«Les Etats-Unis veulent que la Tunisie réussisse, il y a une réelle motivation d'apporter notre soutien et nous voulons voir cette démocratie naissante réussir sur le plan économique». Des réformes structurelles sont essentielles. «La Tunisie a des atouts basiques qui, une fois combinés avec des textes de loi appropriés et propices à l'investissement, pourraient rendre le site tunisien plus attractif pour les investisseurs», insiste Penny Prtizker. La Tunisie est un exemple de réussite dans la région : une transition politique réussie (constitution digne d'une démocratie et succès des élections législatives et présidentielle), un statut avancé pour la femme, une culture de consensus au niveau de la classe politique (un parti islamiste et un parti laïc au sein du même gouvernement), ... y a-t-il une volonté des Américains pour soutenir cette expérience, dont la réussite pourrait éloigner le spectre de l'extrémisme qui devient de plus en plus menaçant dans la région? Absolument. Les Etats-Unis ont une relation très étroite et très importante avec la Tunisie et ceci depuis l'indépendance de votre pays. Après la révolution tunisienne, les Etats-Unis ont soutenu la Tunisie ; ils se sont engagés à faire de l'expérience tunisienne une réussite. Ils appuient la Tunisie dans ce processus de transformation d'une autocratie en une démocratie. Notre engagement s'est exprimé sous forme d'aides et d'assistance financière mais aussi à travers un soutien dans le secteur sécuritaire. Les Etats-Unis veulent voir la Tunisie réussi en tant que non seulement une démocratie mais aussi pour que le peuple tunisien puisse prospérer et bénéficier des objectifs de sa révolution. L'assistance américaine à la Tunisie s'est aussi matérialisée à travers le prêt-garantie souverain et de nombreux programmes d'assistance financière et technique. Pour la Tunisie, 2016 et 2017 seront des années difficiles sur le plan financier, le Trésor américain serait-il disposé à garantir, encore une fois, la sortie de la Tunisie sur le marché financier international, pour un refinancement à un taux d'intérêt faible ? Je soulèverais la question avec le Trésor américain. C'est une question sur laquelle je ne peux m'engager en fournissant une réponse mais je vais faire le suivi avec le Trésor américain sur ce point là. Les négociations avec le partenaire tunisien sur l'accord de libre échange sont-elles suffisamment avancées pour qu'on puisse espérer plus de présence pour les produits tunisiens sur le marché américain ? Nous avons convenu avec le gouvernement tunisien de reprendre les discussions sur le TIFA (accord-cadre sur le commerce et l'investissement) pour voir quelles sont les prochaines étapes nécessaires que la Tunisie devra entreprendre, y compris les réformes structurelles. Deux facteurs ont joué un rôle déterminant dans le déclenchement de la révolution : le chômage des jeunes et le déséquilibre régional. Les Américains sont-ils prêts pour aider la Tunisie à ce niveau ? Et dans quelles mesures les entrepreneurs américains pourront être amenés à investir dans les régions défavorisées ? Au sujet de la question de la création d'emplois, il faut bien sûr avoir la possibilité d'accéder au marché local mais il faut aussi inciter à l'investissement. Si le gouvernement est capable d'engager et d'entreprendre les réformes structurelles, les entreprises américaines seraient disposées soit à étendre leurs activités en Tunisie soit à venir en Tunisie et y investir. Pour ce qui est de la propension à investir, il est évident que les entrepreneurs vont investir dans les lieux où ils vont réussir. La Tunisie a des atouts basiques qui, une fois combinés avec des textes de loi appropriés propices à l'investissement, pourraient rendre le site tunisien plus attractif pour les investisseurs. Il faut vraiment engager les réformes. La situation est gérable. Ce ne sera certes pas facile mais il est toujours possible de le faire. Lors des discussions que j'ai eues avec les responsables tunisiens, j'ai senti un grand potentiel et une réelle volonté d'engager les réformes. Une volonté et un potentiel que j'ai également trouvé chez les hommes d'affaires avec qui j'ai eu l'occasion de parler. Les Etats-Unis veulent que la Tunisie réussisse, il y a une réelle motivation d'apporter notre soutien et nous voulons voir cette démocratie naissante réussir sur le plan économique. Le gouvernement tunisien est conscient de l'urgence qu'il y a à engager des réformes structurelles. Il est cependant confronté à une attente et à des demandes sociales pressantes. Les réformes ont un prix, comment concilier ces deux exigences ? Les deux exigences vont absolument de pair. Les réformes sont essentielles et nécessaires pour répondre aux attentes des Tunisiens. La conférence «Investment and Entrepreneurship» aura été significativement remarquable de par la haute qualité des intervenants et des participants. Concrètement, que pourra en retenir demain l'opinion publique tunisienne ? Cette conférence marque le début d'un potentiel d'investissement américain en Tunisie plus important. Il a été donné l'occasion à plusieurs entrepreneurs américains de prendre connaissance des opportunités d'investissement en Tunisie. Je pense qu'ils ont apprécié le positionnement de la Tunisie. Cette conférence est la première du genre et, bien sûr, ce ne sera pas la dernière.