Il neige sur Aïn Draham depuis dimanche. Recouverte d'un manteau blanc, la petite ville du Nord-Ouest émerveille les regards et pourtant ! La situation est loin d'être idyllique. Elle est même alarmante. Les accès sont totalement condamnés. Les routes sont bloquées et près d'un millier de citoyens, venus en vacances, en randonnée ou en excursion scolaire, sont retenus sur les lieux depuis dimanche. De nouvelles tempêtes de neige sont attendues dans les jours qui viennent et la situation risque d'empirer. Selon le délégué d'Aïn Draham, la situation est préoccupante. Parce que la neige est rare chez nous et apprenant qu'elle sera au rendez-vous ce week-end sur les hauteurs du Nord-Ouest, de nombreux citoyens ont pris la route pour Aïn Draham samedi après midi ou dimanche matin. Nombreux ont été aussi les bus à prendre le départ de Tunis mais aussi de Nabeul, de Sousse ou encore de Sidi Bouzid. Comme prévu, de fortes tempêtes de neige se sont abattues sur la région, paralysant totalement la ville, bloquant tous ses accès. La circulation s'est complètement arrêtée et des files interminables de voitures ont occupé les routes. « Nous avons eu près de 800 véhicules et une soixantaine de bus à l'arrêt entre dimanche et hier et l'affluence ne cesse de croître » indique Taoufik Jallali, Délégué de Aïn Draham. Ajoutant: « Des centaines de personnes se sont retrouvées obligées de passer la nuit sur place. Nous avons ouvert les foyers des lycées de Khmir et de Aïn Draham mais aussi la salle couverte et la Maison de Jeunes pour pouvoir loger un maximum d'individus. Certains ont préféré passer la nuit dans leurs voitures. La situation est vraiment chaotique et nous courons vers la catastrophe si elle perdure puisque nous constatons d'ores et déjà une pénurie en aliments mais aussi en gaz et en cartes de recharge téléphoniques. Concernant la lenteur du déneigement, il affirme à ce propos : « Nous avons rencontré beaucoup de difficulté à entamer l'opération de déneigement d'abord parce que les équipements n'ont pu parvenir rapidement à destination à cause des longues files de voitures stationnées, mais aussi parce que les équipements disponibles ne sont pas suffisants. Il faut une intervention nationale d'urgence et de grands renforts pour débloquer la situation surtout que la neige ne va pas cesser de tomber durant les heures à venir. » Pluies et neige attendues Les prévisions météorologiques confirment les propos et les inquiétudes du Délégué puisqu'aucune amélioration climatique n'est attendue avant demain après midi. Interrogé à ce sujet, Abderrazak Rahal du service prévisions de l'Institut National de la Météorologie (INM) déclare : « Du dimanche au lundi, de fortes tempêtes de neige et des pluies intenses se sont abattues sur le Nord-Ouest. La neige a atteint les 55 cm par endroits et le niveau de la pluie à Jendouba est monté à 56 mm. Dans les régions montagneuses, les températures sont descendues en dessous de zéro et ont atteint les -3 degrés. Le temps froid va persister jusqu'à mercredi. Aujourd'hui, de nouvelles tempêtes de neige sont attendues sur les hauteurs dépassant les 400 m. Une certaine amélioration climatique sera enregistrée demain,au cours de la journée avant d'enregistrer de nouvelles perturbations dès vendredi. » Appel aux citoyens Lundi matin, la route reliant Babouche à Tabarka a pu être partiellement dégagée mais cela n'a pas été suffisant pour un rapide retour à la normale. Des centaines de citoyens sont encore bloqués sur place à l'heure actuelle. Une délégation ministérielle a été dépêchée sur place, chargée par le président du gouvernement de suivre en temps réel l'évolution de la situation et de trouver des solutions efficaces et rapides. Par ailleurs, la commission de suivi de la situation à Jendouba, réunie dimanche soir au palais de la Kasbah, ainsi que le gouvernorat de Jendouba, le ministère de l'Equipement et l'INM ont appelé les citoyens à ne plus se rendre à Aïn Draham en attendant le déblocage de la situation et l'accalmie des conditions climatiques. Aux dernières nouvelles, plusieurs voitures et bus ont pu quitter la région. La circulation ayant commencé à être débloquée à partir de 14 heures nous ont affirmé des tunisois de retour chez eux. Tout est donc bien qui fini bien.