Par M'hamed JAIBI L'esprit critique et le sens de l'observation sont incontestablement des vertus essentielles en démocratie, qui permettent de garder le cap en maintenant sous contrôle les agissements de ceux que le peuple a délégués pour exercer le pouvoir en son nom. Mais il est essentiel que cette vertu obéisse aux règles du bon sens et sache faire la part des choses. Car bombarder le gouvernement, la présidence et l'Assemblée de rafales continuelles de critiques, de railleries et de mises en cause sur tout et rien ne peut contribuer à améliorer le rendement de nos institutions, mais peut, à la longue, les déconcentrer et les démoraliser, en un moment charnière où les impératifs de relance et de réforme exigent de l'application et de la sérénité. Après la terrible campagne politique et médiatique reprochant au gouvernement de «n'avoir rien fait» pour protéger puis faire libérer les Tunisiens victimes d'agissements ignobles en Libye, dont les deux journalistes portés disparus, voici que l'on s'évertue à résumer la visite officielle du président de la République aux USA et tous les espoirs qu'y place la Tunisie entière, à une usurpation de qualité de la part d'un ministre-conseiller du chef de l'Etat. Au lieu d'analyser les réactions des institutions américaines, des médias, des milieux d'affaires, des puissants lobbies et de l'opinion vis-à-vis de cette visite d'un président arabe vraiment élu et du pays qui le porte, certains préfèrent se demander si Mohsen Marzouk a le droit de signer, au nom de son président, le fameux mémorandum portant déclaration de principe de l'engagement d'un partenariat stratégique avec les Etats-Unis d'Amérique. Ce alors que les affaires étrangères sont du ressort du président de la République, et que le signataire est son conseiller politique attitré nommé par décret rapporté au Journal officiel. Le sens de la mesure n'aurait-il pas dû ramener à la raison politiciens d'opposition, experts malveillants et journalistes complaisants ? Les ramener aux sphères de l'observation objective, pour relater au peuple tunisien la mesure des gestes symboliques et des engagements implicites que tous les actes de cette visite présidentielle impliquent. A l'heure où la Tunisie a tant besoin de reconnaissance, d'appui financier et de soutien militaire.