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Mohamed Larbi Bouguerra: comment la Corée du Sud a jugulé le coronavirus
Publié dans Leaders le 31 - 03 - 2020

“It isn't enough for Korea alone to survive.” (Il ne suffit pas que la Corée seule survive). «Nous avons besoin d'une coopération globale mais les dirigeants politiques les plus importants ne semblent pas l'avoir encore compris» affirme le Dr Min Pok-kee.
La revue scientifique Nature (Londres) - qui paraît depuis 1869 - a conseillé à ses lecteurs de lire l'entretien accordé par le Dr Min Pok-kee au magazine Science. (Wired, 26 mars 2020)
Ce dermatologue - qui dirige la stratégie de santé publique à Daegu, la quatrième ville de Corée du Sud, durement frappée par le coronavirus - explique la réponse agressive de son pays au COVID-19 et exprime ses inquiétudes au sujet des Etats Unis et de la Grande Bretagne à la journaliste américano-coréenne E. Tammy Kim.
Dermatologue de formation, le Dr Min a abandonné sa clinique pour se consacrer, durant six semaines, comme volontaire civil bénévole, à la mise au point de la stratégie de santé publique agressive maintenant considérée comme le modèle national coréen pour ralentir la transmission du coronavirus. De ce fait, mardi 24 mars 2020, le Président Trump a appelé son collègue sud-coréen Moon Jae-in pour demander des équipements médicaux et un soutien. Le Dr Min suit avec attention la situation aux Etats Unis où sa fille poursuit ses études. Il est surpris et alarmé par le manque de tests de diagnostic et de lits d'hôpital dans ce pays.
«A la fin du mois de janvier, j'ai averti le maire de Daegu que la pandémie arrivait. J'avais parlé avec des médecins chinois qui m'ont fourni des informations. En quelques semaines, nous eûmes onze cas, pour la plupart membres de Shincheon (un mouvement chrétien). J'ai pensé: «Cela peut se répandre vraiment, très, très vite. Nous devons arrêter tout ça.
Quand j'ai fait mon service militaire, j'a réalisé de nombreuses simulations de conflits et de guerre. J'ai immédiatement contacté les hôpitaux militaires en disant: «Tenez-vous prêts.»
A Deagu, nous avions plus de 10 000 membres de Shincheon. Quand nous avons testé les symptomatiques, 87,5% se révélèrent positifs. Quand on a testé les non-symptomatiques, 74,4% étaient positifs. Nous avons décidé de confiner ce groupe. Nous appelons cette action « Notre manœuvre divine. » Si nous ne l'avions pas fait au tout début, on serait là où en sont les Etats Unis et l'Italie aujourd'hui.
Quand nous enregistrâmes 5000 cas à Daegu, nous comprîmes que Séoul (la capitale) allait compter 30 000 cas. Un désastre absolu. Le maire de Daegu - et c'est à son honneur - m'a vraiment écouté. Pour être honnête, le président de la Corée n'a pas agi ainsi. Bien des spécialistes comme moi pensent que les médecins conseillers du président n'ont pas fait ce qu'il fallait vis-à-vis du chef de l'Etat. Leur faux pas principal a été de dire tout va bien, il n'y a aucun problème.
Au début, les fournitures nous ont terriblement manqué. Nous avons vite imaginé des parades. Nous mîmes l'accent sur les masques, les respirateurs, les machines à pression négative. Comme il s'agit d'une maladie infectieuse, il fallait changer l'air à l'intérieur des chambres de l'hôpital. Nous avions seulement 30 lits d'hôpital à pression négative pour toute la ville de Daegu et certains étaient déjà occupés. Nous en eûmes quelques centaines de plus en coordination au plan national et avec les militaires.
Nous utilisâmes des internats et d'autres établissements pour finir par avoir 5500 lits d'hôpital. Il fallait le personnel médical correspondant et nous eûmes des volontaires…
Le concept du drive testing a été proposé par un professeur d'Inchéon (Corée du Sud). Nous l'avons adopté le 23 février et actuellement on l'utilise aux Etats Unis.
Les Etats Unis ont pris un bien gros retard. Mais le président et les officiels ne le pensent pas. Ce qui a des répercussions nationales et globales. Il ne suffit pas que la Corée seule survive. Aux Etats Unis, Trump parle de prendre soin de sa personne mais le monde entier doit répondre de façon synchrone.
Pour maintenir basse la mortalité, il faut très vite différencier entre les formes moyenne et sévère du virus. Les jeunes et ceux n'ayant pas de comorbidité doivent être séparés des personnes âgées qui souffrent d'autres affections. Ce dernier groupe doit bénéficier d'une radio des poumons de manière automatique. Il y a une catégorie de personnes jeunes - 40 ans voire moins - qui sont asymptomatiques mais ont perdu le sens de l'odorat ou du goût. On devrait les tester pour le coronavirus.
Trump a parlé avec dédain du testing pour une question d'ego. Nous les scientifiques pensons qu'il est motivé par l'orgueil. Tous les docteurs américains savent que le testing est opportun.
Comment les structures existantes aux E.U vont-elles gérer les patients infectés? Elles ne le pourront pas. Il est inévitable que les E.U deviennent comme l'Italie. La Corée aurait pu devenir comme l'Italie mais nous avons évalué la situation très vite. Que devraient faire les Etats Unis? A l'heure actuelle, la distanciation sociale doit être généralisée et des hôpitaux de campagne doivent être construits.
La Grande Bretagne fournit un cas d'école et un exemple édifiant. La première réaction a été de dire que les gens doivent développer une « immunité collective » mais on a changé son fusil d'épaule quelques jours plus tard. Je me suis beaucoup inquiété pour la capacité du système britannique. «L'immunité collective» (ou grégaire) ne fonctionne que si vous avez un vaccin et que 85 à 90% de la population est inoculée. A l'heure actuelle, face à une maladie infectieuse avec une aussi forte mortalité - et alors que la Grande Bretagne refuse de reconnaitre la réalité de ce virus -, on pourrait compter des dizaines de milliers de morts. Il était impensable pour un gouvernement de proférer de telles absurdités. En Corée, nous nous sommes dit : «Est-ce que ces gens ont toute leur tête?»
Nous sommes en présence d'un virus qui peut muter et resurgir; le plus important est de réduire l'infection. C'est un virus à ARN: ce qui signifie qu'il peut muter - et il est très difficile de l'arrêter. C'est pourquoi je continue de clamer qu'il ne suffit pas que la Corée fasse du bon travail. Si la Corée arrête le virus et que le Japon n'y arrive pas, un visiteur infecté peut venir du Japon. Il s'agit d'un virus global. Nous avons besoin d'une coopération globale. Les leaders politiques importants ne semblent pas encore le réaliser.»


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