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Discours de la méthode de Maffesoli sur l'ordre postmoderne des choses
Publié dans Leaders le 01 - 10 - 2014


Ultime discours de la méthode
Chantre de la postmodernité, Michel Maffesoli, qualifié aussi de troll (lutin) de la sociologie, nous livre dans ce nouvel ouvrage son discours de la méthode pour comprendre la sortie du paradigme saturé de la modernité. Dans le nouvel ordre postmoderne des choses , «l'on maîtrise moins que l'on ne s'ajuste à ce qui est. On domine moins l'histoire que l'on ne s'accommode du destin, ce qui ne va pas sans un certain ensauvagement de la vie et du penser. Voilà qu'elle est la différence essentielle entre les Temps modernes et la postmodernité actuelle.» Allant à l'encontre «des conformismes subalternes» qui est la tâche des vrais penseurs, non les sachants, les «nouveaux bien-pensants», Maffesoli passe au crible nos manières de penser et d'être dans une oeuvre dense et avec sa plume toujours alerte, dans le style inégalable qu'on lui connaît, élégant, distingué et enjoué, celui d'une «pensée essentielle».
Une pensée essentielle ou le penser passionné
Rendant méticuleusement compte de la crise épistémologique actuelle et de ses impératifs, cette méthode postmoderne se décline en huit parties. Elle initie au passage du savoir à la connaissance où la qualité majeure est un impératif de «dévoilement adogmatique» (1re partie); c'est ainsi que la pensée peut être comme un écho, produit d'une sociologie tout autant originale et originelle se révélant être une saga à la fois mystique et mythique (2e partie). Novatrice, une telle pensée est aussi traditionnelle où la vie effective et affective a sa place (3e partie) et où le savoir est un «ça-voir» se souciant peu du pourquoi pour se contenter du comment et de la surface des choses, la forme s'y faisant image (4e partie). Ainsi la réalité n'est plus biaisée ni réduite, se révélant être ce réel où même le néant a une force à ne pas négliger en ce qui est un «Pandémoniuim du Réel» (5e partie). En ce réel, qui est à distinguer de la réalité réductrice, le «savoir communautaire» n'est plus négligé ni stigmatisé, étant fait moins de distinction que de conjonction dans une connaissance ordinaire relativiste (6e partie). C'est une telle «socialité présentéiste» qui a cours aujourd'hui en postmodernité (7e partie) et il urge, plus que jamais, de pratiquer enfin une «Pensée-Passion ou le penser passionné» (8e partie).
Cela signifie d'opter pour un «dionysisme épistémologique» en lieu et place de la «rage théologique» et pour une «libido sentinendi», celle du sentir, enrichissant la simple «libido sciendi», ce désir d'apprendre bien plus préoccupé du savoir abstrait et pompeux, déconnecté du réel concret des humains. C'est un hymne renouvelé à la radicalité de la vie dans ses manifestations ordinaires quotidiennes et son enracinement dynamique en la tradition qui n'est qu'un ensemble d'archaïsmes archétypaux, autant de fondamentaux de l'inconscient collectif, car «l'archétype est l'expression d'un imaginaire collectif, c'est-à-dire d'un climat rendant le soi personnel tributaire d'un Soi général, où l'interaction dont il a été question est l'élément majeur du vivre-ensemble.»
Dévoilement adogmatique
En postmodernité, selon son théoricien incontesté, il importe de savoir que «dans le va-et-vient des histoires humaines, au déclin d'une forme usée répond la genèse d'une valeur (re)naissante. En la matière cette "orientalisation" revient à se réorienter à nouveau quand on a perdu la signification originelle du vivre-ensemble.» C'est à une sortie du «sommeil dogmatique» et des «torpeurs théoriques» qui le permet dans le cadre d'un dévoilement adogmatique; et c'est à quoi invite cet ultime discours de la méthode. Or, «se délivrer des conformismes assoupissants nécessite, tout à la fois, courage et confiance», car «à l'encontre de ce qu'il est coutume de dire, l'asservissement est, pour beaucoup, préférable à la liberté d'esprit... Mais le courage des esprits libres va de pair avec la confiance vis-à-vis de ce qui est. Confiance en l'altérité ; que ce soit l'autre du groupe, l'autre de la nature ou l'autre du sacré.»
Une leçon de choses
Cette «leçon de choses sur l'ordre des choses» rappelle «la nécessité de l'inquiétude, soulignant la crainte qu'il convient d'avoir vis-à-vis des routines philosophiques». Maffesoli insiste sur le fait qu'il est impératif d'adopter la posture d'un «éveilleur, initiateur d'une démarche ouverte, questionnante, adogmatique». Il rétablit notamment la vérité sur la pensée de Desacrtes et de Hegel, dont la pensée est devenue «le nec plus ultra de tous les esprits asservis modernes». Car, «L'esprit-prêtre» est une pathologie tenace dans l'espèce humaine. C'est contre un tel «conformisme logique», tient-il à souligner que, de tout temps, s'est insurgée la sensibilité mystique. Et en une véritable mythodologie, sa leçon magistrale tend à
«rendre attentif au fait qu'il n'y a de vérités qu'époquales. Et, du coup, c'est critiquer tout finalisme.»
La vie effective
«Il faut savoir, et c'est le coeur battant des pages qui vont suivre, que dans la période caractérisant l'entre-deux cycles, celui qui s'achève et celui qui (re)naît, il y a, toujours, ce que Gilbert Durand avait nommé un “retard épistémologique”. On continue, par pesanteur sociologique, à penser avec des idées révolues, ce qui empêche de voir ce qu'il en est de la vie effective. Décalage entre le savoir abstrait et le “ça-voir” empirique. Décalage recoupant le pouvoir vertical, venant de Dieu ou de ses légitimes successeurs (“Omnis potesta a Deo”) et la puissance horizontale sécrétée par la sagesse populaire (“Omnis potentia a populo”), cause et effet de l'irrépressible vouloir-vivre propre à l'espèce humaine.»
Les racines religieuses de l'Occident
«Les racines profondes de tout vivre-ensemble sont essentiellement religieuses. C'est le partage des mystères sacrés qui conforta, sur la longue durée, l'homme comme "animal politique" et assura la perdurance du lien social. Les formes prises par ce dernier sont, certes, variables ; la dimension transcendante, elle, est constante. C'est ce qui a pu faire dire à un auteur à l'esprit aussi aigu que Karl Marx que la "politique était la forme profane de la religion". Ce que, en bon connaisseur de la chose publique, Carl Schmitt ne manque pas de reconnaître lorsqu'il déclare, à sa manière, que toutes les catégories analytiques sont d'origine théologique (cf. Karl Marx : La Question juive ( 1843). U.G.E.-10/18. Paris 1968, et C. Schmitt : Théologie politique ( 1922) , Gallimard.1988).
Bien entendu, la transcendance et la théologie en question sont, dans l'optique de ces auteurs, judéo-chrétiennes. Seule tradition religieuse qui mérita attention puisqu'elle servit de fondement à la constitution de la civilisation occidentale et à son hégémonie. Tant il était acquis que les balbutiements culturels, ou les brides mythologiques qui prirent naissance dans un monde « oriental » aux contours, il faut bien le dire, tout à fait indéterminés, tout cela ne prit sens, progressivement, que dans le monde occidental.»
Farhat Othman
Michel Maffesoil, L'Ordre des choses. Penser la postmodernité, CNRS Editions, sortie le 16 octobre 2014.
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