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Des leviers pour le développement local et régional
Publié dans Leaders le 13 - 04 - 2015

« L'essentiel c'est le chemin et non le but » Adonis
Face au chômage endémique, au développement inégal des régions et des localités à l'intérieur d'une même région (tels les quartiers périphériques des villes) on n'arrête pas d'incriminer le modèle économique en vigueur. Certes un modèle de développement constitue un facteur important de création de richesse et d'emploi ou, au contraire, manquer d'efficience et bloquer la croissance génératrice d'opportunités d'investissement et d'emploi. Cependant, il n'est pas le seul déterminant des inégalités et de l'exclusion. Car l'emploi, le sous emploi et le chômage sont la résultante de tout un système dans ses différentes dimensions : éducative, politique, juridique éthique, sociale et de gouvernance. C'est pourquoi les solutions au problème de chômage sont à chercher dans le fonctionnement de l'ensemble du système national.
En l'absence de pratiques démocratiques, la recherche de solutions est considérée comme étant de la responsabilité des gouvernants. Les propositions de sortie de crise souvent évoquées touchent à plus d'un registre : les choix politiques, la législation, la gouvernance nationale, la décentralisation de l'administration publique, le partenariat public privé, la réforme des systèmes éducatifs, de formation professionnelle et universitaire, l'exploitation des TIC pour favoriser le passage d'une économie traditionnelle à une économie de la connaissance, la stimulation de l'entrepreneuriat... Mais cette approche pêche par sa logique top down, autrement dit, les choix sont faits au sommet pour être appliqués à la base de la société. Elle pêche aussi par la sous estimation des potentialités locales disponibles aussi bien matérielles qu'immatérielles et qui peuvent servir de levier pour la croissance et la création d'emplois.
C'est qu'il n'y a pas de localité sans ressources humaines, matérielles et immatérielles. Mais ces ressources sont selon les cas inexploitées, sous exploitées ou gaspillées. Et si l'on fonde l'approche pour le développement régional /local sur ces ressources alors on ouvrira de nouveaux horizons et l'on découvrira de nombreux vecteurs de création de richesse inexplorés. La perspective locale et pas seulement nationale s'impose si l'objectif est de ne laisser aucune région ni aucune localité sur le bord de la route de la prospérité recherchée. Et si pour mettre en application une telle perspective on consultait les populations locales, il apparaîtrait clairement que ces dernières ne manquent pas d'idées pour la dynamisation de l'économie locale. En voici un exemple : exposé à un problème de déficit budgétaire nécessitant des décisions difficiles à prendre et avant d'engager une révision stratégique de ses programmes, le gouvernement du Nouveau-Brunswick canadien a invité les citoyens, en janvier 2015, à faire des propositions sur les moyens de trouver des fonds. Certains l'ont fait dans le cadre de séances de dialogue, d'autres l'ont fait en ligne. Rien qu'en ligne, 9000 idées ont été recueillies. Parmi les propositions les plus fréquentes on a relevé ceci : « investir dans les entreprises locales et générer davantage de produits néo-brunswickois; réduire le chevauchement des tâches au sein des systèmes de santé et d'éducation; arrêter d'accorder des allègements fiscaux aux grandes entreprises et améliorer la collaboration entre les ministères du gouvernement. » Outre ces idées venant de citoyens d'un pays lointain, la méthode qui a permis de les recueillir pourrait bien inspirer ceux de nos gouvernants soucieux du développement régional.
Parmi les propositions de Brunswickois que je tiens à souligner c'est celle de l'investissement dans les entreprises locales. Ce sont effectivement les entreprises locales prospères et lancées sur une pente de développement qui créent l'emploi durable. Les régions et les localités dites défavorisées manquent de telles entreprises. Le taux d'activité entrepreneuriale qui les caractérise est plutôt faible voire très faible. L'émigration de sa population à la recherche d'emploi dans d'autres localités mine son potentiel en ressources humaines et rejaillit sur son attractivité pour les investisseurs. Néanmoins bien des leviers existent pour rompre ce cercle vicieux et déclencher une dynamique de développement soutenu et durable. En voici quelques uns :
1. La mobilisation des ressources humaines locales via une gouvernance décentralisée depuis la conception des projets jusqu'aux moyens à trouver pour leur réalisation, d'une part et la mise des représentants des populations locales devant leur responsabilités pour faire des choix, contribuer aux arbitrages nécessaires car, qu'il s'agisse de gestion des affaires publiques ou privées, la question est de composer avec des ressources nécessairement limitées sinon rares.
2. L'engagement d'un partenariat public-privé. Pour certains projets, le public s'associe avec le privé à but non lucratif. Les associations et autres organisations de la société civile ont des capacités réelles de mobilisation de ressources financières et/ou des ressources humaines à travers le bénévolat de personnes disposées à agir pour l'intérêt public. Pour d'autres projets, le secteur public pourra s'associer avec le privé à but lucratif constitué par les entreprises locales mais aussi celles installées en dehors du territoire concerné. Les vecteurs du partenariat du public avec ce secteur sont, en plus de la réalisation en commun des projets, la sponsorisation d'actions ponctuelles et l'encouragement des entreprises locales à adopter une stratégie de responsabilité sociétale (RSE) dont le principe concerne trois volets : le profit (assurer la pérennité et la croissance de l'entreprise), la population (contribuer au bien-être de la population locale) et la planète (préserver la nature, l'environnement et les ressources par souci de l'intérêt des générations futures). De même les entrepreneurs déjà installés peuvent être incités à agir en faveur de l'entrepreneuriat local à travers des actions citoyennes telles que le mentorat ou l'investissement en capital (private equity) pour aider les nouveaux promoteurs à la réalisation de projets innovants.
3. La création de synergies via la collaboration organisée entre les différentes structures administratives en vue d'assurer une meilleure performance dans l'exécution des projets et ceci à travers l'échange d'information et de documents informatisés, la rationalisation des procédures administratives en vue d'éliminer les opérations inutiles, de réduire les délais et les temps perdus par les prestataires de service, l'arbitrage entre les contraintes et les exigences réglementaires...
4. Le rajeunissement des métiers traditionnels tels l'artisanat d'art et autres petits métiers.
Ces métiers exercés le plus souvent dans l'informel, s'appuient sur un héritage esthétique, de savoir faire et d'habiletés pour répondre aux besoins de la société traditionnelle mais ils ont du mal à s'insérer dans le mode de vie et de consommation moderne. Ils sont peu créateurs de valeur, pénalisés qu'ils sont par l'étroitesse de leur marché, la dispersion et la faible capacité de négociation des artisans et petits entrepreneurs qui ne maîtrisent qu'un seul maillon de la chaîne de valeur. L'exercice de ces métiers au moyen de techniques archaïques les rendent exigeants en effort humain sans assurer la qualité des produits/services et ne permettent qu'une production à petite échelle. Des expériences dans certains pays du monde ont fait de ces métiers des moteurs de développement local grâce, selon les cas, au regroupement des artisans et petits entrepreneurs, à l'innovation et à une greffe technologique faite au processus de production tout en préservant, le cas échéant, l'originalité du patrimoine .
5. Le renforcement du potentiel entrepreneurial féminin. Les études ont montré que ce potentiel existe même dans les régions à faible taux d'activité entrepreneuriale mais il ne fait pas l'objet de l'attention qu'il mérite de la part des décideurs. Si l'on sait que le taux de chômage des femmes diplômées de l'enseignement supérieur est le double de celui des hommes, on peut mesurer l'énormité du gaspillage du potentiel national de ressources humaines. Cela est dû en grande partie à l'existence d'une discrimination en matière de recrutement à l'égard des femmes ce que certains nient contre toute évidence. Mais des femmes contournent cette iniquité en créant leur propre projet. Ainsi la dynamique entrepreneuriale féminine, si elle est soutenue et renforcée, peut constituer un important levier du développement local.
6. L'indemnisation des populations rurales et des petits(es) exploitants agricoles. Ces populations ont le mérite de préserver un patrimoine, d'entretenir un territoire avec sa biodiversité et d'assurer la viabilité d'espaces autrement menacés par la dégradation et la désertification. Ce sont autant de services qu'elles rendent à la nation qui appellent un retour de reconnaissance et d'incitations à leur poursuite. Au lieu d'être condamnées à la pauvreté et/ou à l'exil, on donnera à ces populations les moyens d'une vie décente qui pourrait les transformer en véritables agents de développement durable.
7. La révision du système fiscal en vue d'accroître la part de la fiscalité locale qui, par la proximité de l'usage et du contrôle, renforce les valeurs citoyennes et décourage l'évasion fiscale.
Riadh Zghal
1) Gouvernement du Nouveau-Brunswick (mars 2015). Révision stratégique des programmes : Ce qui s'est dit [[email protected]] impliquez-vousNB_CeQuiSEstDit.pdf
2) Bernard Canne & Yveline Leclerc (ed) (2009) Asian Industrial Clusters, Global Competitiveness and New Policy Initiatives, World Scientific Publishing, 562 p
3) L'autonomisation économique des femmes. Emploi et entrepreneuriat (2014), étude dirigée par Riadh Zghal, Publications du CREDIF


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