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Inclusion Bancaire: ce que la Tunisie peut apprendre de l'Afrique sub-saharienne
Publié dans Leaders le 18 - 11 - 2015

L'inclusion financière signifie que l'ensemble de la population et des entreprises ont accès et utilisent les services financiers correspondant à leurs besoins. Autrement dit, que les personnes physiques ou morales puissent avoir accès aux services financiers de base: tenue de comptes et épargne, crédit, moyens de paiement et assurance.
Les avantages de développer l'accès aux services financiers et d'en promouvoir l'usage ont été largement démontrés: croissance économique, stabilité financière, opportunités d'emploi, réduction des inégalités, accumulation d'actifs et gestion des risques, entre autres. L'importance de l'inclusion financière comme catalyseur de développement est reconnue par des instances telles que les nations unies ou le G20.
Deux adultes sur trois n'ont pas de compte bancaire
Publié en septembre 2015,un rapport de la Banque Mondiale faisant l'état des lieux de l'inclusion financière pour les populations à bas revenus et les micros entreprise, conclut que «Si la Tunisie bénéficie aujourd'hui de services d'épargne de base abordables pour les populations à bas revenus grâce au réseau postal, ainsi que d'une règlementation encourageant le microcrédit, l'offre de services financiers inclusifs reste fragmentée, incomplète et finalement peu accessible.»
En dépit d'un maillage conséquent du pays, notamment grâce aux bureaux de poste, deux Tunisiens sur trois ne disposent pas d'un compte bancaire. Et malgré un développement notable de l'offre de micro crédit grâce l'adaptation du cadre législatif qui a permis le lancement de plusieurs établissements (Enda, Microcred, Teyssir, ..) l'offre reste limitée à la fois géographiquement, qu'en terme de services offerts.
La sempiternelle dichotomie entre la côte et l'intérieur
Sur l'axe géographique, nous retrouvons la sempiternelle disparité entre les zones côtières et l'intérieur du pays. Malgré la présence des bureaux de postes et un effort conséquent de certaines institutions de micro crédit qui étoffent leur présence à l'intérieur du pays, le rapport relève une disparité importante entre la cote et l'intérieur. La distance physique empêche une proportion importante de la population d'accéder aux divers services financiers.
En termes de couverture de services, l'épargne et le micro crédit sont plus ou moins accessibles, grâce au réseau de La Poste et aux efforts de décentralisation de certaines MCI. D'autres services tels que les moyens de paiement et les assurances demeurent physiquement hors de portée d'une proportion importante des habitants des régions intérieures.
Que faire alors?
Si les personnes n'arrivent pas à atteindre les services financiers, il va falloir que ces derniers se déplacent vers eux et l'exemple en la matière nous vient de l'Afrique Sub-Saharienne où certaines institutions ont une tradition en la matière.
Exemple 1: L'Agence Mobile
Dans le cadre du projet de mise en place du système global bancaire Temenos T24 au Crédit Mutuel du Sénégal, que Targa conduit, j'ai eu l'opportunité de découvrir le concept d'agence mobile. (Photo).
Logée dans un bus cette agence offre une panoplie complète de services (Ouverture de compte, collecte d'argent, retrait, dépôts de demandes de crédit). Connectée au système d'information de la banque, cette agence mobile se déplace notamment près des lieux de rassemblements de la population (marché hebdomadaire, fêtes religieuses ou nationales…) pour aller vers les clients. A l'exception de quelques institutions de Micro Finances, je n'ai pas connaissance d'expériences similaires en Tunisie ou les banques n'ont pas la culture d'aller vers leurs clients à l'exception des grands comptes ou alors en se menant la course vers l'ouverture d'agences ce qui n'est pas toujours rentable.
Exemple 2: La finance digitale
Le paiement par téléphone mobile et les services financiers digitaux représentent des opportunités uniques pour étendre rapidement l'accès aux services financiers. L'exemple le plus cité en la matière est le succès de M-Pesa au Kenya et le Service M-Shwari qui s'est greffé dessus.
M-PESA est considéré à juste titre comme une réussite d'envergure internationale. Ce réseau est utilisé par les deux tiers des Kényans adultes, compte plus de 80 000 agents, et traite chaque jour des opérationsde paiement d'une valeur de près de 20 millions de dollars.
Bâtissant sur le succès de M-Pesa, une Banque (La Commercial Bank of Africa ou CBA) et un Opérateur Mobile Safricomont lancé le service M-Shwari (Calme en Swahili). Derrière cette dénomination nous trouvons une une gamme complète de services financiers (Ouverture de compte, Epargne, Micro Crédit, Assurances) à la portée de toute personne possédant un téléphone mobile.
En moins d'une minute un utilisateur du service de paiement mobile M-Pesa (68% de la population Kenyenne) est capable d'ouvrir un compte, d'y transférer de l'argent et même de faire valoir ces droits à un crédit.
Comme tous les autres types de comptes bancaires Kényans, le compte M-Shwari doit respecter les règles concernant le contrôle de l'identité des clients conformément aux principes de connaissance du client (Know Your CustomerKYC. Cependant, dans le cas de M-Shwari, la CBA procède à ce contrôle par voie numérique en utilisant les détails stockés dans le système d'enregistrement du numéro de téléphone (SIM) et dans le compte M-PESA. L'ouverture d'un compte M-PESA la présentation d'une pièce d'identification fait que les clients disposants de ce moyen de paiement sont dument identifiés.
Lancé en 2012 le service M-Shwari a connu un succès fulgurant et immédiat comme l'atteste le graphique ci-dessous.
Et La Tunisie dans tout cela?
Vus de la Tunisie, des agences mobiles qui se déplacent vers les clients ou la possibilité d'ouvrir un compte à partir de son mobile et bénéficier d'un prêt sans avoir jamais rencontré son banquier apparaissent comme de la science-fiction.
Et pourtant la barrière n'est pas technologique. Il se trouve que le Crédit Mutuel du Sénégal (en cours d'implémentation) et la Commercial Bank of Africa sont basés sur le même système d'information : Temenos T24 déjà présent dans plusieurs banques en Tunisie.
Les barrières, sont culturelles et légales
La barrière culturelle consiste en le manque d'habitude de nos augustes institutions à aller vers les gens. A quelques exceptions près un banquier tunisien ne visite que ses grands comptes, le reste de la population doit venir vers lui.
Le cadre réglementaire de la finance digitale en Tunisie conserve les banques au cœur du traitement des opérations, sous la supervision de la BCT. Des partenariats entre les banques et des acteurs non bancaires peuvent être autorisés, notamment pour faciliter l'ouverture de porte-monnaie électroniques et pour la mise en place de réseaux d'achat/vente de monnaie électronique.
Pratiquement, ces partenariats restent difficiles à mettre en place : à ce jour, un seul existe (BIAT/Via Mobile pour le service m-Dinar) et il ne recense que peu d'adhérents. Les quatre offres sur le marché (les trois services postaux – MobiFlouss, MobiDinar, MobiMoney – et le service m-Dinar) proposent des services limités et sans interopérabilité. D'autres services concurrents seraient également en cours de lancement risquant d'augmenter la fragmentation du marché.
Opérant en silos et sans interopérabilité ces services n'arrivent pas à atteindre la masse critique pour offrir une solution de paiement mobile d'envergure nationale. Ce qui empêche l'émergence de services comme M-Shwari.
L'inclusion Bancaire : Facteur de développement
En élargissant l'inclusion bancaire au-delà du microcrédit, la Tunisie pourrait améliorer à la fois sa croissance et les conditions de vie de ces citoyens les plus démunis.
C'est pour cela qu'il parait important de regarder pour une fois vers l'Afrique Sub-Saharienne et d'apprendre des expériences réussies.
Deces expériences nous concluons qu'il est primordial de mettre en place une stratégie nationale, pragmatique et opérationnelle pour faciliter l'émergence d'une solution nationale de paiements mobiles. Au moins en assurant l'interopérabilité des diverses plateformes pour fluidifier les échanges. Une telle plateforme sera ensuite un socle idéal pour offrir une panoplie de services financiers.
Nabil Majoul


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