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L'économique, grand absent des débats & présent permanent de la réalité quotidienne
Publié dans Leaders le 15 - 07 - 2011

Depuis la révolution relativement pacifique du 14 janvier 2011, six mois se sont écoulés. Que s'est-il passé ? où en sommes-nous ? et que faut- il faire pour rester fidèle aux appels de la dignité, du droit à l'emploi, à la participation et au partage des fruits de la croissance et du développement ?
Que s'est- il passé?
Tout observateur pourrait facilement constater que le grand silence imposé au peuple et aux médias a été brisé. Le peuple s'exprime aujourd'hui et parfois bruyamment en l'absence d'encadrement des partis politiques et de leurs leaders.
Les médias ont été contraints de faire également leur propre révolution en laissant plus d'espace aux débats, aidés en cela par le vide lié à la baisse de l'activité des évènements sportifs qui étaient au centre de leurs programmations.
Où en sommes-nous ?
Dans leur tentative d'ouverture, les médias ont donné en premier la parole aux juristes de tous bords qui ont accaparé les débats et n'ont laissé qu'un petit espace pour les débats politiques. L'économique reste le grand absent de ces débats auxquels nous souhaiterions consacrer cette modeste contribution.
Que faut-il faire ?
Il faudrait tout d'abord rappeler que la démocratie n'est pas toujours synonyme de croissance et de développement et que même, dans certains cas, une dictature éclairée permet plus de réactivité qu'une grande démocratie avec son lent processus décisionnel.
La lenteur décisionnelle d'une démocratie ne permet pas d'apporter des solutions rapides aux problèmes posés mais a l'avantage de donner plus de temps aux débats, aux réflexions et aux choix socioéconomiques et permet d'éviter ainsi des erreurs stratégiques ou de gouvernance et garantir par conséquent à terme un meilleur développement équilibré, harmonieux et durable.
Notre grand défi aujourd'hui est de donner espoir à ces 700.000 chômeurs, en les insérant rapidement dans le circuit économique, qui par leur travail vont participer à la création de richesses et au partage des fruits de la croissance et retrouver ainsi leur dignité.
Pour pouvoir mesurer l'effort demandé, afin de répondre convenablement à cette attente populaire, il faudrait rappeler que le modèle de développement appliqué avant la révolution n'a permis que la création sur cinq ans de 350.000 à 400.000 emplois, soit l'équivalent de la demande additionnelle.
Un objectif ambitieux qui consisterait à prévoir un plan d'insertion de 700.000 chômeurs étalé sur cinq ans conduirait à prévoir, à toutes choses égales par ailleurs, un triplement du nombre d'emplois à créer par an avec comme corollaire un triplement aussi de l'enveloppe d'investissement ou au moins un doublement moyennant d'autres choix d'investissement moins capitalistiques.
Le modèle socioéconomique qui a servi de base aux différents plans de développement quinquennaux antérieurs a montré ses limites d'autant plus que l'ampleur de l'effort demandé en matière d'investissement et de création d'emplois nécessite, à mon sens, une rupture totale avec le passé et un engagement vers un nouveau modèle socioéconomique orienté vers la création de plus de valeurs et une répartition plus équitable entre les régions , les différentes couches de la population et en général entre l'ensemble des agents économiques.
Par le passé, le modèle de développement était élaboré et conçu par des technocrates de l'administration qui exerçaient tous les pouvoirs et qui laissaient dans leurs choix peu de place à toute consultation du peuple directement ou à travers les partis politiques malgré leur faible légitimité.
Pour changer de modèle socioéconomique, certains choix sont nécessaires et ne peuvent être faits que par un gouvernement qui tire sa légitimité directement du peuple tunisien ou de ses représentants élus.
Le gouvernement actuel de transition n'a pas vocation à faire des choix qui engagent le peuple et l'avenir de ses jeunes et devrait se contenter de préparer les décisions en procédant à un diagnostic détaillé de la situation économique et sociale du pays , analyser les forces et les faiblesses et imaginer les voies et moyens et les différents scénarios possibles de modèles de développement économique et social.
Ceci afin de permettre aux élus du peuple de disposer en temps opportun de tous les éléments d'appréciation, afin d'arrêter rapidement leurs choix et engager un nouveau modèle de développement qui réponde au mieux aux demandes clairement formulées par la révolution.
En d'autres termes, le peuple a droit à un inventaire économique et social qu'il faudrait lancer tout de suite et sans tarder.
De même, il conviendrait à notre avis d'entamer, d'ores et déjà, des consultations avec les partis politiques en vue de préparer certains choix d'avenir. Ces consultations devraient permettre d'apporter une esquisse de réponses à certaines interrogations dont notamment :
1 - Quel serait l'horizon raisonnable et acceptable pour résorber le chômage en ramenant son taux à un niveau inférieur à 5%
2 - Quel que soit le modèle retenu, l'effort nécessaire pour réduire le taux de chômage est très important, il dépasse en tout cas les moyens propres du pays. En effet, la Formation brute de capital fixe (FBCF) qui traduit l'effort d'investissement devrait connaître une forte progression qui risque de marquer une certaine rupture avec la capacité nationale d'épargne et rendre inévitable un recours plus important aux ressources extérieures. Les taux de l'épargne nationale rapportés à la FBCF et au PIB qui étaient en 2009 respectivement de 92,1% et 22 % pourraient connaître une forte dégradation qu'il conviendrait de maintenir dans une limite acceptable pour l'équilibre du modèle.
3 - Si le recours à des ressources extérieures paraît inévitable, quelle serait la répartition souhaitable entre crédits et investissement direct étranger (IDE) ?
L'arbitrage entre crédits et IDE devrait se faire en fonction des avantages de chaque forme de financement. En effet, les crédits ont l'avantage d'être moins onéreux, surtout quand leurs durées de remboursement sont compatibles avec les délais de retour sur investissement.
De même un mixage judicieux entre dons, prêts concessionnels de coopération et prêts commerciaux pourrait réduire significativement le coût des crédits. Cela étant, l'endettement présente l'inconvénient d'augmenter l'endettement global du pays et le service de la dette et reste exigible même en cas de mauvais choix d'investissements.
Quant aux IDE, ils n'ont pas d'incidence sur l'endettement du pays et améliorent même sa capacité d'endettement. Ils assument les risques liés à chaque projet mais présentent l'inconvénient d'augmenter à terme les sorties de capitaux sous forme de dividendes ou plus- values.
4 - Par leur importance, les investissements qui seront engagés auront une incidence appréciable sur l'évolution du PIB qui devrait connaître un taux de croissance annuelle à deux chiffres.
Cette accélération de la production intérieure brute ajoutée à l'étroitesse du marché local rend inévitable le recours à plus d'exportations qui devient une composante stratégique du nouveau modèle économique. Cela nous amène également à signaler l'interdépendance des choix, sachant que le recours au financement par appel aux IDE, évoqué précédemment sous forme de projets de partenariat, pourrait constituer également une solution pour la commercialisation de nos biens et services à l'étranger et l'acquisition par-là même du savoir-faire et des technologies nécessaires pour l'amélioration de la qualité de nos produits.
5 - La mise en place du nouveau modèle économique suppose forcément plus d'ouverture sur d'autres marchés et nous met en concurrence directe avec d'autres pays qui cherchent à leur tour à drainer les capitaux étrangers. Cette compétition internationale va nous inciter à arrêter des choix stratégiques d'investissements clairs et précis basés sur nos propres ressources humaines et naturelles et à même de nous différencier par rapport aux autres pays concurrents.
L'investisseur ou le prêteur étranger a besoin d'une bonne vision nationale de développement avec un choix judicieux et réfléchi de filières et axes de développement qui optimise l'utilisation des moyens disponibles et crée le maximum de valeurs.
Parmi les solutions à étudier, il conviendrait d'approfondir la réflexion sur l'accélération du développement du secteur agricole dont la contribution au PIB n'est que de 7 % alors qu'elle est de 14% pour le Maroc.
De même d'autres activités à forte valeur ajoutée pourraient constituer l'ossature d'un nouveau modèle de développement. Il s'agit en particulier du secteur de la santé, des activités de services à forte valeur ajoutée en rapport avec les télécommunications, les technologies de l'information et de la communication, de l'éducation et des finances. Ces secteurs assurent dans d'autres pays émergents et même développés l'essentiel de la valeur créée.
Sur le plan industriel et énergétique, l'agroalimentaire, l'industrie pharmaceutique, les industries liées à la protection de l'environnement ainsi que les énergies renouvelables sont des orientations porteuses qu'il conviendrait d'approfondir avant de les intégrer dans nos choix.
Samir Marrakchi


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