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«Cortège» des vivants et des morts
Publié dans Le Temps le 14 - 12 - 2016

Jalal El Mokh, auteur des trois ouvrages publiés à la fois en 2011, vient de rééditer sa trilogie poétique déjà épuisée sur le marché, envisageant ainsi d'en faire profiter le maximum de ses lecteurs. Il s'agit des recueils en langue française intitulés respectivement « Cortège d'impressions », « Autoportrait » et « Le suicide de la femme en rouge ». Trois ouvrages qui ont marqué la sphère littéraire et enrichi la bibliothèque francophone en Tunisie. Par ailleurs, l'auteur qui a dans son répertoire plus d'une vingtaine d'œuvres en arabe et en français, réparties entre nouvelles, poésies et essais, envisage de rééditer ses anciens ouvrages incessamment.
Dans les lignes qui suivent, nous essayons d'éclairer les lecteurs, surtout ceux passionnés de poésie, aux différents contenus de ces trois œuvres poétiques. D'abord, dans « Cortège d'impressions » où les poèmes sont réunis par ordre chronologique, allant de 1986 jusqu'à 1997, l'auteur célèbre l'Amour dans tous ses états. L'amour qui languit, qui s'étiole, qui disparaît et réapparaît sous formes de réminiscences traduites en effusions poétiques. C'est que dans ces poèmes, construits en grande partie à la première personne, où prédomine un style narratif, on est plongé dans la jeunesse du poète qui défile en cortège d'expériences et d'événements vécus : un cortège d'ambitions et de fantaisies juvéniles que le temps rend furtives et éphémères ... En parcourant ce recueil, on relève ce mépris des conventions sociales et ce refus des normes communément admises. C'est l'anticonformisme qui caractérise presque la totalité des poèmes de ce recueil et qui, par moments, se transforme en révolte contre nos semblables. Une sorte de spleen, qui rappelle le mal du siècle, tant évoqué par les poètes romantiques du 19è siècle, s'empare de notre poète au point de désobéir aux règles établies. Les poèmes destinés à l'amour convoquent la joie et l'art d'aimer, le désir sensuel et le plaisir charnel, à en juger par le vocabulaire utilisé et les images évoquées. On devine que le poète a dû affronter toutes sortes de contraintes (morales, artistiques, poétiques), en donnant libre cours à ses sentiments, son imagination et ses fantaisies. Les vers débordent d'érotisme et de sensualité. Sans jamais verser dans le libertinage. Jalal El Mokh nous rappelle cette poésie qui chantait les désirs sensuels et les plaisirs charnels chez les anciens poètes arabes de l'époque antéislamique, ou chez Ronsard du 16ème siècle, Voltaire du 18ème, Rimbaud, Eluard, Baudelaire du 19è, sans oublier Jean Cocteau du siècle passé.
Ensuite, le recueil « Autoportrait » qui, à première vue, rappelle l'autobiographie du poète. Sauf que ce dernier se borne à nous livrer sa vie sous un angle tout particulier, celui de son expérience poétique qu'il a vécue intensément depuis sa prime jeunesse avec tant d'ardeur, de sensibilité, de force et d'enthousiasme. Non qu'il veuille à travers cet autoportrait nous donner une image favorable de soi, en tant que poète, quoique ses qualités poétiques soient indéniables ; loin s'en faut, mais il semble qu'il s'agit plutôt de revivre des moments intenses qui ont marqué son parcours poétique et d'en faire part au lecteur. Disons, pour être clair, qu'il s'agit plutôt d'un long voyage dans lequel le poète s'est embarqué pour une aventure amoureuse avec les muses. Mais il s'avère qu'aucune de ces femmes inspiratrices n'a pu satisfaire les envies furieuses, violentes et insatiables du poète. A peine finit-il son aventure avec l'une d'elles qu'il se met à la recherche d'une autre plus séductrice, plus ensorceleuse aussi bien physiquement qu'intellectuellement, et surtout plus apte d'alimenter en lui de nouveaux fantasmes. Ainsi, notre poète vit son expérience poétique en quête du sublime, du parfait, comme si les muses traditionnelles ne l'inspiraient plus, jusqu'au jour où il découvre, comme une apparition soudaine, la muse tant espérée, tant attendue ! C'est alors qu'il rompt avec toutes les anciennes pour jouir enfin d'une expérience nouvelle et novatrice, loin des sentiers battus.
Enfin, dans « Le suicide de la femme en rouge », c'est plutôt de la mort qu'il s'agit. Voilà un thème tant abordé dans la littérature française depuis le Moyen-âge jusqu'à nos jours. La mort avec toutes ses connotations : la fin, la disparition, le suicide, le néant, l'au-delà, l'infini... Les souvenirs douloureux qui reviennent à l'esprit après la perte d'un être cher, les mélancolies, les amertumes et les souffrances éprouvées devant cet événement inéluctable. El Mokh traite de la mort dans tous ses aspects. Il s'inspire dans sa poésie d'œuvres picturales et théâtrales puisées dans la mythologie grecque et romaine pour aborder ce thème. Tout en étant conscient de cette cruelle certitude qu'est la mort, le poète en parle par rapport à la vie souvent sur un ton lyrique et élégiaque, sans jamais cacher sa révolte et son incapacité (qui sont celles de tous les mortels) devant l'énigme de la mort. Impuissant de repousser cette tragédie, le poète l'affronte tantôt avec humour tantôt avec cynisme. C'est dans le poème « Le suicide de la femme en rouge », titre donné aussi à tout le recueil, que le poète nous livre sa propre conception de la mort. A vrai dire, il s'agit de plusieurs femmes qui se suicident chacune à sa façon que le poète décrit avec dextérité sans omettre le moindre détail et sans cacher une certaine admiration pour ces actes atroces commis par ces femmes (femme en rouge, femme en bleu, femme en noir, femme en jaune, femme en blanc). C'est alors que parmi ces femmes aux couleurs multiples, surgit une autre, la femme transparente qui, elle, préfère la vie à la mort en refusant le suicide. : « De ces couleurs funestes, nocives comme la peste, est née la femme transparente au sourire incolore...celle-là ne se suicidera jamais, mais vivra éternellement dans la palette du néant... » Tant que la mort est inévitable, autant penser à la vie ! Telle est donc l'enseignement qu'on peut tirer de ce recueil de poésie bien construit et qui se lit aisément.


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