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Et pourtant... notre Tunisie est riche en compétences!
Publié dans Leaders le 19 - 05 - 2021

Par Boubaker Benkraiem - Notre gouvernement a dépêché à Washington (USA), ces derniers jours, une délégation de très haut niveau pour négocier avec le F.M.I., la possibilité de l'octroi d'un prêt financier destiné à soulager les finances du pays qui ne sont pas brillantes depuis quelques années. Nous avons tous eu écho, depuis un bon bout de temps, des difficultés que connaît la Tunisie, dans ce domaine. Cette situation a été, malheureusement, amplifiée par l'ambiance qui règne au sein de la scène politique d'une part, et des pressions causées par le Covid-19 d'autre part.
Appartenant à la génération de l'indépendance, j'ai eu la chance de vivre toutes les péripéties et les vicissitudes qu'ont vécues notre pays, les joies qui l'ont comblé et les difficultés qu'il a connues et supportées tant bien que mal.
Plus de dix ans se sont écoulés depuis que notre pays a réussi une révolution vraiment °soft° comme on le dit et contrairement à ce que le peuple attendait, rien de positif, à l'exception de la liberté d'expression, ne s'est produit:
• Le niveau de vie a régressé,
• Le chômage a progressé,
• Pas de grands projets réalisés,
• Pas de perspectives positives à court terme, surtout pour les jeunes ainsi que pour les diplômés du supérieur,
• Une ambiance générale assez morose.
L'impression qui se dégage de cette situation est que le contact entre les gouvernants et le peuple est quasi inexistant surtout dans cette période de la Covid- 19, alors que la population a besoin d' être, en permanence, revigorée pour aller de l'avant, travailler et produire davantage, ne pas perdre espoir et participer au développement économique qui est la seule voie de salut pour tous nos concitoyens. La situation étant ce qu'elle et le monde ce que nous savons, nous devons compter sur nos propres moyens pour nous en sortir car viendra un jour où les organismes internationaux et nos amis traditionnels ne pourront plus nous soutenir ou ne voudront plus le faire.
Mais ce qui retient l'attention de cette première décennie post révolution, c'est que nous n'avons pas progressé d'un iota alors que notre pays regorge de compétences dans tous les domaines, compétences qui ne sont, malheureusement, pas utilisées parce qu'elles ont… servi l'ancien régime comme si tous ceux qui ont servi le pays sous le régime des Présidents Bourguiba ou Ben Ali étaient des traîtres, des incapables et des pestiférés de la planète et qu'ils n'ont plus leur place dans ce pays. D'ailleurs, a-t-on le droit, quelle que soit la position qu'on occupe, de porter un jugement sur le passé de quelqu'un alors que seule la justice est compétente en la matière. Aussi, n'avons-nous pas encore saisi le coût de ce préjugé quand on observe l'état de la situation économique et sociale de notre pays. Négliger de grandes compétences à la renommée internationale bien établie et aux carnets d'adresses bien garnies est une preuve de manque d'expérience manifeste et cela est, déjà, en train de nous coûter très cher.
D'autre part, nous constatons que nos gouvernants n'ont pas la pratique requise pour faire face à certaines situations délicates ou urgentes nécessitant des initiatives rapides telle que la lutte anti Covid-19 quant à l'approvisionnement en vaccins, notre pays n'ayant pas été assez rapide dans l'acquisition de ces immunisations. D'autre part, quand le pays traverse une période aussi délicate, sérieuse et sensible comme celle de la Covid-19, il a grandement besoin d'être en communion directe avec les Grands Responsables. Malheureusement, aucun d'eux n'a jugé bon de s'adresser au peuple pour lui remonter le moral, le soutenir, le tranquilliser, le mettre en confiance et le rassurer à ce propos. Et d'ailleurs pourquoi on n'a pas vu les premiers responsables de l'Etat ( MM. le Président, le Chef du gouvernement, le Président de l'ARP, etc.…) se faire vacciner pour donner l'exemple aux concitoyens encore hésitants et ils sont, encore, fort nombreux?
Dans quelques mois, les touristes courageux, pour peu que la situation de la pandémie s'améliore et le permette, reviendront en vacances en Tunisie. Dans quel état de propreté vont-ils trouver notre pays ? Nos responsables, à tous les niveaux et dans toutes les régions, sont-ils satisfaits de la propreté de nos villes, de nos villages, de nos rues, de nos avenues, de nos plages et de l'environnement de nos nombreux sites touristiques qui accueilleront ces touristes ?
Messieurs, notre pays, petit par sa superficie mais Grand par son Peuple, son Histoire et ses Hommes et Femmes célèbres, jouit, grâce à la Révolution de la Dignité et de la Liberté, et au prestige du Grand Bourguiba, d'un courant de sympathie et de considération à travers tous les continents. Notre devoir est de faire réussir cette expérience pour qu'elle serve d'exemple et de modèle, stigmatise toutes les formes de dictature et redonne espoir aux peuples épris de Démocratie et de Liberté. Nous devons en profiter pour attirer autant les touristes qui viendront découvrir ou revisiter * le Pays de la Révolution du Jasmin*, que les investisseurs et nos partenaires européens qui, parce qu'ils sont proches de nous et qu'ils nous connaissent mieux que quiconque, peuvent nous soutenir et nous aider pour peu qu'on les rassure sur les questions de sécurité, de stabilité et de liberté.
Ce qui est grave et même triste, c'est que l'Etat est en train de perdre, jour après jour, de son Autorité et de son Prestige et le Gouvernement de sa crédibilité: comment peut-on accepter, dix ans après la Révolution, que quelques dizaines de citoyens, outre passant l'interdiction de circulation dans une zone saharienne, il y a quelques mois et pour des motifs, malgré tout, discutables parce qu'ils touchent aux intérêts suprêmes du pays, pénétré dans une zone militaire, de surcroît interdite, fermé la vanne du gazoduc causant des pertes incalculables à l'entreprise et au pays et n'ont été, nullement, dérangé par les Autorités. Ils ont posé leurs conditions pour rouvrir la vanne, augmentant de la sorte les difficultés financières que vit la Tunisie. Et ils ont eu gain de cause. Ceci est aussi valable pour la région des phosphates à tel point que nous avons été obligés d'en importer (quelle honte !) de bonnes quantités pour respecter nos engagements avec certains clients. D'autre jeunes, et pour diverses raisons, venaient devant le siège d'un Gouvernorat ou d'une Délégation, ou d'une Direction régionale, scander le slogan *Dégage* à l'intention du responsable en place, qu'il soit Gouverneur, PDG, Délégué ou Directeur? Dans un cas comme dans l'autre, de quel droit peuvent-ils mettre en péril l'économie du pays ? Comment, quelles que soient les raisons des manifestations et des demandes, aussi légitimes soient-elles, comment on avait admis et toléré cela? Aussi, ne voyant aucune réaction énergique de l'Etat condamnant et interdisant ce comportement nuisible et dangereux parce qu'il est contagieux, l'on est en droit de se poser des questions : pourquoi cet immobilisme, ce laxisme et ce mutisme de la part des Autorités? Dans quel but a-t-on laissé faire et autorisé pareille conduite? Est-ce ainsi que nous allons vaincre le chômage? Est-ce ainsi que nous allons encourager les bailleurs de fonds à venir investir dans le pays ? Est-ce ainsi que la Démocratie va être ancrée dans nos esprits et dans nos mœurs? Ceci était compréhensible durant les premiers mois de la Révolution pour plusieurs raisons dont l'absence d'une autorité légitime mais cela s'est prolongé durant des années et si cela est devenu une habitude, banalisé, alors adieu veau, vache, *bœuf*, couvée, comme l'a si bien dit le poète De La Fontaine !! Admettre cela et ne pas réagir en utilisant, tous les moyens légaux disponibles, et même, au besoin, la force, détériorera davantage le Prestige de l'Etat et rendra encore plus difficile la reprise en mains nécessaire et indispensable au développement économique tant souhaité (retour des investisseurs étrangers et tunisiens et encouragement aux nouveaux, reprise des activités touristiques, etc.….) sans lequel le pays ne peut ni évoluer, ni juguler le chômage, l'ennemi public numéro un par excellence.
Je suis désolé de faire ce constat : un gouvernement légitime, soutenu et appuyé par les Représentants du Peuple et ayant leur confiance ne doit pas se contenter, sous prétexte de Démocratie et de Liberté, d'observer, de laisser faire ou de négocier timidement, tout en démontrant une quelconque nonchalance ou une certaine faiblesse. C'est alors la Loi de la jungle et tout le monde y perdra, à commencer par le gouvernement lui-même. Relisons l'histoire tout à fait récente et rappelons-nous comment les choses ont commencé et évolué, chez certains voisins non loin de nous, il n'y a pas si longtemps.
D'autre part, je demande à la classe politique et surtout aux responsables des Partis, petits ou grands, d'avoir une certaine honnêteté intellectuelle en parlant du passé de la Tunisie, et surtout des réalisations qui y ont été effectuées durant le demi-siècle écoulé: Messieurs, avant de continuer à dire que rien n'a été fait dans le passé, dites-nous ce qui l'a été au cours de cette dernière décennie et continuez à dire que les régions de l'intérieur étaient les oubliées de la Planète car, ainsi, vous perdrez de votre crédibilité car le monde entier et surtout nos partenaires occidentaux ainsi que les organismes internationaux connaissent mieux que quiconque le niveau atteint par notre pays, dans tous les domaines depuis l'indépendance. En 1956, nous étions quelques trois millions à trois millions et demi d'habitants et nous avions, au minimum, près de soixante-dix pour cent d'illettrés parmi la population. Le pays ne comptait en tout et pour tout qu'une dizaine de lycées lors de l'indépendance et le Président Bourguiba en a laissé, trente ans plus tard, plusieurs centaines en 1987. Soyons sérieux et honnêtes et faisons la comparaison avec ce qui existe aujourd'hui ou même ce qui existait, déjà, en 2011. Je ne veux pas défendre ni le Président Bourguiba, qui, malgré les erreurs commises, demeurera l'un des plus grands Hommes d'Etat de l'Histoire de la Tunisie si ce n'est le plus grand ni celui de Ben Ali qui a réalisé, quand même, beaucoup de choses et les faits sont là. Je n'ai pas entendu beaucoup de responsables politiques reconnaître qu'en cinquante ans d'indépendance, beaucoup de choses positives ont été réalisées et cela est regrettable car on ne peut, en aucune manière, effacer notre histoire. Et, en toute honnêteté, qu'avons-nous réalisée durant cette dernière décennie, la décennie de la Révolution ?
Mais ce qui se passe, ces jours-ci, au sommet de l'Exécutif, n'est ni glorieux ni valeureux. Il y a des choses qu'on ne peut, pour des raisons de souveraineté et de prestige, déballer, en plein public, car elles peuvent nuire à notre pays, à sa réputation, à sa révolution respectée partout parce qu'elle a été « leaderness », peu sanglante et menée d'une manière civilisée.
Des bribes d'informations provenant de Washington (FMI) n'étaient, malheureusement, pas très brillantes. Alors que faire ?
Je propose que les trois °magisters° qui gouvernent le pays doivent, sans délai, et avec les trois représentants des organisations nationales (UGTT, UTICA, UNAP) prendre le taureau par les cornes et trouver, très rapidement, la solution à cette situation inédite depuis plusieurs décennies. Ils doivent mettre de côté leur égo, leur sensibilité politique, leur incompatibilité d'humeur, leur fierté, leur ambition et ne penser qu'à sauver le pays de la banqueroute. Les partis politiques qui ont injecté des dizaines de milliers de leurs partisans dans la fonction publique qui n'en avait, absolument, pas besoin, au lendemain de la révolution du 14 janvier, sont les premiers à mobiliser leurs alliés arabes pour venir au secours de notre pays qui ne mérite pas cette situation.
J'espère, enfin, que nos politiciens, toutes tendances confondues, sont convaincus que gouverner un pays n'est pas chose aisée ni facile et le fait d'avoir écarté les grandes compétences, reconnues à l'échelle internationale dans des domaines pointus tels que les finances et l'économie, a été une grave erreur que nous sommes en train de payer, chèrement.

Boubaker Benkraiem
Ancien Sous-chef d'Etat-major de l'Armée de Terre
Ancien Commandant des Unités Sahariennes


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