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Pourquoi il est urgent d'aider la Tunisie
Publié dans Leaders le 29 - 11 - 2016

Le 14 Janvier 2011, sous la pression d'un mouvement de contestation populaire sans précédent, qui s'était enclenché à Sidi Bouzid à peine un mois plus tôt, suite à l'immolation par le feu du jeune Mohamed Bouazizi, le régime du président Ben Ali chutât comme un château de cartes. Ce fut le point de départ de ce qui est convenu d'appeler « le printemps arabe » : expression des aspirations des peuples arabes pour un avenir meilleur où la justice, la liberté et la dignité humaine l'emportent sur la tyrannie, la corruption et le népotisme.
Presque six années après, ce printemps s'est malheureusement transformé en un hiver rugueux avec son lot de guerres, d'attentats terroristes, de crises économiques et de réfugiés jetés sur les routes de l'exil. Aujourd'hui, le monde arabe est le théâtre d'un chaos sans précédent, et ses pays, en proie à d'incontrôlables convulsions, risquent d'être marginalisés s'ils ne mettent pas un terme à leur descente aux enfers. Les civils syriens regardent impuissants les guerres que se livre su leur sol, une poignée de puissances internationales et régionales. Les libyens s'adonnent à une guerre tribale avec des milliers de morts à la clé. En Egypte, l'armé a repris son bien après le court intermède du président Mohamed Morsi. L'Arabie Saoudite dépense une fortune pour mener une guerre sans issue au Yémen voisin. Au milieu de ce chaos, la Tunisie fait figure d'exception dans la mesure où c'est le seul pays de la région qui, malgré les difficultés, a réussi la phase de transition politique. Une nouvelle constitution a été rédigée et adoptée, un président ainsi qu'un parlement ont été élus au suffrage universel, et plusieurs institutions constitutionnelles ont été mises en place, la dernière en date est le conseil supérieur de la magistrature. Certes, le travail est loin d'être achevé, mais pas mal d'avancées ont été réalisées. La démocratie étant un long chemin semé d'embûches, pour le moment, l'instauration d'un Etat de droit qui rompt définitivement avec les maux qui ont rongé le pays pendant presque un quart de siècle, demeure un lointain objectif à atteindre.
Sur le plan social, la révolution du 14 Janvier 2011 avait suscité tellement d'espoir, de justice, et d'équilibre entre les régions, qu'aujourd'hui, beaucoup de gens ont le sentiment que leurs espérances ont été trahies, d'où l'émergence de mouvements sociaux parfois légitimes parfois anarchiques. Le climat d'insécurité, après les sanglants attentas de 2015 (du musée du Bardo, de Sousse et de Tunis) n'a pas manqué, à son tour, d'affecter l'environnement des affaires au point de rendre les investisseurs plus que frileux. Résultat des courses, la situation économique du pays est dans un mauvais état. Le chômage est toujours très élevé (autour de 15%) principalement chez les jeunes. Partout, le taux de chômage des diplômés bat des records. L'économie informelle et le marché parallèle prennent de plus en plus d'ampleur et mettent à mal l'économie formelle et organisée. L'agriculture représente un des principaux atouts de l'économie tunisienne, son poids économique est important, mais elle aussi est dans un état lamentable. Le tourisme, un des secteurs clés de l'économie, est en état de mort clinique, victime des attentas terroristes. Et tant que la Tunisie demeurera exposée à la menace terroriste sur son territoire, aucune relance de ce secteur n'est envisageable.
A tous ces handicaps qui freinent la relance de l'économise tunisienne (en 2015, le taux de croissance du PIB n'était que de 0,8%, contre 2,7% en 2014), se sont greffés d'autres problèmes non moins importants. Le premier est l'excès de déficits budgétaires, conséquence d'une gestion laxiste des finances publiques. Le second est la baisse de la productivité des entreprises tunisiennes victimes des débrayages multiples et continus de leurs personnels. Le troisième concerne la faible dynamique des investissements. Mis à part quelques investissements de maintien de leurs outils de production, la majorité des entreprises privées ne fait pas montre d'un enthousiasme particulier en investissant dans de nouveaux projets créateurs de richesses, eu égard à un environnement sociopolitique instable. Le quatrième problème, structurel, est la déformation du partage des revenus au détriment des salariés. En effet, à cause de taux d'inflation jamais atteints dans le passé, La stagnation, voire la baisse des salaires réels déprime la demande des ménages.
Outre ces considérations d'ordre économique, la Tunisie est aussi victime de la conjonction de trois autres facteurs politico-géostratégiques: son choix pour un régime parlementaire qui s'est traduit au fil des jours par l'omnipotence du pouvoir législatif – la coalition gouvernementale est dans une recherche constante du consensus politique, ce qui lui fait perdre beaucoup de temps et d'énergie-, le manque d'expérience de sa classe politique –la démocratie est avant tout un état d'esprit, et ne pourrait être réduite à l'alternance au pouvoir- et son environnement géopolitique, plus précisément la guerre qui fait rage chez son voisin libyen.
Un cercle vicieux s'est alors enclenché, le manque d'expérience et l'instabilité politique ne permettent pas la réussite sur le plan économique, et les mauvais résultats économiques alimentent la déception du peuple. L'optimisme de départ, s'est estompé à mesure que les gouvernements qui se sont succédé, ont eu du mal à reprendre le contrôle de l'économie tunisienne.
Lors d'une conférence donnée il y a trois ans à Tunis, Jacques Attali avait dit: " si le printemps arabe ne réussit pas en Tunisie, il ne réussira nulle part". Je trouve qu'il a tout à fait raison de dire cela, et je ne comprends pas pourquoi l'Europe en particulier, et le monde libre de façon plus générale, ne soutiennent la Tunisie que du bout des lèvres.
La Tunisie, avec le peu de moyens dont elle dispose, doit être aidée, car elle ne s'en sortira pas toute seule, et qui mieux que l'Europe pourrait lui apporter ce soutien dont elle a grandement besoin. En soutenant la Tunisie, l'Europe aidera ce pays à consolider le processus démocratique initié il y a quatre années, et démontrera au reste du monde arabe que la démocratie peut prospérer sur des terres que d'aucuns estiment arides pour un tel projet, en espérant que l'expérience tunisienne fera tâche d'huile et déteindra sur l'ensemble du monde arabe.
Etienne Gernelle(1), directeur de la rédaction du news magazine français Le Point a plus que raison quand il avait écrit que « les batailles de demain seront innombrables et coûteuses. Il faudra bien contrôler les frontières extérieures de l'Europe (sans les fermer) intervenir militairement là où s'est nécessaire et surtout aider les Etats en difficultés avant que ceux-ci ne s'écroulent. Parmi ces derniers, citons en premier lieu la Tunisie, que nous soutenons modérément alors que l'enjeu y est tout sauf modéré ». Car outre les enjeux politiques, il est question d'un modèle de société qui risque disparaitre. Durant les cinq années écoulées, les Tunisiens et -surtout les Tunisiennes- ont donné une belle leçon à tous ceux qui n'ont jamais cessé de théoriser l'incompatibilité entre les peuples arabes et la démocratie. Mais aucune démocratie ne pourra survivre dans la misère économique. Sans justice sociale, sans développement économique, aucune institution politique, aussi solide soit-elle, n'est à l'abri des vents contraires.
Combien de temps le modèle sociétal tunisien, bâti il y a plus d'un demi-siècle, par Habib Bourguiba(2), qui avait osé bousculer archaïsmes et traditions,
pourrait-t-il tenir ? Car, il ne faut pas perdre de vue, que de l'autre coté, cela fait plus de vingt ans que les pétrodollars de quelques monarchies du Golfe financent des chaines satellitaires avec une seule et unique idée derrière la tête: faire en sorte que le Wahhabisme, idéologie obscurantiste et rétrograde, soit le seul modèle pour les populations arabo-musulmanes.
Les 29 et 30 novembre prochains, la Tunisie sera le théâtre d'un grand événement auquel participeront plusieurs chefs d'Etats et de gouvernements. Puisse cette conférence internationale pour l'investissement –Tunisia 2020- convaincre ces derniers d'apporter une aide et un soutien concrets au pays.
(1) Le Point du 21 janvier 2016.
(2) Premier président de la République tunisienne de 1957 à 1987.
Mohamed Fessi
Enseignant universitaire - Consultant d'entreprises


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