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La vieille emportée par la crue de l'oued...
Publié dans Leaders le 18 - 06 - 2016

Inutile de préciser la suite de ce proverbe bien de chez nous… à l'heure où nos hommes politiques sont à la fête!
Depuis que le Président a annoncé son souhait d'un gouvernement d'union nationale, les voilà de retour sur leur terrain de jeu favori: ils sont là tous occupant le terrain, frétillant à la chasse d'un maroquin et de quelques miettes de pouvoir. On a même vu des dinosaures et des chevaux de retour tenter leur chance dans cette pitoyable arène. Des arguties de droit constitutionnel et autres ficelles juridiques sont lancées pour brouiller les pistes.
Tous semblent donner raison à Régis Debray qui affirme : «La politique est devenue un ensemble de coups de com' destinés à remplacer un clan par un autre clan.»
Que 2015 ait été l'année la plus chaude depuis que les relevés météorologiques existent, peu leur chaut.
L'environnement, le réchauffement climatique - voyons, vous voulez rire !- mais c'est le cadet de leurs soucis. Soyons sérieux. Parlez-moi plutôt de fauteuils, de sinécures, d'ambassades, de quotas pour mon parti. En somme, partageons le gâteau, ouvrons la chasse en vue des municipales… et après moi le déluge!
Sur ce plan, ils font penser au mot de la sultane, mère du dernier des Abencérages, abandonnant Grenade aux Rois Catholiques, et à laquelle Chateaubriand fait dire, s'adressant à son fils: "Pleure maintenant comme une femme un royaume que tu n'as pas su défendre comme un homme."
Notre Grenade à nous, Tunisiens, aujourd'hui c'est notre environnement.
Allons-nous laisser partir à la dérive notre bien le plus précieux ? Par négligence. Par la faute de décideurs occupés aux jeux stériles de la Boulitique, sans perspectives.
Que le sérieux World Resource Institute de Washington ait répertorié la Tunisie parmi les pays risquant de souffrir de stress hydrique d'ici 2040 si la gestion des ressources hydriques n'évoluait pas, n'interpelle pas nos politiciens... qui savent pourtant que des écoles, des villages et des hameaux n'ont pas d'eau potable et que l'hépatite et la teigne font des ravages. Que le 11 mai 2016 tempêtes, grêles et vents de sable aient ruiné un certain nombre de nos agriculteurs à Sidi Bouzid, à Thala, à Sfax, à Ben Gardane n'affectent guère nos politiciens. Que la ville de Bousalem ait été inondée et le sera à nouveau si rien n'est fait laisse tout ce beau monde de marbre ! Qu'une circulation démente à l'origine - outre le gaz carbonique et les oxydes d'azote - d'ozone et de particules fines de carbone et des aérosols impliqués dans des affections respiratoires et cardiaques n'incite pas nos autorités à réfléchir sérieusement à la question des transports et de carburants fossiles. Non ! Ils nous annoncent que le gaz de schiste a toujours leur faveur ! Faut-il leur rappeler qu'une fois dans l'atmosphère, le gaz carbonique y résidera pour des siècles ? Faut-il leur rappeler que la déforestation, l'absence d'espaces verts - qui peuvent atténuer les îlots de chaleur que sont nos villes - les incendies qui ravagent nos plantations comme récemment Ennahli ou dans la palmeraie de Gabès (bonnes affaires en vue pour les promoteurs ?) ne feront qu'empirer les choses ? Faut-il leur rappeler cette réflexion de Georges Perec - qui a enseigné à Sfax bien avant l'actuelle gabégie de la circulation que connaît le pays - parlant de Paris disait cette parole de bon sens en 1983 : «…Tout le monde veut avoir sa voiture alors que s'il y avait beaucoup plus d'autobus on circulerait beaucoup mieux et ce serait beaucoup plus agréable pour tout le monde… D'où vient cette malignité qui fait que l'homme a transformé en supplice ce qui devrait être une source de bonheur ?» ? (Entretien avec Gabriel Simony, Edition Le Castor Astral, Paris, 1989, p. 22 et 32). Il nous faut intégrer le fait que la pollution de l'air touche huit citadins sur dix dans le monde et a été responsable de la mort de 3,7 millions de personnes en 2012 affirme l'OMS. (Le Monde, 13 mai 2016, p. 1et 8).
Que les innombrables pustules d'ordures qui ornent chaque coin du pays émettent des gaz odoriférants et du méthane - qui n'a pas d'odeur - mais dont l'effet de serre est 84 fois plus puissant que le gaz carbonique, voilà qui ne les incommode guère.
Pour nos politiciens et nos décideurs, le changement climatique est ainsi vu comme une préoccupation de gens qui vivraient dans la stratosphère, à des années-lumière de la Tunisie. Donc, continuons nos enivrantes joutes politicardes et vogue la galère….
Ils oublient un fait capital: le changement climatique ne sera pas l'affaire des seules générations futures. Il nous menace tous par ses effets sur notre bien-être et notre santé. Notre santé. Notre survie. Aujourd'hui !
Qui dit cela ? Qui tient ces propos ?
D'abord l'Organisation des Nations Unies qui pointe «la dépendance effrénée vis-à-vis des fuels fossiles».
Ensuite, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) dont la directrice générale Mme Margaret Chan affirme que « le changement climatique est la plus grande menace à la santé publique et la question clé définissant le 21ème siècle. » Pareillement, le président de la Banque Mondiale, M. Jim Yong Kim - lui-même médecin - prône le désinvestissement dans les activités touchant aux fuels fossiles et leur taxation.
Mieux, la Maison Blanche vient de publier un rapport où les spécialistes affirment que le changement climatique est une menace significative pour le peuple américain car, explique-t-elle, «au cours des dernières années, la compréhension scientifique du fait que le changement climatique accroît les risques pour la santé humaine a fait des progrès significatifs.» Et de préciser que la qualité de l'air, l'élévation du niveau des océans, les inondations, les températures extrêmes, la sécheresse et les tempêtes vont affecter les performances humaines au travail (notamment les températures élevées), augmenter les allergies, les maladies hydriques et les infections alimentaires notamment à cause des températures et de l'hygrométrie élevées et de la perturbation des saisons. Ces changements climatiques auront aussi un impact sur la santé mentale : stress, anxiété et dépression les accompagneront. Ils affecteront aussi les relations sociales, diminueront la cohésion de la société et augmenteront la violence et la criminalité. Ces effets affecteront «de façon disproportionnée» les populations vulnérables telles les personnes âgées et celles affectées par des maladies chroniques, les enfants, les femmes enceintes, les minorités ethniques… Une importante revue des sciences de l'environnement a publié, en mars dernier, une étude signée par des spécialistes américains, chinois, taiwanais, néerlandais, canadiens, suisses et allemands, ayant pour titre «Ce que nous respirons impacte notre santé». Ce travail révèle que «la pollution de l'air contribue à la mort prématurée de millions de personnes de par le monde et que la question de la qualité de l'air ne fait que prendre de l'ampleur dans les PVD. Bien que les efforts faits par le passé aient permis de réduire la concentration des particules et des gaz en Amérique du Nord et en Europe, des effets néfastes pour la santé ont été détectés à ces faibles niveaux de pollution de l'air.» ( Environmental Science and Technology, 24 mars 2016, 50, (10), p. 4895- 4904). L'étude affirme que l'exposition aux particules fines (PM2,5) et la pollution de l'air à l'intérieur des habitations sont les deux plus importants facteurs de risque environnementaux pour la santé à l'échelle de la planète. La nocivité de ces deux facteurs de pollution est à l'égal d'autres risques bien connus comme le tabagisme, l'alcoolisme ou l'obésité. L'urbanisation effrénée actuelle - particulièrement dans les PVD - et la croissance démographique des personnes âgées vont certainement augmenter la taille des populations vulnérables aux effets de la pollution de l'air sur la santé.
Signalons aussi que le New York Times (10 juin 2016), rapportant les travaux d'une équipe de l'Institut royal néerlandais de météorologie et de l'Université d'Oxford (Grande Bretagne) entre autres - écrit que les inondations ayant frappé la France au mois de mai sont dues au changement climatique global. Ce dernier a augmenté la probabilité d'un tel déluge de 80% pour le bassin versant de la Seine - qui inclut Paris - et où le fleuve est monté de 6 mètres par rapport à son niveau normal, comparativement à un monde où le climat n'aurait pas changé.
Enfin, last but not least, des revues de médecine prestigieuses comme The Lancet ou le British Medical Journal (BMJ) ont publié de solides dossiers sur le changement climatique et ses effets sur la santé. The Lancet (publié chaque semaine depuis octobre 1823) écrivait déjà en 2009 : «Les effets du changement sur une population mondiale de 9 milliards de personnes en 2050 menacent de saper les gains obtenus dans les domaines du développement et de la santé au cours des cinquante dernières années.» Sa nouvelle et passionnante étude pluridisciplinaire - due aux travaux des Anglais et des Chinois - «Santé et changement climatique : les réponses politiques nécessaires pour protéger la santé publique» avance dix recommandations à l'usage des politiciens et conclut : «les effets du changement climatique perceptibles aujourd'hui ainsi que les projections concernant le futur représentent un risque catastrophique élevé inacceptable et potentiellement catastrophique pour la santé humaine.» (The Lancet, 22 juin 2015).
Il n'est pas question pour nous de dire comme Andromaque : «Je me livre en aveugle au destin qui m'entraîne» (Jean Racine).
A notre société civile de s'emparer de ces problématiques vitales, pour nous aujourd'hui… et pour les générations futures, car «une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte. Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde.» (Aimé Césaire)


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