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Pédagogie de la démagogie et de l'islam politique des laïques en Tunisie
Publié dans Leaders le 31 - 08 - 2017

Est-il permis de douter aujourd'hui ? Est-il permis de questionner et de remettre en cause les habitudes, les pratiques et même la compréhension des choses ? J'ose espérer que la réponse intelligible ne puisse être que « OUI ». Pourtant, la classe politique tunisienne semble pleine de certitudes. Chacun met du sien dans un débat passionné où l'intellect est complètement mis à l'écart au profit des idéologies des uns et des autres.
C'est une cacophonie généralisée où l'on se dispute une place sur le podium de la médiocrité, dénigrant l'autre en s'attribuant les honneurs d'appellations devenues creuses, vides de sens tel que « progressiste » ou bien « pieu » en opposition à ceux qui le sont moins ou ne le sont pas du tout.
Cette course vers la décadence, engagée par les porteurs du débat public aujourd'hui, pervertit tous les débats et toutes les idées dignes d'une certaine renaissance de la pensée Tunisienne et de celle arabo-musulmane dans son ensemble.
Je suis désolé « Ibn Khaldoun » pour la médiocrité de mes contemporains qui portent les débats d'aujourd'hui. Je suis désolé Kant, toi qui a repensé la Pensée et qui a fait de la Raison la source de la Morale et qui a lié Libertéet Morale. Je suis désolé également « Ghazâli », « Ibn Rochd », « Farabi » et vous autres qui aviez illuminé la pensée arabo-musulmane de tous les temps. Enfin, je suis désolé mes compatriotes pour l'état de mon pays qui a fait une révolution politique sans révolution culturelle, et qui attend de fait ses propres « Lumières ».
De la question de l'Héritage
Le sujet brûlant du moment c'est bien l'égalité en héritage entre les citoyens d'un même pays qu'ils soient femmes ou hommes. Une question fondatrice de la société de demain, mais malmenée, il y a quelque temps, par un député devenu ministre depuis. Malmenée également aujourd'hui par un Président de la République qui ose nier les évidences, et par les conseillers de la Présidence qui rajoutent à la cacophonie en osant des parallèles hasardeux avec l'esclavage mettant en évidence un manque de profondeur d'analyse manifeste.
Le dénominateur commun de tous ceux qui ont traité de la question de l'héritage est bien la démagogie érigée en mode de traitement des affaires épineuses, là où Raison et Sagesse doivent être de mise. Monsieur Le Président, le Coran n'est pas muet sur le sujet de l'héritage qui a bien été explicité par les versets de « SouratAnnisaa ». Monsieur Le président, confier au législateur la mission épineuse de trouver un vocabulaire adéquat qui permet d'atteindre l'égalité dans l'héritage tout en restant en accord avec le texte religieux admet implicitement qu'il y a opposition entre le principe d'égalité et le texte religieux dans son apparence.
La clé du consensus recherché n'est pas dans une rédaction juridique ambiguë dans laquelle se retrouve tout le monde, sans s'y retrouver réellement, mais dans le texte coranique lui-même qui admet encore les interprétations.
Après énumération des divers cas de figure possibles et des règles de partage applicables, le texte coranique fait référence au fait que ces règles constituent des « lignes rouges – des limites» à ne pas violer, « Houdoud Allah ». La vraie question est de savoir si ces limites constituent des plafonds à ne pas dépasser ou bien des planchers au-dessous desquels il n'est pas permis de descendre !Or, dans le contexte préislamique la femme n'avait aucun droit et était bien chanceuse de ne pas être enterrée vivante à sa naissance. Dans un bouleversement sociétal majeur, le texte coranique a, non seulement affirmé le droit à la vie de la femme, mais est allé encore plus loin en lui donnant la moitié de l'héritage de l'homme. Qu'une femme hérite la moitié d'un homme est donc le niveau minimal auquel elle peut prétendre. L'égalité parfaite est l'objectif même du texte religieux et l'héritage de moitié n'est qu'une étape intermédiaire permettant à la société d'assimiler la démarche progressiste de l'Islam.
Donc, oui ! Allons vers une égalité parfaite dans l'héritage. Il ne peut y avoir de contradiction avec une religion juste qu'est l'Islam. La liberté étant la norme, donnons la possibilité à ceux qui veulent se conformer à l'apparence du texte coranique la possibilité de la faire par Testament. Et pitié, arrêtons la démagogie !
Et sur le chemin qui nous mène vers l'égalité, est-il permis de questionner la réalité du terrain pour savoir si la femme tunisienne obtient déjà la moitié de ce que l'homme hérite actuellement ? C'est certainement permis, et c'est certainement indispensable.
Loin d'être un sondage, sur un échantillon de trois personnes de mon entourage à qui j'ai posé la question, le droit des mamans a été bafoué par les oncles. Donc, actuellement, les femmes n'accèdent même pas à la moitié de ce que les hommes héritent. Et compte tenu des mœurs, elles refusent même de réclamer leurs droits auprès des tribunaux de la République.
Ainsi, si la loi institue l'égalité dans l'héritage mais que les mœurs restent inchangées, le droit de nos compatriotes femmes continuera à être bafoué. Il est donc impératif d'agir sur les mœurs, ces institutions du peuple qui ne peuvent être changées par des lois - qui constituent elles les institutions du législateur - dixit Montesquieu.
De la Liberté de choisir son conjoint
La même analyse brillante de Montesquieu sur les mœurs et les lois s'applique à la question du mariage des tunisiennes avec les non musulmans. Les libertés individuelles sont garanties par l'Etat de Droit à tous les citoyens. Les lois destinées à contrôler les mœurs du peuple sont des lois dictatoriales. Est-ce que toutes les tunisiennes sont musulmanes ? Non. Est-ce que l'Etat est gardien de la foi et de la conscience des gens ? Non. Un socle juridique qui n'interdit pas à une tunisienne d'épouser un non musulman n'oblige pas pour autant une musulmane d'en épouser un.
Encore un sujet sur lequel s'opposent les mêmes protagonistes de façon démagogique. Certains invoquent la religion pour rallier leurs adeptes. Les autres l'invoquent, ou plutôt l'exploitent pour rallier ceux qui s'y opposent. A croire qu'en Tunisie nous n'avons que des parties qui exploitent la religion et qui, de fait, font partie des mouvances de l'Islam Politique, la seule différence étant le positionnement pas rapport à l'Islam.
Encore une fois, de grâce, arrêtons la démagogie ! Essayons ensemble d'avoir de vrais débats apaisés et de lancer notre Renaissance. Il est temps d'écarter la passion aveugle et de remettre la Raison au cœur d'un processus décisionnel bâtisseur d'espoir et de la société de demain.
Atef Khemiri
Ingénieur Génie Civil
Directeur Commercial dans une multinationale


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