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« On vit de plus en plus par rapport au repère de la mort que de la vie »
Publié dans Le Temps le 22 - 12 - 2016

L'homme de théâtre Fathi Akkeri revendique un théâtre alternatif qui s'affranchit des canons esthétiques prédéfinis. Dépassant les conventions systématisées, Il demeure à la quête d'une nouvelle expression théâtrale subversive, par le truchement de différents types de langage scénique, linguistique, corporel, sensoriel... toujours à la conquête d'une géographie encore défrichée du corps du comédien, il tente de le cultiver afin de stipuler de nouvelles interprétations de ce corps, ses matérialisations, ses transcendances, ses reliefs, ses creux, ses pulsions, sa rigidité, sa mollesse, en expérimentant des modalités expressives médiatrices du sens et du non-sens...
Après la représentation au 4ème art de sa nouvelle pièce « Femmes...d'amour et de résistance », dramaturgie de Mériem Jlassi Akkeri, nous l'avons rencontré, pour parler du concept théâtre alternatif, de sa perception de l'esthétique théâtrale et du discours qu'il désire véhiculer à travers son théâtre. Interview.
Le Temps : Si le spectateur n'arrive pas à percevoir cette dimension invisible que vous jugez cruciale dans le spectacle ?
Fathi Akkeri : Il n'est pas obligé de la percevoir, mais il va sentir quelque chose, peut-être au niveau du discours, du jeu, etc. Il va réagir comme tout spectateur professionnel ou accidentel du théâtre. Il est de plus en plus évident que le spectacle a une particularité, il n'est pas populaire au sens facilité d'accès. Contrairement à Fadhel Jaibi, qui a emprunté de Vitez ou de Planchon le slogan « théâtre élitaire pour tous », moi, par provocation et subversion, je reprends à mon compte un théâtre populaire pour l'élite qui a fait faillite, qui a été vidée de l'époque de Ben Ali, et actuellement salie par l'émergence des « islamistes » et d'autres opportunistes.
Vous voulez dire peut être « envahie » parce qu'elle demeure inerte, ou carrément « Salie » ?
Ils sont même trop sales, ils ont la puanteur des valeurs, du comportemental, des principes, des attitudes, du négoce qu'ils font entre le politique et le culturel. Dans la pièce, le personnage Haifa dit: « il n'y a pas que les terroristes qui tuent, le politique tue, la rue et ses loisirs tuent, la famille tue et nous autres les artistes nous tuons aussi ». En fait, on vit de plus en plus par rapport au repère de la mort que de la vie, même si on prétend le contraire. La question de la mort existe de plus en plus en puissance, il y a comme des fractures en chacun de nous. Cependant, pour recoudre ou reconstituer, il n y a pas d'inteligencia, sauf quelques peu de personnes qui restent dans cette noblesse de l'âme. A titre d'exemple, avant, je respectais le penseur Hichem Jait qui me paraissait une chance pour la Tunisie. quand je l'ai vu se prononcer sur Marzouk, je me disais, il devait avoir ses raisons cachées tellement il n'était pas dans l'honnêteté. Donc il ne m'impose plus respect. Youssef Seddik lutte quand même pour rester dans une valeur de production de discours, et pour essayer d'atténuer contre cette force d'attaque de l'argent et de l'idéologie. Jusqu'à quel niveau ils sont enfoncés dans la boue ! je me rends compte que tout est fait, en Tunisie pour qu'il n'y ait pas de créateur, ceci nous vient de la classe politique, des critiques, du milieu culturel en terme mafieux, du peuple et de nous-même les artistes !
Quelle position avez-vous pris ?
J'avoue que je suis l'homme qui a couté le plus cher à l'Etat tunisien ! Dans ma formation, j'avais bénéficié d'environ la valeur de 4 bourses à l'étranger, et puis je suis le moins rentabilisé parce que je refuse de prendre des responsabilités politiques. je demeure sur scène, ou dans la formation. Figurez-vous que pendant le projet Femmes d'amour et de résistance, j'ai répété chez moi, sur une couverture et j'ai exploité les murs du salon. A la fin de chaque répétition, je plie la couverture, en fait, mon théâtre était pliable et non pas démontable.
Vous n'avez pas un espace pour répéter ?
Non ! pourtant les espaces existent, mais il faut payer un prix moral. Ce n'est pas mon cas, et je resterai sur mes principes, tant qu'il y a du sang dans mes veines, c'est une question de vie ou de mort !
Vous vous sentez abandonné ?
Ce n'est pas « abandonné » mais marginalisé ! on a poussé à la marge certaines personnes qui sont devenues marginaux. Mais, je préfère être à la marge et décentrer le centre qui devient à la marge ; c'est un jeu de molécule et d'atome que je joue avec le pouvoir ! c'est une partie d'échecs très forte ! Même si l'actuel ministre est très accueillant, très actif, à mon avis, tant que le ministère de la culture n'est pas un ministère de souveraineté, la culture ne changera pas dans ce pays. Il faudrait que sa place dans le conseil des ministres soit aussi importante que le ministère de la défense, de l'intérieur, des Affaires étrangères.
On vient de diminuer son budget
Justement ! tout le monde parle de l'importance de la culture et tout le monde fait le contraire ! Ce sont des gens qui sont dans la schizophrénie, le masque, la démagogie. dans leurs véritables profondeurs, ils sont des gens de pouvoir et d'intérêt, de positionnement dans la classe politique. c'est un jeu qu'ils jouent, et moi je déjoue ce jeu sur scène. Et à propos de dénonciation, je me rends compte que l'énonciation est plus efficace que la dénonciation.
Peut-on parler de crise du texte théâtral en Tunisie ?
Le théâtre tunisien n'existe pas. Le théâtre en Tunisie n'est qu'une complexité de crises, à tous les niveaux et pas seulement le texte parce que quand on parle de spectacle, il y a le locutoire, le texte dit et le texte du spectacle.
Dans la pièce, il y a le texte et l'intertexte, est-ce un choix esthétique de fusionner vos écrits avec d'autres textes références ?
Concernant le texte verbe, il est de notre histoire actuelle et il emprunte des références de plusieurs territoires, de la philosophie, de la littérature, de poésie et de pièces de théâtre, que j'intègre avec les textes que nous avons écrits. En fait, la fable apparente dans son sens aristotélicien, est le sujet d'une femme qui prend en main la mise en scène d'un texte écrit par son mari, qu'elle sollicite comme acteur et qui était metteur en scène. elle veut faire une mise en scène différente, alors il y a un conflit entre les deux. Ils se séparent, puis ils se réconcilient. ils continuent à réaliser la mise en scène engagée avant le conflit. A la fin, elle joue l'enceinte d'un clown, d'un théâtre.
Elle est enceinte d'un théâtre nouveau ?
En fait, je fais le deuil de ce spectacle, du théâtre du réel et du réalisme en particulier. j'ai envie de m'inscrire dans ce qu'on a connu aux années 80 comme théorie du chaos. j'essaierai dans le prochain spectacle qui s'intitulerait « Chaos » d'interroger la possibilité d'une esthétique de chaos, où je ferai le procès de la nécessité de la fable, de la nécessité de personnage et de puiser dans les nécessités d'aujourd'hui. J'interrogerai sur scène, l'existence de l'identité citoyenne, du savoir professionnel, l'acteur, la production de l'émotion, du sens et bien entendu le personnage, l'identité culturelle... C'est l'esthétique de destruction qui me motive actuellement. J'ai envie d'entrer dans ce labyrinthe le plus terrifiant qui est le vide de la scène. Dorénavant le spectacle pour moi, n'est pas forcément compréhensible, mais c'est un spectacle qu'on vit. Il devient une euphorie, un moment de vie, une fête sensorielle au niveau des sens et du sens.
Entretien conduit par


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