07H00 : Le Dr Moncef Marzouki, nouveau président de la République est déjà à pied d'œuvre, chez lui à Sousse, prêt à se rendre au Bardo. Tôt le matin, il avait déjà commencé sa journée par éplucher des dossiers urgents, relire le discours de prestation de serment et passer quelques coups de fil. Dehors, un cortège officiel l'attend. Le même qui, lundi soir, après son élection, l'avait conduit jusqu'à chez-lui à Sousse où il devait passer sa dernière nuit avant d'élire domicile à Carthage. Avant de s'engouffrer dans la Mercedes mise à sa disposition, il s'assure que son superbe burnous de Douz, n'a pas été oublié. Il y tient beaucoup, une forte symbolique. 08H40 : Une activité fébrile est perceptible au siège de l'Assemblé Constituante pour cette journée historique. Ponctuel, le Général Rachid Ammar est parmi les premiers à arriver, tout comme le Pr Yadh Ben Achour, le bâtonnier Abderrazak Kilani et nombre d'élus et d'invités. 08H45 : Le Dr Marzouki fait son entrée. Il n'aime pas qu'on roule vite ni que la circulation soit bloquée pour lui frayer le passage. D'un pas alerte, il se rend à son bureau provisoire au 1er étage où des coéquipiers du CPR et des membres de son staff l'attendent. 09H00 : Le Dr Mustapha Ben Jaafar est là. Cette fois-ci, il n'est pas arrivé par l'entrée historique du palais du Bardo, La Porte des Lions, mais la nouvelle entrée officielle. 09H20 : « Sommes-nous en avance ou en retard ? », lance le Premier ministre, M. Béji Caïd Essebsi, en arrivant. La salle des invités de marque a déjà accueilli de nombreuses personnalités parmi les chefs de partis représentés à l'ANC, les présidents des instances, M. Mustapha Filali et des officiels. 09H30 : l'équipe du Dr Marzouki annonce la tenue d'une conférence de presse, juste après la prestation du serment. Rapidement, les services de l'ANC aménagent la salle jadis réservée à la commission qui avait planché sur l'organisation provisoire des pouvoirs publics. Dans le hall des pas perdus, les ténors de l'ANC se prêtent aux interviews et...aux confidences calculées, distillées à la presse. Les plus sollicités sont les ministrables. Interrogé sur la première décision qu'il prendra s'il est nommé ministre de l'Agriculture, M. Mohamed Ben Salem, Ennahda révèlera qu'il « désignerait un chargé de mission pour s'occuper de la lutte contre la corruption et la malversation !». Me Abderraouf Ayadi (CPR), ne veut rien dévoiler quant à la position qu'il occupera bientôt : à Carthage, tout près du Président Marzouki, ou à la tête du CPR pour tenir la maison et déployer le parti ? Il sourit (on apprendra bientôt qu'il a choisi la deuxième option). 09H45 : la cloche de la plénière sonne, par trois fois. Les derniers retardataires parmi les élus rejoignent leurs bancs. Le Président de l'Assemblée et ses deux vice-présidents font leur entrée, puis c'est au Président Marzouki d'avancer, sous les applaudissements, vers le fauteuil qui est désormais le sien en haut du perchoir. Il porte fièrement son burnous et salue l'assistance. 09H50 : Hymne national, la séance solennelle commence. D'emblée, le Dr Ben Jaafar, président de l'Assemblée, remercie « tous les optimistes », réitère ses félicitations au nouveau président de la République, adresse ses remerciement au Premier ministre, M. Béji Caïd Essebsi et à son gouvernement, fait acclamer l'Armée Nationale, rend hommage aux forces de sécurité et à l'administration publique, puis cède la parole au Dr Marzouki. Lire aussi : A Carthage : la passation Mebazaa – Marzouki, première alternance démocratique dans l'histoire de la Tunisie
