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Slaheddine Belaïd: De la recherche scientifique et technologique
Publié dans Leaders le 27 - 01 - 2022

La recherche scientifique se caractérise, en Tunisie, par un certain nombre de faiblesses structurelles que tout projet de réforme doit prendre en compte et trouver les moyens adéquats pour y remédier, faute de quoi - les mêmes causes produisant les mêmes effets – on retombera dans les errements antérieurs. De mon point de vue, ces faiblesses se résument dans les trois facteurs suivants:
• Une insuffisance de moyens financiers,
• L'absence d'un système rationnel de sélection des chercheurs,
• Un environnement technologique peu développé.
2. L'insuffisance des moyens financiers
Jusqu'à présent, on a cherché à occulter le problème de l'insuffisance de moyens financiers en faisant valoir que la Tunisie consacre annuellement près de 1% de son PIB à la recherche scientifique ce qui représente, en valeur relative, un effort comparable à celui de la plupart des pays développés. En valeur absolue, les données sont totalement différentes. A titre indicatif, le PIB d'un pays comme la France est de l'ordre de 60 fois celui de la Tunisie ce qui induit le même rapport entre les budgets de recherche scientifique des deux pays. Aux Etats Unis, la plupart des universités – et elles se comptent par dizaines
• ont un budget recherche supérieur à celui de la Tunisie.
Le coût de la recherche scientifique étant pratiquement le même dans tous les pays, nous sommes, donc, confrontés, au niveau du financement, à une faiblesse structurelle dont il faut essayer d'atténuer les effets, faute de pouvoir la surmonter totalement. Deux moyens peuvent, à mon avis, aider à la réalisation d'un tel objectif
• Le premier consiste à réduire nos ambitions en matière de recherche scientifique en concentrant nos efforts sur les secteurs les plus stratégiques tels que l'eau, l'énergie, les biotechnologies et l'intelligence artificielle;
• Le deuxième moyen consiste à trouver des leviers permettant de démultiplier l'effort de recherche sans augmentation sensible de coût. Parmi ces leviers possibles, le plus prometteur me paraît être la mise en réseau de nos meilleures unités de recherche avec leurs homologues étrangères, européennes notamment. La réussite d'un tel programme ne peut être obtenue que si le niveau des chercheurs tunisiens est en tout point comparable à celui de leurs collègues internationaux.
Ceci nous amène, automatiquement, à l'examen du deuxième facteur de faiblesse à savoir :
3. Absence d'un système rationnel de sélection
Sans que cela soit une règle absolue, la plupart des pays avancés recrutent leurs chercheurs parmi les étudiants les plus doués de leur génération ; la motivation des candidats pour l'activité de recherche constitue un deuxième critère de sélection, également, pris en considération. Il en est ainsi, par exemple, pour les élèves de l'Ecole Normale Supérieure de la rue d'Ulm qui, bien que déjà sélectionnés à l'entrée de l'école par le biais d'un concours de très haut niveau, ne choisissent pas tous de s'engager dans la recherche scientifique ; beaucoup préfèrent passer le concours d'agrégation et se consacrer par la suite à l'enseignement dans les classes terminales de lycée ou dans les classes préparatoires.
Au Etats-Unis où la compétition entre universités est de règle, le processus de sélection est engagé encore plus en amont puisqu'il concerne les professeurs universitaires eux-mêmes ; ces derniers sont soumis – surtout en début de carrière - à des procédures d'évaluation périodique de leur rendement à la fois en tant qu'enseignants et en tant que chercheurs ce qui a pour effet de favoriser l'émergence d'une sorte de « marché du savoir » où les recteurs d'universités peuvent, à condition d'y mettre le prix, recruter les enseignants les plus méritants. Une procédure d'évaluation similaire permet, ensuite, aux professeurs universitaires de sélectionner, parmi leurs étudiants, ceux qui sont les plus aptes à s'engager dans la recherche scientifique.
Si le modèle américain a séduit un grand nombre d'universités de par le monde, notamment dans les pays émergents d'Asie, son adaptation au cas de la Tunisie paraît difficilement réalisable ne serait-ce qu'en raison des contraintes budgétaires déjà évoquées. Il est, néanmoins, indispensable de mettre au point un mode de sélection des futurs chercheurs basé principalement sur les critères de mérite et de motivation intellectuelle des postulants. L'orientation des maîtrisards vers la recherche ne doit plus se faire par défaut, faute d'autres débouchés à leur proposer. La vraie contribution de la recherche scientifique à la résorption du chômage des diplômés réside dans les innovations technologiques qu'elle va mettre à la disposition des opérateurs économiques et dont la mise en œuvre entraîne automatiquement la création d'emplois de haut niveau.
4. Environnement technologique
Pour donner toute son efficience à la recherche scientifique tant au plan interne qu'externe, un environnement technologique évolué est nécessaire. Au plan interne, la sophistication de plus en plus grande des équipements scientifiques dans certains domaines de la recherche rend nécessaire le recours à des ingénieurs et des techniciens de haut niveau aussi bien pour leur utilisation que pour leur maintenance. Au plan externe, le développement des résultats de la recherche scientifique ne peut se faire que si les opérateurs économiques qui en ont la charge disposent de ressources humaines ayant les compétences requises.
Or, la Tunisie, comme la plupart des pays arabes, n'a pas de tradition technique bien ancrée ; en outre, on assiste, depuis l'indépendance à une dévalorisation continue de l'enseignement technique qui lui a fait perdre toute attractivité auprès des jeunes. A cela, s'ajoute la faiblesse du taux d'intégration de l'industrie tunisienne dont le rôle s'est réduit, au fils des ans, à l'exécution de tâches à faible valeur ajoutée ne nécessitant qu'une main-d'œuvre peu ou pas qualifiée.
La création d'un environnement technologique évolué est un œuvre de longue haleine ; elle nécessite, à la fois, la mise en place d'une réforme du système éducatif qui revalorise l'enseignement technique et un changement radical dans la stratégie de développement pour l'orienter vers des activités à forte valeur ajoutée à même de fournir des débouchés aux diplômés de l'enseignement supérieur toutes spécialités confondues. La réforme de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique ne peut pas se faire en vase clos comme cela semble être, malheureusement, le cas actuellement.
Slaheddine Belaïd
Membre du CCNRST*
* CCNRST: Conseil Consultatif National de la Recherche Scientifique et Technologique


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