Toujours pas d'issue claire et définitive à une crise qui s'éternise et qui a causé beaucoup de tort aux élèves Le dialogue de sourds qui se poursuit entre le syndicat des professeurs de l'enseignement secondaire et le ministère de l'Education nationale a pris depuis plusieurs mois une mauvaise tournure, laissant présager du pire. Aujourd'hui, ce sont les élèves qui paient le prix fort de l'intransigeance des deux parties qui ne veulent point céder et qui sont entrées dans une lutte intestine stérile et sans fin, ayant principalement pour arrière-fond des revendications d'ordre matériel. Il y a quelques jours, le syndicat vient de refuser la perche que lui a tendue le ministère pour désamorcer la crise. La proposition du ministre d'augmenter les salaires des professeurs de 93 dinars par mois n'a pas fait l'unanimité au sein du syndicat, attaché à sa revendication initiale : ces derniers refusent, en effet, une augmentation inférieure à 200 dinars par mois. Les deux parties semblent condamnées à ne pas s'entendre car un profond différend les oppose autour d'un principe de base: le ministère de l'Education prône la politique des étapes, alors que le syndicat préfère plutôt opter pour la politique du tout ou rien. Les enseignants justifient leur position par le fait qu'ils ne peuvent plus accepter de toucher un salaire considéré comme l'un des plus faibles de la fonction publique et qui ne leur permet plus de faire face à la cherté de la vie. De son côté, le ministère justifie son refus de ne pas répondre à ces revendications d'ordre matériel par le fait que le budget du ministère ne pourra pas supporter la charge trop lourde d'une augmentation qui concerne des milliers de cadres du corps enseignant. Au final, ce sont les élèves qui sont les grands perdants dans cette affaire, ballottés au cœur de tergiversations houleuses et interminables qui n'ont finalement abouti à aucun résultat positif. Au contraire, depuis le début de l'année scolaire, on comptabilise plusieurs heures de cours perdues dans toutes les spécialités, notamment dans les matières de base. C'est ce que refusent d'entendre les enseignants qui crient haut et fort qu'ils ont continué à faire cours pendant la semaine bloquée et la semaine de correction, même s'ils n'ont pas passé à leurs élèves les devoirs de synthèse. Mais, il ne faut pas oublier que pendant ces deux semaines, un grand nombre de professeurs se sont absentés, alors que plusieurs élèves ont séché les cours pour manifester leur mécontentement. «Si on compte le nombre d'heures perdues depuis le début du mois, il s'élève à en moyenne soixante heures pour l'ensemble des matières. C'est beaucoup, note ce professeur de français à la retraite. Même s'il n'y a pas eu grève et que les élèves ont assisté aux cours pendant les deux dernières semaines qui ont précédé les semaines de vacances, on ne peut pas vraiment dire que cela ait été efficace puisqu'ils avaient la tête en l'air, perturbés, comme ils l'étaient, par les événements. Si on compte les vacances, ils n'auront pas fait cours pendant pratiquement un mois». Enfumée... Bref, c'est tout un trimestre qui est parti en fumée avec ce que cela compte de chapitres et de notions de base qui n'ont pas été assimilés correctement à cause des nombreuses perturbations et interruptions qui ont marqué cette période. Quant aux deux semaines de vacances, elles n'auront pas été de tout repos pour des élèves qui ignorent toujours s'il y aura ou pas des devoirs de synthèse à la rentrée. Dans le cas échéant, que faudra-t-il réviser? Le programme du deuxième trimestre? Celui du troisième trimestre ou les deux à la fois? Certains s'insurgent déjà contre cette idée, jugeant qu'ils ne peuvent pas passer des examens sur des notions qui ont été enseignées il y a deux mois et qui leur semblent loin maintenant. Ils sont nombreux à avoir manifesté leur colère et se sont exprimés sur la question sur les réseaux sociaux, donnant lieu à des débats enflammés. «La prise de position des enseignants a énormément perturbé les élèves, note une parente d'élève. En fin de compte, rien de positif n'est sorti de cette histoire. On note un relâchement chez les élèves qui n'ont plus envie de réviser quoi que ce soit. Et puis, c'est tout le trimestre qui a été gâché, ce qui va sûrement se répercuter sur le niveau des élèves qui passeront en classe supérieure». Il y a lieu de noter que le scénario actuellement envisagé est de comptabiliser les deux trimestres en un seul. Une idée à laquelle réfléchissent actuellement le ministère et le cadre enseignant.