'agit d'un quartier comme Douar Hicher, l'on est malheureusement rapidement rattrapé par la réalité difficile de ce quartier défavorisé. Même s'il s'agit d'un événement culturel, le contexte social n'est jamais loin. Les mères accompagnent leurs enfants pour profiter des activités de la maison de la culture qu'elles trouvent satisfaisantes et variées, mais insistent à nous informer qu'il n'y a aucun autre endroit ou moyen de loisir à Douar Hicher. Ces mères en ont gros sur le cœur. L'une d'elles, enseignante, nous a parlé du drame de sa petite fille de 9 ans, victime de violence de la part de son institutrice. «Je reçois des menaces et on refuse d'inscrire ma fille dans l'autre école de Douar Hicher si je ne retire pas ma plainte», affirme-t-elle amèrement. A la veille des examens, cette femme était désemparée, ne sachant quelle décision prendre. Pour elle, le problème principal vient de l'école à Douar Hicher. «Les deux écoles sont à proximité de la maison de la culture, mais les enfants y sont maltraités , ils subissent des violences verbales et physiques et cela se voit sur le comportement des enfants, qui sont indisciplinés car frustrés. L' infrastructure des écoles est de surcroît déplorable», nous déclare-t-elle. Comme tous les enfants de leur âge, les enfants de Douar Hicher sont pleins de vitalité et de promesses. Ils nous ont parlé avec ferveur ou en toute timidité des ateliers qu'ils font au sein de la maison de la culture. Nour El Houda aime les activités artistiques manuelles alors que Dina est férue de films. Les plus grands s'occupent de la sécurité et de l'organisation, sous les yeux bienveillants des animateurs. Ceux-ci n'oublient pas de glisser des mots d'encouragement à ces enfants, tout en essayant de leur faire respecter la discipline. «De nombreux médias parlent de vous et de cet atelier, alors soyons à la hauteur», dit l'un d'eux en s'adressant à l'assemblée d'enfants qui prenaient place sur les chaises de la salle de projection. Ils s'apprêtaient à voir un film sur la culture nippone. Nous les avons laissés émerveillés par les premières images du film, montrant la sculpture de corail puis la cuisine japonaise. Le mois du cinéma japonais se poursuit ce dimanche et dimanche prochain avec des films d'animation: Voyage vers Agarthade Makoto Shinkai, Un été avec Coo réalisé par Keiichi Hara.