"Les angoisses du malheur et des déceptions sont d'autant plus poignantes qu'on avait monté plus haut, compté plus de triomphes, passé par plus de revers, enduré plus d'humiliations" (Louis-Auguste Martin) Que sont les révolutions arabes devenues, et que sont devenus les pays dans leur sillage ? Elles ont dans un premier temps, donné de l'espoir à tous ceux qui étaient des condamnés à la misère, au mal être et aux dictatures. Beaucoup oublient qu'elles ont commencé en plein hiver, en janvier précisément, que l'optimisme inhérent à ces situations peu ordinaires en a fait un printemps. Dans notre pays et ailleurs, cet hiver-printemps, a duré le temps d'un espoir, la réalité a repris son cours normal, avec en héritage, le passif des débordements multiples allant du triomphalisme belliqueux, aux joies sourdes puis aux exactions de toutes sortes. Puis, la vie a repris son cours normal, celui du citoyen lambda, alors que "les révolutionnaires", se sont faits une raison, se travestissant qui en adepte du politique spectacle, qui en politicien chevronné, qui en professionnel de l'expérience révolutionnaire, qui en donneur de leçons pour le pauvre public que nous sommes abreuvés à satiété, des promesses de l'aube, puis du retour de manivelle, des inventaires divers, discutés, décriés, conspués. Ainsi, en moins de temps que nous pouvions l'imaginer, les adeptes du « Printemps Arabe, ont troqué leurs vêtements, pour le costume-chemise-cravate et souvent pas de cravate, ont rempli les travées du Parlement et il faut reconnaitre pour être terriblement méchants, je l'avoue, vocifèrent, vocifèrent, vocifèrent….. En quoi cette situation est typiquement tunisienne ? L'histoire montre qu'elle ne l'est pas et que les mouvements du même type qui se sont produits, ailleurs, ont connu dans une première étape les mêmes symptômes, à savoir l'allégresse, la volonté de rupture et finissent souvent par retrouver au bout d'une certaine période la situation ex-ante. Mais dans notre pays, dans ce domaine, nous faisons le plein ! Désordre Moral Notre pays a très rapidement connu, durant le mal nommé " Printemps Arabe", l'amertume du désordre moral, représenté par l'usage inconsidéré d'une parole dévaluée, inintelligible, agressive et infatuée ! Ce sont les élites qui donnent le la à l'éducation d'une société, alors que dans notre pays, au lendemain des évènements de 2011, à ce jour, la parole publique a été souvent confisquée, par des politiciens qui croyaient que leur heure d'accéder aux responsabilités, était enfin arrivée. La parole d'une jeunesse désorganisée et pas du tout aguerrie à ce genre de situation a été vite étouffée, par celle de leurs ainés, eux-mêmes des professionnels de la dernière heure, sans conviction particulière, et sans aucune préparation affichée. Tout ce petit monde a en plus été accompagné par des adeptes de la violence, de la démagogie, de l'aventurisme et de l'opportunisme. De plus, certains médias, pas tous, audio visuels surtout, et malheureusement certains journalistes chevronnés, ont cru bon d'ajouter, des décibels à leurs discours, pourtant intéressants, faisant de ces derniers des harangues inaudibles, trop de bruit tue l'esprit ! Le désordre moral, est venu aussi du tourisme politique, qu'ils ont créé, voire institué ! Chaque jour, un parti se forme et un autre se déforme, voire disparait ! Ce désordre se vit en direct, sur les écrans eux mêmes fatigués de nos téléviseurs ! Et a une vertu pédagogique, que je laisse au lecteur le soin d'apprécier ! L'illusion du Bonheur et de la richesse partagés Nous savons que ce "Printemps Arabe", n'a été qu'une illusion de bonheur et de la richesse partagée. Il a été générateur de conflits, de guerres, de révoltes et de soulèvement tous azimuts avec en point d'orgue, Daech, ses semblables et ses satellites. Partout dans le monde arabe, à l'exception notable de certains pays, tenus en laisse par des régimes encore forts à l'instar de l'Algérie, et des dynasties moyen orientales, la terre a tremblé sous les coups de boutoir de ces illuminés venus d'ailleurs. Les répercussions ont été au Moyen Orient, surtout, explosions, terreurs et guerres larvées, avec leurs cortèges de morts, de blessés, d'amputés, et de destructions massives des abris de toutes sortes, jusqu'aux monuments historiques, certains millénaires, victimes silencieuses, de guerres d'un autre temps, celle qui abaisse, l'homme et l'humanité entière, écrivant une page d'histoire noire de ce début de millénaire. Elles ont été en Afrique du Nord, Libye et Tunisie, essentiellement, où qu'on le veuille ou pas des valeurs, l'amour du pays, de la famille, des amis, ont été ébréchés, par des inconséquents adeptes de la violence intérieure, de la dissidence et de l'évasion inconséquente, vers les lieux de combats. Que cherchent –ils tous ces enfants du Printemps Arabe, cités souvent comme les soldats de la révolution de jasmin, cette fleur qui sent si bon, et qui a, depuis, une odeur de poudre ? Ils cherchent tous un exutoire à leur vie déchirée, par l'ennui, l'inertie, et jusqu'au dégoût de soi ! Ils préfèrent, recourir au saut dans l'inconnu, risquer leur vie dans des embarcations de fortune, d'où ils seront éjectés à la première grande vague, et mourir noyés, plutôt que de continuer à raser les murs de leurs villages, sous le regard condescendants, voire méprisants de leurs ainés. Ils savent que leur situation perdurera des années si ce n'est plus, et qu'ils seront ballotés d'une administration à une autre, sans rien obtenir en échange que des promesses qui ne seront pas tenues. Ils quittent le pays, en y laissant des parents éplorés, des souvenirs, et beaucoup d'amertume, celle d'avoir été à contraints de les quitter dans des conditions aléatoires, pour un avenir incertain. Cette illusion du bonheur, finalement introuvable, est accompagnée du dégout des responsables locaux et nationaux, en raison des soupçons qui pèsent sur leur gestion présente ou précédente. Refus de la nomenklatura sous toutes ses formes, et saut de l'ange économique et financier Le citoyen lambda était persuadé que les soulèvements du "Printemps Arabe", allaient lui bénéficier dés le premier jour, que les comportements du personnel politique allait changer totalement, que la vie allait être rose pour tout le monde, un long fleuve tranquille et, et, et…. Au bout d'un court laps de temps, il a fallu qu'il déchante vite, au vu du très rapide quasi-total rétablissement des habitudes et des comportements. Pire même, le grand désordre qui a suivi durablement les belles journées post soulèvement, a généré chamboulement des esprits des découragés, des énervés, des jeunes et des moins jeunes, tous furieux d'avoir été privés des fruits d'un mouvement qu'ils considéraient l'avoir initié, alimenté, jusqu'à son aboutissement. Il a donné naissance à des attitudes d'une violence extrême, indignes de la " révolution de jasmin", terme relayé par les médias du monde, et très vite abandonné, au vu du virage dans son déroulement, les attitudes et les discours de violence et même de nihilisme. Les institutions qui ont vu le jour, au bout d'un marathon parlementaire, n'ont pas à ce jour calmé l'esprit du citoyen lambda : tous les mêmes répète –il à l'envi. Les partis et les hommes politiques de tous bords, relayés par les médias, offrent à ce jour un spectacle, qui abaisse plus qu'il n'élève, avec leurs discours usés jusqu'à la corde et leur gymnastique politicienne, toujours à cheval entre les différentes coalitions, et plus grave les différentes prises de positions, nous donnant à nous tous l'impression fâcheuse que rien n'a changé sous le soleil de Tunisie. Pire, que l'acquis du soulèvement de 2011, la liberté de parole, n'a servi qu'aux professionnels de la politique et des médias, qui pour faire valoir son destin, et qui pour mettre en lumière les "acrobaties politiciennes", au grand dam des électeurs, auditeurs et lecteurs, épuisés par des marathons médiatiques et des hurlements narcissiques. Qu'il n'a donné lieu qu'à l'affaiblissement des Etats et à l'irruption dans les sphères nationales et arabes principalement de groupes de terroristes enragés et fortement financés, par des officines de tous acabits et très vraisemblablement par des Etats qui servent leurs intérêts au détriment de ceux des autres, protagonistes vaincus de situations délétères, et qui ne conservent au bout de ce sombre passage du " Printemps Arabe" que désenchantements et désillusions !