Médenine abrite la 28ème édition de son Festival National du théâtre expérimental, session hommage à Anouar Chaafi    Etudier en Europe : le Pacte pour la Méditerranée ouvre de nouvelles portes aux Tunisiens    Confiscations : 2 854 décisions rendues depuis 2011, un projet de réforme en préparation    Hiver 2025-2026 : la Tunisie séduit les Européens à petit budget    Transfert des devises : L'Anpme presse la Banque centrale d'agir    Tunisair : combien de bagages à main peut-on emporter ?    Le déminage de la bande de Gaza nécessitera 30 ans    Météo : ciel dégagé et une légère hausse des températures    Santé : le Tunisien prend en charge plus de 40 % du coût des soins, selon une étude    Tunisie : deux dons d'organes redonnent vie à cinq patients à Kairouan et Ben Arous    « Nous, peuples des Nations unies... »    Tozeur – Ong Jemel : Démarrage des travaux de restauration    La Tunisie à l'honneur dans GEO : un héritage antique à redécouvrir    Le 31 octobre, la ville italienne de Palerme accueillera les Journées économiques et culturelles tunisiennes    Rafaâ Ben Achour - L'avis de la Cour internationale de Justice du 22 octobre 2025: Obligations d'Israël    Festival International du Cinéma de la Femme de Gaza : huit films tunisiens participent à la 1ère édition    Entre traditions et diplomatie : l'Ambassadeur britannique en Tunisie célèbre les liens entre deux cultures    Lancement du Club IA France-Tunisie : une dynamique nouvelle pour l'innovation bilatérale    S.E. Roderick Drummond ambassadeur du Royaume-Uni : La Tunisie est un pont entre tradition et modernité    Dans ce cas : tous les établissements publics et privés sont tenus d'appliquer l'augmentation des salaires    Danger : Tik Tok détruit votre cerveau    Ameur Bahri: Une allégorie singulière    La douane tunisienne empêche la fuite d'un trésor archéologique    Reinventing the CIO at the Age of AI : la Tunisie accueille la 11e édition du Forum DSI    Le tout nouveau OPPO A6 Pro : Champion ultime de la durabilité et de la fluidité arrive bientôt en Tunisie    Huile d'olive Oueslati de Kairouan : une route thématique dédiée "Oueslati Zit'Tour" sera lancée    LG MAGNIT Active Micro LED dévoilé par LG Electronics    Football-tirage au sort de la phase de groupes des compétitions africaines : la date annoncée    Corée du Nord : un essai de missile suscite l'inquiétude à l'échelle internationale    Arab Reading Challenge : les jumelles Bissane et Bilsane Kouka remportent le trophée de la 9e édition    Le film 13 Round de Mohamed Ali Nahdi sélectionné au Festival Black Nights de Tallinn 2025    Ligue 2 – 6e journée : L'US Tataouine sur du velours ?    Nabeul : célébration, ce samedi, de la journée nationale du paralympisme    Météo en Tunisie : nuages passagers sur la plupart des régions    Aziz Krichen, ce vendredi à Al Kitab; pour débattre de son nouveau livre «A contre-courant»    Les USA veulent imposer des sanctions à la Russie    Quand le trottoir devient un tribunal : l'Allemagne se penche sur le catcalling    Gabès – crise environnementale : Kais Saïed promet de démanteler les réseaux de corruption (vidéo)    Vient de paraître : Une fille de Kairouan de Hafida Ben Rejeb Latta    Météo en Tunisie : pluies légères, températures en légère baisse    L'Espérance de Tunis ouvre la vente des abonnements "Virage" à partir du 22 octobre    Un nouveau pont entre l'université et la jeunesse : l'IPSI signe avec l'Observatoire National de la Jeunesse    Wushu Kung Fu : la Tunisie décroche 7 médailles au championnat du monde en Chine    Sarkozy se rend en prison à bord de sa voiture personnelle    La Tunisie dévoile ses nouveaux maillots pour la Coupe arabe et la CAN 2025 !    L'Amiral Mohamed Chedli Cherif : Il aimait tant la mer, il aimait tant l'armée, il aimait tant la Tunisie    Pétrole russe : Pékin dénonce les “intimidations” de Trump et défend ses achats “légitimes”    Tunisie vs Namibie : Où regarder le dernier match qualificatif pour la coupe du monde 2026 du 13 octobre    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Tunisie: Vers une troisième République fondée sur le droit et la citoyenneté
Publié dans Leaders le 13 - 09 - 2021

Par Nizar Ben Saad - Dehors, l'Histoire s'accélère. Dedans, le tragi-comique s'installe avec les gouvernements successifs qui ont dirigé le pays depuis le soulèvement de 2011. La Troïka a fonctionné dans l'opacité la plus totale, couverte par la loi de l'omerta. Bien qu'essoufflée, elle a poursuivi en catimini son œuvre de destruction de la vie des Tunisiens, en leur faisant avaler des couleuvres plus grosses les unes que les autres.
Le consensus artificiel entre les partis politiques vainqueurs en 2014 : Nidaa Tounes et Ennahdha, fut encore plus nuisible, car reposant sur des intérêts plutôt particuliers voire sordides, faisant peu de cas du bien commun. En agissant ainsi, les deux partis en question n'ont fait que révéler leur grande fragilité, cachée derrière un masque en carton-pâte. Depuis, les chances d'accéder à un Etat de droit démocratique s'amenuisent. L'intégrité territoriale du pays est plus que jamais menacée. Tout concourt à contrarier à outrance l'émergence d'un Etat de droit, prospère, fort et moderne et à acculer une jeunesse déboussolée aux pires aventures.
Le constat est aujourd'hui accablant: tel un bateau ivre qui navigue sans gouvernail vers l'inconnu, la Tunisie n'a jamais été aussi mal. Une grande majorité des Tunisiens retiendra désormais de l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) la corrélation de l'ambition, de la corruption, du mensonge, de l'opportunisme cynique et de l'impunité. En somme, le fait de déguiser le vice sous les oripeaux de la vertu et le tordu sous les apparences du droit.
C'est dans ce contexte de déliquescence des institutions de la deuxième République, parfaitement illustrée par la crise politique au sommet de l'Etat, que le mouvement du 25 juillet dernier peut être considéré comme un moment de rupture, un tournant radical à la recherche d'un nouvel équilibre : un appel à une refondation du système politique.
Un processus de remplacement d'un paradigme par un autre
Pour savoir où on va, il faut savoir d'où l'on vient [« Il n'y a pas de bon vent pour celui qui ne sait pas où il va », disait Sénèque]. Personne ne s'y trompe : derrière la Constitution du 27 janvier 2014, nous reconnaissons en filigrane, comme sous l'effet d'une loupe grossissante, le souci de torpiller le projet moderniste de la Tunisie. Dès le départ, elle fut mise au service d'idées conservatrices visant, subrepticement, à saper l'ordre républicain et à fonder sur ses ruines un ordre traditionnel, débarrassé de l'esprit moderniste.
La Constitution de la première République, proclamée en 1957, est ratifiée en 1959. La seconde République est instituée par la Constitution de 2014. Envisagée sous l'angle des dynamiques institutionnelles, notamment en période de blocage, une troisième République est-elle envisageable, possible et souhaitable ?
N'est-elle pas justifiée par les errances du système politique actuel ? Plus que jamais, la Tunisie a besoin d'un nouveau style de gouvernance qui rompe avec les mesures palliatives, les essais, le bricolage de politiques publiques et autre rafistolages relatifs aux conditions sociales changeantes.
La question, soulevée par le Chef du parti Machrou Tounes, Mohsen Marzouk, autour des réformes politiques et institutionnelles à entreprendre, doit être engagée et traitée de façon sereine et dépassionnée. Le passage à une troisième République émancipatrice, anticipatrice, attachée aux libertés et au caractère civil de l'Etat, ne sera en aucun cas le fruit d'un effort solitaire, mais le résultat d'un processus collectif. Elle ne renoncera guère à l'héritage de la première et deuxième République, mais s'inscrit dans le sillage du progrès et de la modernité.
La troisième République prendra dès lors en charge l'idée d'une rupture fondatrice avec toute velléité de nature théocratique que les islamistes cherchent à nous imposer. Une troisième République qui accorde une valeur politique, morale et pédagogique au concept de travail en l'articulant à la notion d'engagement et de solidarité effective, afin de relancer une économie exsangue. Une troisième République soucieuse de favoriser l'émergence des compétences nationales, des forces vives de la jeunesse, afin d'éviter les erreurs du passé, de favoriser le choix des hommes et des femmes qui se dévouent civiquement au bien commun par amour de l'égalité, et d'où sont bannies la logique du profit, celle du « butin », chère aux islamistes, les compromissions, de quelque nature qu'elles soient, l'instrumentalisation du fait religieux à des fins bassement électoralistes. Aujourd'hui les partis politiques connaissent une crise de légitimité qu'ils doivent résoudre, dans le cadre d'une troisième République, à travers une authentique coopération avec les acteurs de la société civile et les organisations nationales afin de retrouver la confiance du public, et où le «nomadisme» politique ou le recours à l'argent sale dans les campagnes électorales, seront violemment condamnés.
Une troisième République qui fait face à la détérioration de l'administration minée par les nominations dans le secteur public et le recrutement abusif en faveur des partisans d'Ennahdha, traitera les citoyens avec équité, sur un même pied d'égalité, sans tenir compte de leurs appartenances politique, ethnique, sexuelle ou autre, et où les régions retrouveront une marge d'action et de liberté. Une troisième République soucieuse de préserver les principes de la bonne gouvernance, d'immuniser notre identité nationale contre toutes les formes d'aliénation, de cimenter nos représentations culturelles.
La Tunisie fait partie des pays indépendants. Le souci de la souveraineté nationale sera la pierre de touche d'une diplomatie qui exclue toute dépendance avilissante, tout assujettissement total à l'étranger, toute allégeance factice, ou des alliances tactiques.
Telles sont les grandes lignes de la troisième République qui devra mettre définitivement fin à la crise chronique au sein de l'exécutif et aux dysfonctionnements constitutionnels qui minent l'Etat tunisien ; qui devra rompre avec l'atermoiement, l'impunité, les demi-mesures, et la propagation de la corruption au sein de l'appareil judiciaire. En somme, une troisième République qui permettra d'élaborer un code de bonnes pratiques pour la participation civique, et qui restera pour l'essentiel arrimée à un principe de rationalité et de justice, une justice défenderesse des laissés-pour-compte, victimes notamment de la misère, de l'injustice, voire de l'humiliation, instrumentalisés par les habituels pourfendeurs de tous les régimes.
Nizar Ben Saad


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.