Une semaine après l'assassinat de l'ingénieur tunisien, Mohamed Zouari, à Sfax, plusieurs points douteux et autres zones d'ombre persistent encore en dépit des données exhaustives fournies par le ministre de l'Intérieur, lundi 19 décembre, lors d'une conférence de presse sur le drame, en plus de la reconnaissance par le mouvement palestinien Hamas quant à l'appartenance du défunt à son aile militaire « Ezzeddine al-Qassem ». Et même si officiellement aucune accusation directe et officielle n'a été adressée par les autorités tunisiennes, il va sans dire que les techniques utilisées dans l'exécution du crime et les péripéties de sa planification, dignes d'un film de science-fiction ainsi que le statut du défunt en tant qu'activiste, voire un chef au sein de Hamas responsable du programme de développement des drones dits « Ababil », versent, tous, dans l'hypothèse plus que probable de l'implication des services de renseignements israéliens du Mossad. Cette hypothèse est renforcée et corroborée par la présence d'un journaliste de la chaîne de télévision israélienne « 10 News » qui avait fait le voyage à Tunis et s'est rendu à Sfax sous l'identité d'un écrivain de nationalité allemande. Une parenthèse s'impose. Selon Me Lazhar Akremi, une boîte de production dirigée par Maher Abderrahmane et dont il est avocat avait porté plainte contre des sociétés de production et autres chaînes de télévision en activité illégale en Tunisie, dont notamment ladite chaîne israélienne. Mais après avoir gagné le procès en première instance, la Cour d'Appel avait donné raison à ces « boîtes » qui ont continué à agir, donc, en toute légalité. Et ce depuis 2013, soit sous le gouvernement de la Troïka ! A notre avis, et rien que sur ce point précis, une enquête devrait être ordonnée pour tirer au clair les circonstances ayant entouré ce jugement autorisant un média audiovisuel israélien d'avoir une activité officielle chez nous. En effet, on voit mal des prises de risques réels par cette chaîne israélienne si l'Etat sioniste n'est pas lié d'une manière directe, par le biais de ses services du Mossad, à ce crime. Mais, toujours est-il que les observateurs et experts en la amtière estiment que tout cela n'est pas suffisant pour lancer officiellement l'accusation contre Tel Aviv auprès des juridictions internationales ou de présenter un dossier de plainte auprès de l'Organisation des Nations Unies. Vaut mieux prévenir.... En attendant, il est urgent de prendre des mesures adéquates et efficaces en vue d'éviter un remake du scandale que la Tunisie vient de vivre dans le sens où on n'hésite pas de parler d'atteinte à la souveraineté nationale et à l'intégrité territoriale du pays. Le principal reproche imputé au système sécuritaire dans le pays, est cette défaillance au niveau des renseignements. Une défaillance reprochée, d'ailleurs, à l'ancien directeur général de la Sûreté nationale qui aurait négligé cet aspect dans la stratégie sécuritaire, plus précisément dans les régions intérieures du pays. Mais les temps n'étant pas, en ces heures graves, aux lamentations, tout le monde s'accorde à dire qu'il faut, plutôt, agir. Et c'est, justement, dans cet esprit, qu'un conseil ministériel restreint, présidé par le chef du gouvernement Youssef Chahed et tenu dans l'après-midi du 20 décembre courant, en présence des ministres de la Justice, de la Défense et de l'Intérieur ainsi que du directeur du cabinet présidentiel et de hauts cadres sécuritaires, a pris un train de mesures destinées à garantir davantage d'efficacité à notre système en la matière Parmi ces décisions, on citera, entre autres, la création, par décret, d'un Centre national de renseignements dont le projet a été préparé par la présidence de la République. Il aura pour principale mission de rassembler les informations, d'assurer la coordination entre les différents services et de définir les stratégies dans le domaine des renseignements. Autre décision, l'élaboration d'un projet de loi pour la lutte contre la cybercriminalité, surtout quand on sait que 90% des crimes terroristes sont planifiés et conçus à partir et à travers les réseaux sociaux. Il a été de même décidé la transformation de la direction des frontières et des étrangers en une direction générale et la mise en place des moyens nécessaires à sa disposition, tout en procédant à l'organisation du travail des sociétés de production audiovisuelle qui concoctent des programmes au profit des chaînes de télévision étrangères. Il était temps ! Encore faut-il que ces mesures soient mises en pratique dans les meilleurs délais, car il y va de la sécurité nationale, sans oublier que les critiques vont bon train, certains allant jusqu'à qualifier nos frontières de « véritable passoire » dont il faut mieux contrôler les accès car les probabilités d'exfiltration et de noyautage de certains services de sécurité ne sont pas à écarter. Or, outre ces volets à propos de l'urgence de la consolidation des services de renseignements, les observateurs soulèvent l'autre épineuse question touchant à la prolifération anarchique des associations de toutes sortes qui ont poussé comme des champignons après le 14 janvier 2011. En effet, dans l'état actuel des choses, on compte plus de 18 mille associations et organisations non gouvernementales. Normal disent certains, reste que pour une bonne partie de ces organisations c'est écran noir. On n'en sait rien sur leurs véritables champs d'activité, ce qui rend leur contrôle pratiquement impossible, sans parler de leurs financements qui restent indéterminés... Et pourtant, les autorités continuent à dormir sur leurs lauriers et n'ont pas entrepris, jusqu'à présent, une action sérieuse pour faire le ménage en la matière. On a parlé dernièrement de la suspension des activités de 150 associations. Une goutte d'eau..... Sachant que bon nombre d'entre elles jonglent avec les millions de dollars sans que l'on sache, la plupart du temps, la nature de leurs tractations financières, l'origine et la destination de ces sommes colossales... En tout état de cause, ce qu'il faudrait, surtout, selon les observateurs avertis, c'est une réelle volonté politique et une détermination à appliquer la loi à tous sans calculs étroits et sans complaisance aucune. Et si on lance, dans les plus brefs délais, ce Centre de renseignements sécuritaires et si on procède à un vaste nettoyage, en toute transparence, au sein de ce monde occulte des associations, on fera, alors, un pas de taille sur la bonne voie de la sécurisation du pays. Noureddine HLAOUI Quatre suspects en état d'arrestation L'affaire de l'assassinat de l'ingénieur Mohamed Zouari, jeudi dernier à Sfax, a pris une autre tournure : Au vu de l'avancement des investigations et des auditions des suspects, le dossier a été confié, lundi, au pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme et une commission rogatoire a été délivrée à l'unité nationale des enquêtes sur les crimes terroristes, relevant de la Direction générale de la Sûreté nationale d'El Gorjani, en vue de poursuivre l'enquête. Hier, mercredi, le juge d'instruction près le pôle judiciaire de lutte anti-terroriste, chargé de l'affaire, a émis des mandats de dépôt à l'encontre de trois personnes soupçonnées d'être impliquées dans cette affaire, dont la journaliste qui a interviewé Mohamed Zouari et qui a été arrêtée mardi. Selon le porte-parole du tribunal de première instance du pôle judicaire de lutte anti-terroriste, Sofiène Selliti, sept autres suspects ont été mis en liberté. Une information judiciaire avait été ordonnée mardi, par le ministère public à l'encontre de dix personnes suspectées. Celles-ci ont été interrogées mardi par le doyen des juges d'instruction et leur interrogation a commencé mardi après-midi à 16h00 pour se prolonger jusqu'à l'aube (4h00 du matin). Les suspects sont accusés de meurtre, complot contre la sûreté intérieure de l'Etat et de crimes terroristes. Par ailleurs, l'ARP tiendra demain, vendredi, une séance plénière consacrée à l'audition des ministres de l'Intérieur et des Affaires étrangères concernant ce dossier. Projet de loi sur la cybercriminalité A la suite de cette affaire, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a décidé, lors du Conseil ministériel restreint tenu mardi, l'élaboration d'un projet de loi sur la cybercriminalité, dans la mesure où 90% des crimes sont minutieusement planifiés sur les réseaux de communication, Chahed a également décidé la transformation de la Direction des frontières et des étrangers en une Direction générale, recommandant de mettre en œuvre tous les moyens à sa disposition. Le Conseil ministériel s'est penché également sur l'organisation du travail des sociétés de production audiovisuelles chargées des programmes au profit des chaînes T.V étrangères. Rappelons, à cet égard, que la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA),a regretté mardi, la présence de sociétés de production étrangères, sans autorisation en dépit de l'existence d'un cahier des charges. La HAICA a appelé, en conséquence, à suspendre toute activité audiovisuelle illégale et à mettre fin à ces pratiques. Notons que le chef du gouvernement avait décidé lors de ce même Conseil ministériel, l'installation d'un centre national de renseignements qui aura pour mission de collecter et d'analyser les informations et de coordonner les actions entre les différents services de renseignement. Ce Centre aura, notamment, pour mission, de définir la coopération internationale dans ce domaine et de mettre en place un plan national de renseignements. Il sera instauré en vertu d'un décret gouvernemental, lors du prochain Conseil des ministres. Le projet y afférent avait été élaboré par la présidence de la République et soumis à la présidence du gouvernement.