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L'Otan en Libye de la protection des civils à la partition
Publié dans Business News le 29 - 12 - 2015

L'Organisation du traité de l'atlantique Nord, bras armé des Etats-Unis, et accessoirement de ses alliés a décidé de reconfigurer le grand Moyen-Orient et l'Afrique du nord. Le pétrole et le gaz libyen justifient la reconquête et la partition.

Le motif de l'intervention est le secours des populations civiles du mauvais traitement d'un dirigeant dictateur. L'histoire enseigne que ce dictateur a fait l'objet de différentes tentatives d'assassinat. La CIA a lancé le groupe islamique combattant en Libye (GICL) depuis les années 80. En 2004, le nouveau chef du GICL, Abdelhakim Belhaj, qui s'est battu aux côtés de Ben Laden en Afghanistan et en Irak, a été emprisonné par la CIA. A la suite d'un accord avec le gouvernement libyen, il est renvoyé en Libye où il est torturé par des agents britanniques à la prison d'Abou Salim. En 2010, il est libéré et installé au Qatar. Relooké, il peut reprendre du service pour exécuter les ordres des américains. Ces derniers installent le désordre en Libye en jouant sur la dimension tribale. Ils lancent les premiers noyaux de l' « état islamique ». Créé par les occidentaux et financé sur ordre atlantiste par les monarchies pétrolières, Daech reçoit les armes à travers un réseau de la CIA. De retour de Syrie, ces combattants vont combattre le général Khalifa Hafter-qui a fait défection à Kadhafi en 1983- retourné en Libye en 2011. La multiplication des pions américains en Libye sert la stratégie états-unienne. Ces instruments passent du statut d'alliés au statut d'ennemis selon l'évolution de la conjoncture. La couverture onusienne est requise lors de la première attaque occidentale contre la Libye par la résolution 1973. La partition du pays sera justifiée par la prolifération des « daechiens » en 2016.

« Le chaos libyen »
La stratégie des puissants a changé depuis la fin du XX ème siècle. La conquête militaire, délaissée un temps, a été muée en une guerre économique tout aussi efficiente. La première guerre d'Irak a annoncé la nouvelle stratégie, tracée par les Etats-Unis et suivie par ses alliés, malgré les réserves de certains. L'occupation de l'Irak puis la guerre contre la Syrie, nécessitera l'intervention des vassaux composés des monarchies du Golfe et de la Turquie, dont la mission était de servir la grande cause américaine. Pour commercialiser ce projet, les Etats Unis usent de la religion en faisant d'une pierre deux coups. Ils diabolisent l'Islam tout en jouant sur le conflit Sunnite-Chiite. Les mass-médias propagent ce message en usant d'un discours religieux moyenâgeux. Les Etats-Unis l'ont fait en Afghanistan, qualifiant les islamistes de « combattants » de la liberté contre l'horrible dictature du communisme, qui n'était en fait qu'un projet de despotisme éclairé, moderniste, national populiste, ayant eu l'audace d'ouvrir l'école aux filles. Ils continuent à le faire de l'Algérie à l'Egypte en adaptant cette stratégie. Ils savent que le pouvoir « de l'Islam politique a la vertu – pour eux – de réduire à l'impuissance les peuples concernés, et par conséquent de s'assurer sans difficulté de leur compradorisation » comme l'écrit justement le grand économiste et historien Samir Amin. Le retour de la Russie sur la scène a changé la donne au Moyen-Orient mais le Maghreb est un domaine des alliés des Etats-Unis dont ils peuvent abuser. La volonté coloniale en Libye, en raison des richesses pétrolières, a amené les Etats-Unis à mettre en place le plan de sa recolonisation. Pour réaliser son projet, l'Occident crée des « rebelles », que des commandos des services spéciaux occidentaux forment. Il suscite des frictions tribales. Son objectif est de saper ainsi les fondements de l'état libyen, ce qui autorise un homme d'état Italien à prétendre que la Libye n'a jamais existé comme état.
Le 19 mars 2011, commençait le bombardement aéronaval de la Libye. L'aviation franco-britannique, appuyée par l'aviation américaine, effectuait dix mille missions d'attaques avec plus de quarante mille bombes et missiles. Au même moment, les américains manipulaient les secteurs tribaux contre le gouvernement de Tripoli ainsi que des groupes islamistes, qu'on avait défini jusqu'alors comme terroristes. L'Otan ordonne au Qatar de financer et d'armer ces groupes. Ces jihadistes islamistes ont été approvisionnés en armes à travers un réseau organisé par la CIA, comme l'indique l'enquête du New York Times. Après avoir renversé Kadhafi, ils sont partis en Syrie pour renverser Assad. Le noyau dur de l'état islamique a été lancé en Libye. Son offensive contre l'Irak avait pour but de punir le premier ministre irakien Maliki, qui s'est trop rapproché, à leur goût, des Chinois et des Russes. En réalité, l' « état islamique » est un instrument multifonctionnel dont les Etats-Unis usent selon leurs intérêts. La « révolution » libyenne est une mise en œuvre macabre, organisée et manipulée par un grand chef d'orchestre. Le lecteur averti devine qu'il s'agit de John Mc Cain . Le citoyen tunisien se rappelle que ce sénateur américain a été reçu par une accolade fraternelle par le premier ministre du premier gouvernement de la Troïka lors de son passage en Tunisie. Ce républicain a participé pour le compte du département d'état à toutes les révolutions colorées des vingt dernières années. Un philosophe plagiataire a été conquis par cette « mission humanitaire » ! Il s'agit de Bernard Henry Levy,ami de Sarkozy, qui s'est substitué au parlement français et à Alain Juppé , ministre des Affaires étrangères. Claude Angeli écrit dans le Canard enchaîné du 10 août 2011 un article décrivant la ‘'Cohabitation'' venimeuse Sarko- Juppé.

Ainsi fut installé le chaos en Libye. Les mass-médias et les journalistes qui ont été utilisés comme informateurs par l'Otan répandent une version idéalisée de la réalité. Jean Daniel, dans son éditorial du 1er Septembre 2011, loue « l'héroïsme des rebelles » et « l'habilité stratégique de l'Otan au nom de cette idée neuve qu'est la démocratie dans les pays arabes ». Il n'est resté que le volet légal pour que l'entreprise de destruction et de recolonisation d'un pays devienne «commercialisable » à une opinion publique crédule.

Hypocrisie onusienne
Le Conseil de sécurité de l'ONU a été instrumentalisé par les Etats-Unis pour mettre en exécution sa politique de remodelage du Grand Moyen-Orient et de l'Afrique du nord. De fait, la résolution 1973, votée à l'initiative de la France et du Royaume-Uni avec la bénédiction américaine ne prévoyait que la protection de la population civile et non le changement de régime à Tripoli ; à plus forte raison, elle n'autorisait ni l'envoi d'armes, ni l'infiltration des barbouzes occidentaux. Or, The Guardian a mentionné, comme l'a rapporté le Canard enchaîné, l'existence de commandos SAS et SBS de sa gracieuse majesté. Les services spéciaux français formaient « les rebelles » au maniement des armes et des missiles. Il est à signaler que la peine de mort n'était pas prévue par la résolution. Or, selon un général américain, Kadhafi vivant est « une véritable bombe atomique ». Il sera capturé avec son fils Moatassim après avoir été repéré par un drone américain et livré aux « rebelles » assistés par les barbouzes. On connaît la suite…

Pourtant le Conseil de sécurité « demeurait activement saisi de la question » selon la formule onusienne d'usage. Mais la mission d'appui des Nations Unies en Libye (MANUL) n'a rien vu. Pas d'actions pouvant constituer une violation des droits de l'Homme. Le président de la commission internationale sur la violation des droits de l'Homme a, quant à lui, jugé qu'il était nécessaire de mener des enquêtes sur l'action de l'Otan en Libye ainsi que sur les circonstances de l'assassinat de Kadhafi et de son fils. La commission des juristes désignée pour constater les violations n'a pu accéder au rapport d'autopsie malgré ses demandes réitérées. Elle se résout à conclure qu'il est « impossible de qualifier de crime de guerre la mort de Kadhafi » ! A l'instar des juristes de la commission, le Conseil de sécurité n'a pas accordé d'importance à l'assaut volontaire sur les fonds souverains libyens. Le trésor américain a « gelé » trente deux milliards de dollars déposés dans ses banques. Quelques jours plus tard, l'Union européenne gèle environ 45 milliards d'Euros des fonds, propriété du peuple libyen, que l'occident a décidé de décimer pour ensuite réaliser la partition de son pays.
Du bombardement à la partition
L'Otan va bombarder Daesh en Libye. Ce sont les médias occidentaux qui répandent l'information. C'est le motif d'une nouvelle guerre. Le repérage des cibles a été entamé. La petite coalition – Etats-Unis, France, Grande Bretagne- est déjà constituée, et à Stuttgart, le commandant américain pour l'Afrique (AfriCom) prépare les vols de reconnaissance. Le Canard enchaîné du 25 décembre 2015 ajoute – comble du cynisme des journalistes du monde libre – que les dirigeants occidentaux attendent l'accord de l'un des deux gouvernements. Dans sa livraison du 9 décembre 2015, le Canard mentionne un document de la Direction du Renseignement militaire français qui annonce la partition en affirmant : « Il existe quatre Libye : la Tripolitaine, la Cirénaïque , le Fezzan et la « daechland » ». Tout est dit. Les acteurs libyens sont avisés. Les journalistes occidentaux ne nous disent pas que Daech est une création américaine qui doit servir le grand dessein de l'Amérique qui cherche à reconfigurer le monde arabe au profit d'Israël. Ces desseins expliquent que l'intervention des « monsieurs bons offices onusiens » sert à amuser la galerie. Ce sont des marionnettes pour couvrir la recolonisation de la Libye. La manne pétrolière et gazière justifie toutes les entorses aux droits des peuples.

Cela étant, on peut douter des larmes versées sur les attentats de Tunis. Les fauteurs de trouble en Libye ne sont-ils pas responsables ? Avis à nos « révolutionnaires tunisiens » distingués par le prix Nobel, le même que celui reçu par les chantres de la paix, Ishak Rabin et Barack Obama. La recolonisation de la Libye au prétexte de l'élimination de Daesh confirme que « la loi du plus fort est toujours la meilleure ».

* Avocat près la Cour de cassation


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