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La reconnaissance d'un Etat Palestinien au palais Bourbon
Publié dans Leaders le 27 - 11 - 2014

Au Parlement français, vendredi 28 novembre 2014, les députés débattront d'une motion recommandant au gouvernement de reconnaître l'Etat de Palestine et ils la voteront le 2 décembre. Comme l'ont déjà fait 135 pays, membres de l'ONU dont, dans l'UE, l'Espagne, l'Irlande et le Royaume Uni, la Suède ayant déjà pleinement reconnu cet Etat. Or la France - membre permanent du Conseil de Sécurité - doit clairement se positionner. Pays des droits de l'homme et partisan du droit des peuples à décider de leur sort, la France, que ce soit sous les présidences de de Gaulle ou de Mitterrand - nul n'a oublié son discours devant la Knesset -ou de Chirac s'est toujours prononcée pour la reconnaissance des droits du peuple palestinien spolié en 1948. La France ne saurait faire moins que les pays latino-américains ou l'Afrique du Sud sur cette question, d'autant que le conflit israélo-palestinien menace la paix, pensent les Européens (Lire Peter Beaumont, The Guardian, 2 novembre 2003).
Pour un Etat Palestinien
Pour certains députés, reconnaître l'Etat palestinien reviendrait à «importer le conflit israélo-palestinien » en France. «Ce qui est aberrant» déclare Pascal Boniface, directeur de l'IRIS (Institut des Relations Internationales et Stratégiques) car «ne pas reconnaître la Palestine, c'est également prendre parti. Il n'est pas possible de ne pas se positionner : soit on prend parti pour la paix avec deux Etats pour deux peuples, Jérusalem divisée et capitale de deux Etats, soit on se positionne pour la continuation du processus actuel dont on voit qu'il conduit au pire… Le conflit israélo-palestinien est en réalité importé depuis longtemps. Or, ceux qui affirment qu'il ne faut pas l'importer, affichent le plus souvent une solidarité sans faille avec le gouvernement israélien quoique fasse ce dernier. Ce conflit divise aujourd'hui profondément la société française… La France doit se déterminer en fonction des principes qui sont les siens et non en fonction du poids de telle ou telle communauté». De son côté, l'éditorialiste de l'Humanité (12 novembre 2014, p. 3) affirme que «le gouvernement français porte une lourde responsabilité. Celle d'avoir encouragé et justifié la guerre de Gaza par la voix de son président. Mais qu'il pourrait se réhabiliter en renouant avec le souffle de la politique historique de la France dans cette région du monde. Il en a la faculté en reconnaissant officiellement un Etat palestinien… Les élus de toutes les formations sont devant leurs responsabilités: admettront-ils qu'un peuple soit toujours privé de reconnaissance internationale? Laisseront-ils le pouvoir israélien saboter une reprise des négociations en multipliant les provocations et en suscitant les tensions ? Se tairont-ils quand des boutefeux veulent transformer un combat pour l'indépendance en guerre de religion ? Resteront-ils dociles dans les pas des Etats Unis ?» Quant à l'éditorial du Monde (25 novembre 2014, p. 20), il souligne que « la reconnaissance d'un Etat ne peut qu'être qu'internationale, sanctionnée par le Conseil de Sécurité de l'ONU» mais il faut quand même soutenir cette démarche symbolique - appuyée par des personnalités israéliennes - anciens officiers, anciens ambassadeurs, Prix Nobel… pour «exercer une pression sur le gouvernement de Benyamin Netanyahou et sa coalition de droite et d'extrême droite» jusqu'auboutiste, partisan du «fait accompli» car «sans l'exercice d'une pression internationale forte, le conflit continuera à dériver vers le pire».
L'apartheid officialisé?
Précisément, dans quelques jours, le Parlement israélien aura à débattre d'un projet de loi adopté dimanche dernier par le gouvernement et visant à renforcer le caractère juif de l'Etat d'Israël. Ce projet est si scandaleux que le nouveau Président d'Israël, Reuven Rivlin, le rejette car «il diminue les libertés des minorités et donne des armes aux ennemis d'Israël à l'étranger». (Haaretz, 26 novembre 2014). Mais Netanyahou n'en a cure, obnubilé par les élections et craignant la fronde de ses ministres extrémistes, il menace de déportation « tous ceux qui manifestent, qui dénoncent Israël et militent pour la création d'un Etat palestinien, je peux dire une chose toute simple : vous êtes invités à vous installer là-bas, dans l'Autorité palestinienne ou à Gaza».
Selon ce projet, Israël ne serait plus défini dans les Lois Fondamentales (faisant office de Constitution) comme «juif et démocratique» mais «comme l'Etat national du peuple juif».
La notion de « peuple juif » a été magistralement décortiquée par Shlomo Sand. Son analyse scientifique ne plaît pas aux suppôts d'Israël qui l'ont empêché récemment de parler à l'Université de Nice. Bien avant lui, Raymond Aron - opposé « à la thèse du grand Israël et aux colonies d'implantation en Cisjordanie», écrivait: «Même croyants, les Juifs, pour la plupart, ne souhaitent pas émigrer en Israël, pas plus qu'ils ne se pensent citoyens d'une nation juive. Les juifs russes, anglais, allemands, français, alors même qu'ils prononcent les mêmes prières, ne parlent pas la même langue, se comprennent mal, davantage marqués par leurs cultures nationales respectives que par la référence à une ascendance plus mythique qu'authentiquement historique». (Raymond Aron, « Mémoires. 50 ans de réflexion politique», Julliard, Paris, 1983, p. 505).
Deux versions sont soumises au vote de la Knesset. La première est présentée par Zeev Elkin, du Likoud, le parti de Netanyahou, la deuxième, par Ayelet Shaked**, du Foyer juif, un parti de la droite ultranationaliste et Yariv Levin du Likoud. Ce texte insiste sur la judéité - pourtant affirmée dans les Lois Fondamentales de 1992 - et passe sous silence la démocratie. L'arabe, langue utilisée par le cinquième de la population du pays, perd son statut de langue officielle, statut qui lui avait été reconnu par le mandat britannique. En fait, les Palestiniens ayant la nationalité israélienne deviennent des citoyens de seconde zone. La police israélienne en a abattu 48 depuis la terrible répression d'octobre 2000, les forces de sécurité les assimilant clairement à des «ennemis» de l'intérieur. A Kafr Kanna, la police a tué sans raison ni sommation Kheireddine Hamdan, 22 ans, le 8 novembre 2014…puisque le ministre de l'Intérieur sioniste Naftali Bennett avait affirmé que toute personne menaçante envers les policiers devait être abattue. Alain Dieckhoff, directeur du Centre d'études et de recherches internationales (Ceri), affirme (La Croix, 25 novembre 2014, p. 5): «Dans la loi israélienne actuelle, les droits sont les mêmes entre Israéliens juifs ou non juifs. Dans les faits, il existe des discriminations. Par exemple, la gestion de l'allocation de terres, sujet sensible, défavorise les Arabes. Les budgets alloués aux municipalités arabes sont inférieurs à ceux alloués aux municipalités juives. Ces dernières années, certaines mesures se sont faites plus restrictives. Un Arabe israélien qui se marie avec une Palestinienne, et vice versa, ne peut plus résider en Israël…» (Lire à ce propos le poignant article de Carol Daniel Kasbari, citoyenne arabe israélienne de Nazareth, mariée à un Palestinien, mère de deux enfants et contrainte de quitter son pays après avoir attendu, pendant 15 ans, «une unification familiale » qui n'est jamais venue, Haaretz, 15 juin 2014). Ce projet de loi, affirme ce spécialiste, est «un signe envoyé aux pays européens tentés, comme la France, par une reconnaissance de l'Etat palestinien. Une manière de souligner que l'on réaffirme le caractère juif d'Israël au moment même où d'autres pays reconnaissent l'Etat palestinien».
Il faut quand même espérer que le Parlement français ne se laissera pas intimider et votera cette reconnaissance - toute symbolique qu'elle soit - car cela faciliterait la stratégie palestinienne au Conseil de Sécurité. Israël redoute ce plan d'action diplomatique car il le place en position d'accusé. (Le Monde, 28 novembre 2014, p. 2). Comme chacun sait, les Palestiniens souffrent «d'un mal incurable qui s'appelle l'espoir» écrivait Mahmoud Darwich.
Mohamed Larbi Bouguerra
** Cette députée traite de « serpents » les enfants palestiniens dans l'enceinte de la Knesset, sans courir le moindre risque mais Hanène Zoabi, députée arabe - bête noire des sionistes - qui remet à sa place le président du Parlement, est suspendue pour plusieurs séances.
***Aux lecteurs résidant dans la région parisienne, rappelons que demain vendredi 28 novembre 2014 à 18h 30 une manifestation en faveur de la reconnaissance de l'Etat palestinien aura lieu à la Fontaine des Innocents à Paris (Métro Châtelet). Elle est appelée par de nombreux partis, des ONG et des associations de la diaspora tunisienne et arabe.


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