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De la fidélité du messager - Réflexion sur: «Une révolution en pays d'islam»
Publié dans Leaders le 20 - 01 - 2017

Paru aux éditions Cérès, avec le concours de la Fondation Hanns Seidel, le livre de Yadh Ben Achour se distingue par sa fidélité à la thèse occidentale relative aux événements de 2011 en Tunisie. L'auteur, à l'instar des dominants, ne tarit pas d'éloges sur sa «révolution» inédite et ‘'démocratique'' (page 39) puisqu'elle a conduit à l'abandon du mimétisme et de la dépendance culturelle. Cette approche se retrouve chez Stephan Hessel, qui lors d'une conférence donnée à Tunis en 2011, a loué «la capacité surprenante des tunisiens de faire tomber une dictature pacifiquement». De même Jean Daniel, ‘'l'ami des tunisiens'', a craqué pour la «révolution démocratique tunisienne». Guy Sitbon l'a ‘'fêté'', dans Marianne, hebdomadaire français du 29/1 au 4/2/2011 en parlant de «révolution si bien élevée». L'auteur insiste sur le caractère pacifique de la révolution évoqué par Moncef Marzouki (page 48). Il écrit: «Nous sommes, en pays d'islam, ou A lieu en Tunisie en 2011, une révolution inédite sans aucune filiation avec les multiples révoltes du passé qui n'avaient nullement pour objectif la liberté, ni avec les thawrât, révolutions antérieures nationalistes de type nassérien, ni encore moins avec la révolution iranienne » (page 39). Se référant à «un ouvrage prophétique ‘'Du droit des peuples à faire la révolution'' de J.B. Erhard, selon qui la révolution se fait selon un projet mûrement réfléchi, soit soudainement à la suite d'un événement qui produit une insurrection de laquelle seulement est né le projet de révolution» (page 67). Le lecteur avisé saisit que Y.B.A. vise l'immolation de Mohamed Bouazizi. Mais YBA, le juriste, exulte le 29é jour de l'insurrection lorsque la force du droit s'accointe à ‘'sa révolution''. «C'est le feu d'artifice élocutoire de Me Abdennasser Laaouini, avocat, opposant courageux et notoire qui permit à la révolution de s'épanouir » (page 92). Le grand juriste n'est pas offensé par le «Collectif des 25 avocats qui se sont pris pour ‘'Procureur de fait'' en engageant des actions judiciaires! L'auteur l'approuve car les actions ont été menées au nom de ‘'sa révolution'' (page 163). YBA estime que ‘'sa révolution a aboli la dictature mais n'explique ni son avènement ni sa longévité! Contre la dictature se ligue les islamistes qui ont accepté le caractère civil de l'Etat, l'égalité entre hommes et femmes, les libertés publiques et la démocratie, selon Moncef Marzouki(page 207) et le comité du 18 octobre 2005 pour combattre le pouvoir policier(208). L'auteur ne précise pas si ce mouvement a été appuyé de l'extérieur ! De même il n'aime pas'' le printemps arabe''.
Le ‘'printemps arabe''
L'auteur reconnait le rôle joué par les internautes ainsi que leur marquage idéologique (page 28). Il adhère à la position de Abdelwahab Meddeb, qui dans une interview au Nouvel Observateur du 20/26/2011, affirma que la Tunisie a réalisé ‘'la première révolution pacifique par Internet''. Cependant il stigmatise le livre de Mezri Haddad qualifié d'''anectodique ‘' «La face cachée de la révolution tunisienne, islamisme et occident, une alliance à haut risque» pour avoir affirmé que la révolution tunisienne s'inscrivait dans le plan américain du grand Moyen Orient et guidée par des acteurs formés par les centres américains avec l'appui médiatique d'AL Jazira (page 27). Cela ne l'empêche pas de reconnaitre que «la fabrication des textes, des symboles et des images de la révolution prennent tout de suite un élan fulgurant grâce à ces techniques nouvelles de la communication… Fabriquées localement, les informations sont immédiatement transmises et internationalisées par la toile sans frontières…et par deux chaînes télévisées transnationales, Al Jazira et France 24 (en arabe)» (page 73).Malgré ses contradictions, l'auteur affirme qu'en tant qu'adepte du libéralisme démocratique ‘'sa révolution est une révolution au sens plein du terme puisqu'elle lui a donné la liberté» (page 22). ‘'Sa révolution s'est condensée dans des concepts clés: la liberté, la dignité, la justice. ‘'Sa révolution est constitutionnelle et a rompu avec le mimétisme. Elle n'a pas été manipulée par les yankees comme l'ont été les révolutions colorées de l'est!!! Louant le rôle de la Haute instance, l'auteur rappelle ses promesses relativement à la création d'un organisme indépendant chargé des élections et d'une loi électorale. Les juristes qui ont critiqué cette œuvre ont été considérés comme étant aveuglés par la lumière de la liberté qui a illuminé «un peuple politiquement assoupi pendant plus qu'un demi siècle» (page 278).Sur sa lancée, YBA fait l'éloge de la justice transitionnelle présentée comme étant un processus concrétisant les idéaux de la révolution (page 182). Bien qu'il se réfère à Kora Andrieu, il omet de mentionner le rôle de l'ONG américaine Open Society et de la Fédération française des droits de l'homme, qui ont remué leurs pendants en Tunisie pour créer la Commission Vérité. La justice transitionnelle, création du libéralisme triomphant imposé par l'occident cherche à camoufler son implication dans la longévité des dictatures. Les dominants savent que la culture démocratique ne se forge pas dans les normes cathartiques et la démocratie politique ne peut surgir des inégalités sociales et économiques.
YBA: Fidèle messager
Le mérite de l'auteur réside dans sa fidélité à traduire la vision des dominants. Ces derniers ne lui en voudront pas de chatouiller l'égocentrisme du ‘'peuple révolutionnaire''. Cette fidélité l'autorise à affirmer que ‘'sa révolution ‘' a fait tache d'huile dans le monde arabe. Il cite la Libye en oubliant que l'alliance franco-anglaise soutenue par les Etats-Unis a détruit ce pays voisin et l'Otan a fait le reste (voir mon article paru dans Bussinessnews.com.tn: L'OTAN en Libye de la protection des civils à la partition le 29/12/2015). Il vise la Syrie dont la «révolution» s'est révélée être une guerre universelle pour le gaz menée par l'occident. Le Yemen est une agression américaine confiée à un vassal wahabite. La déformation professionnelle lorsqu'il affirme que le «le régime instituée par la Constitution du 27/1/2014 permet d'éviter un retour à la dictature» (page 328).Il ne se serait pas hasardé à une telle affirmation s'il avait consulté la thése de Jane Kirpatrick, universitaire américaine qui a soutenu la nécessité d'appuyer les dictatures dans le tiers-monde. Pour récompense, Reagan la nomma ambassadrice des Etats-Unis aux Nations-Unies. De plus il a échappé que les élections de 2009 ont été certifiées transparentes par deux professeurs de droit français, à savoir Edmond Jouve et André Decoq (Voir Mohamed Ammar ‘' Lettre ouverte à M. Jean Daniel censurée'' La Presse du 25/10/2011). La démocratie, chère à l'auteur, doit être définitivement abandonnée par l'Occident. Les experts occidentaux consultés par les dirigeants sur les moyens de sauvegarder le système capitaliste ont conseillé de se défaire de la démocratie dans le Rapport de Lugano II, rapporté par Susan George dans un livre paru au Seuil. Prétendre donc que «la révolution tunisienne est démocratique et inédite» relève de la supercherie. C'est une manière d'argumentation en faveur de la domination politique, économique et culturelle que l'auteur sert à ses lecteurs.
Le messager doit donc adhérer aux thèses des dominants. Au XXIe siècle l'occident s'arroge le droit et le devoir de répandre les droits de l'homme et la démocratie mais une démocratie minimale puisqu'elle doit essentiellement s'exprimer par la volonté d'organiser des élections lors desquelles une pluralité de partis ou de factions auraient la possibilité de se présenter et de faire publiquement campagne avec un minimum de comportement civilisé. L'auteur fait l'éloge de cette méthode. De ce fait, il peut affirmer que la prise du pouvoir par les islamistes comme une conséquence de la dictature (page 138). Le messager nie que l'islam politique est l'allié stratégique des Etats-Unis et de leurs partenaires subalternes de l'OTAN à travers le monde musulman (Voir Samir Amin, Le Monde arabe dans la longue durée; Le ‘'printemps''arabe?). Le messager évoque le prix Nobel pour confirmer son analyse. Il n'a pas mentionné que le Congrès américain a applaudi le vaillant peuple tunisien! Depuis l'intervention en Irak, on a compris que les américains cherchent à apporter la « démocratie » à des peuples qui en ignoraient tout. Aujourd'hui, comme au XVIe siècle, cet argument vise à convaincre un pourcentage suffisamment élevés de cadres, ces courroies de transmission des puissants. Nos cadres parviennent à transmettre le message.


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